Dans quelle mesure est-il possible d’investir dans le capital naturel?

Willem Schramade, Schroders

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Cinq points essentiels que j'ai retenus d'une récente discussion sur le capital naturel, un thème d'investissement de plus en plus important.

L’un des livres les plus fascinants que j’ai lus récemment est «L’invention de la nature» d’Andrea Wulf. Il s’agit du récit captivant de la vie de l’explorateur, naturaliste et géographe Alexander von Humboldt. Au cours de ses nombreux voyages, ce dernier a toujours été à la recherche de modèles et de connexions entre toutes formes de vie – reflet d’une vision globale du monde qui reconnaît que les systèmes ne fonctionnent pas isolément, mais au sein de systèmes plus grands.

Bien sûr, la plupart des gens savent que la nature est essentielle à la vie humaine. Ou, pour reprendre les mots de l’économiste Herman Daly: «L’économie est une filiale à part entière de l’environnement, et non l’inverse.» Pourtant, notre économie continue de fonctionner de manière à exploiter et à épuiser la nature à un degré tel que nous risquons de détruire la base.

Le caricaturiste Graeme Mackay visualisait cette image de manière assez saisissante ci-dessous.

 

La conclusion est claire: une action réparatrice est plus que nécessaire. Comme l’explique Peter Harrison, CEO de Schroders, dans son blog «Pourquoi nous devons rendre la nature accessible aux investisseurs», nous devons repenser notre relation avec la nature, et le secteur financier doit jouer son rôle.

Mais comment? Dans son blog, Peter Harrison explique l’approche de Schroders: «Nous nous sommes engagés à modifier le comportement vis-à-vis de la nature de chaque entreprise dans laquelle nous investissons; nous créerons de nouveaux produits d’investissement fondés sur la nature; et nous utiliserons notre offre de solutions pour orienter les capitaux vers des fonds nouveaux et existants. Ce faisant, nous aidons nos clients à avoir un impact positif tout en diversifiant leurs sources de rendement.»

De toute évidence, le processus n’est pas simple et ne se réalisera pas du jour au lendemain. Les nouveaux modèles et analyses d’investissement sont difficiles à appliquer avec les séries de données actuelles. Pourtant, il est urgent de relever ce défi et de ne pas attendre des réponses parfaites.

Le plan de Schroders pour la nature est disponible ici.

Mais quelles sont les implications pour les clients? Dans quelle mesure est-il possible d’investir dans le capital naturel? Cela fait-il partie des préoccupations des clients? Nous avons étudié ces questions au cours d’un panel que j’ai animé dans le cadre d’une conférence clients en mars.

Cinq points clés sont à retenir. Premièrement, le capital naturel est beaucoup plus important que les gens ne le pensent. Dans le premier paragraphe, j’ai mentionné que la répartition de la biodiversité était un problème plus important que le changement climatique. Afin d’illustrer ce point par chiffres, notons que la valeur annuelle des services écosystémiques est estimée à plus de 120 000 milliards de dollars, soit environ 50% de plus que le PIB mondial. Toutefois, comme l’a souligné Andy Howard, Responsable mondial de l’investissement durable de Schroders, les paiements pour les services écosystémiques sont 40 fois moins importants. Il existe donc un énorme écart entre la valeur et la valeur financière, qui peut être comblé en monétisant une plus grande proportion des services écosystémiques.

C’est ce qui est en train de se passer, sous l’impulsion de la réglementation qui incite les entreprises à tenter de compenser leurs externalités négatives, en investissant par exemple dans la reforestation. En fait, les entreprises évoluent plus rapidement que l’offre de nouveaux projets, comme Andrew Dreaneen, Responsable de la gestion alternative chez Schroders, l’a souligné au sein du panel. Il existe un besoin massif de développement de nouveaux projets.

Deuxièmement, la dimension sociale est extrêmement importante. Maria Teresa Zappia, Directrice générale adjointe de BlueOrchard et Responsable de la durabilité et de l’impact chez Schroders Capital, a expliqué qu’au moins 1,2 milliard de personnes dépendent fortement de la nature pour les trois quarts de leurs besoins fondamentaux.

Par ailleurs, Maria Teresa a souligné que la dimension sociale est également cruciale pour développer avec succès des projets de capital naturel. La définition des droits à la terre des communautés locales est généralement un élément essentiel. Souvent, en particulier sur les marchés émergents, ceux-ci ne sont pas clairement définis et peuvent nécessiter une participation active des ONG pour s’assurer que le régime foncier est formalisé avant la réalisation de tout projet de conservation. Lorsque les projets sont lancés, les communautés locales ont tendance à savoir mieux que les intervenants extérieurs comment protéger le capital naturel local.

 

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