Après 2022, annus horribilis, le repricing obligataire offre aujourd’hui de nombreuses opportunités.
Avec un rendement de 4,10%, le marché du crédit Investment Grade apparait très intéressant. Cependant, les entreprises sont confrontées à des défis liés à la transition énergétique, aux défis sociaux, à la digitalisation et à une économie moins favorable, qui nécessitent selon nous, sélection rigoureuse des émetteurs et intégration de critères extra-financiers.
Jamais de son histoire, le crédit de catégorie Investment Grade n’avait affiché de telles performances négatives en 2022, à savoir -13,94% pour l’indice ICE BofA Euro corporates. Les rendements sont passés de 0,60% début janvier à 4,10% aujourd’hui, ce qui est de bon augure pour les rendements futurs attendus. En effet, historiquement la corrélation entre le niveau de taux et le rendement futur annualisé sur 5 ans est de 83%. L’obligataire devrait séduire à nouveau les investisseurs. Selon nous, les évènements récents ne remettent pas en question l’attractivité de la classe d’actifs du crédit de bonne qualité. En outre, même si cette classe d’actifs reste sujette à une certaine volatilité, elle procure un coussin non négligeable en cas de récession.
Malgré une inflation toujours présente et un certain stress sur les valeurs bancaires, la zone euro semble sortir la tête de l’eau grâce aux supports fiscaux et aux efforts conjoints des entreprises et des ménages. La réouverture de l’économie chinoise, les plans de soutien à l’économie et la robustesse du marché du travail nous confortent dans un scenario de ralentissement de l’économie mondiale plutôt qu’un choc brutal. Dans ce contexte, les sociétés les plus cycliques et les plus endettées devraient être les plus touchées. Le taux de défaut devrait néanmoins rester modéré entre 3 et 4% à fin 2023 contre 2% à fin 2022.
Si nous pensons que 2023 offre de vraies opportunités d’investissement sur le marché obligataire avec des rendements attractifs, nous sommes également convaincus du fait que la dispersion s’accentuera. Le choix des émetteurs doit s’appuyer sur une étude approfondie de leur santé financière, de leurs performances opérationnelles et de leur génération de cash-flow.
La prise en compte des critères extra-financiers est également devenue incontournable. Les faillites bancaires récentes nous ont rappelé l’importance de la supervision, de la bonne gouvernance et de la sélectivité indépendamment des agences de notation ou de critères purement financiers. Selon notre analyse, la solidité des valeurs bancaires européennes reste de mise. Ceci se traduit par l’allocation au sein de nos portefeuilles dans lesquels nous privilégions les grandes institutions européennes, habituées aux tests de résistance à l'échelle de l'UE, à l’évaluation du risque climatique et soumises à une régulation accrue.
L’évaluation climatique, au cœur du verdissement du bilan de la banque centrale, est un soutien indéniable aux stratégies durables. Comme annoncé en octobre dernier, la BCE prendra en compte l’empreinte carbone des émetteurs mais également la qualité de leur communication environnementale et surtout leur ambition de décarbonisation. Les émetteurs les plus ambitieux et affichant la plus grande transparence seront favorisés au détriment des mauvais élèves. Le discours de Schnabel début janvier a également ouvert la porte à une possible accélération du verdissement du portefeuille d’actifs.
Dans ce contexte de forte dispersion, de corrélation entre risque financier et extra-financier et de verdissement du portefeuille de la BCE, il nous semble particulièrement opportun pour les investisseurs de se positionner sur le segment durable du crédit, et d’adopter une approche sélective des émetteurs. Notre expertise, qui vise à détenir 20% de green bonds d’ici 2025 et une empreinte carbone 30% inférieure à son indice de référence, est alignée avec les critères définis par la BCE. Notre stratégie de gestion Sustainable Euro Corporate combine conviction qualitative et intégration des enjeux spécifiques et sectoriels – autant d’éléments qui nous semblent adaptés à l’environnement actuel.