COVID-19: innovation et soins de santé

Andy Acker, Janus Henderson Investors

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Les progrès du secteur des soins de santé ont été mis en évidence pendant la pandémie de coronavirus, et l'intérêt des investisseurs pour le secteur pourrait perdurer.

La correction des actions suite à la propagation du virus a été exceptionnelle par sa rapidité et son ampleur, tous les secteurs ayant été touchés. Mais comme lors des précédentes crises, les soins de santé font preuve d'une certaine résilience. Par exemple, aux États-Unis, l'indice S&P 500 a chuté de -32% par rapport à son pic de février, alors que le secteur des soins de santé du S&P 500 n'a baissé que de -24% (au 20 mars 2020).1

Selon la sagesse populaire, les actions des soins de santé ont un profil défensif lors des périodes de contraction économique puisque la population continue de recourir aux soins médicaux quoi qu’il arrive. Cette fois, ce n'est pas la régularité du volume d'opérations chirurgicales ou de visites chez le médecin qui aide à soutenir les entreprises de santé. Au contraire, la distanciation sociale et la préparation de l’accueil d'une vague de patients atteints de coronavirus ont mis en sommeil nombre de ces activités courantes.

Les investisseurs privilégient plutôt les entreprises qui utilisent l'innovation pour développer activement des vaccins ou des traitements contre le COVID-19, tandis que les entreprises qui contribuent à faciliter les soins médicaux à distance marquent elles aussi des points. L'intérêt des investisseurs pour ces tendances s'est accéléré en raison de la crise, mais pourrait, selon nous, persister longtemps après la fin de la pandémie.

Performance des actions du secteur de la santé pendant la crise
Source: Données quotidiennes de Bloomberg, de l'indice S&P 500 et des indices des sous-secteurs du S&P 500 du 19 février 2020 au 20 mars 2020. Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures.
 
Utiliser les nouvelles technologies pour trouver
un nouvel usage à des médicaments anciens. 

La ruée vers le développement de traitements contre le SRAS-CoV-2, le virus à l’origine du COVID-19, a été remarquable tant par sa rapidité que par son ampleur mondiale. Jusqu'à présent, des dizaines d'entreprises, de groupes scientifiques et d'institutions aux États-Unis, en Europe, en Chine et au Japon ont annoncé qu’ils se mobilisaient pour lutter contre le nouveau coronavirus.

Une des démarches consiste à déterminer si les médicaments existants pourraient être efficaces contre le COVID-19. Un candidat qui fait beaucoup parler de lui est l'hydroxychloroquine (HCQ), un médicament générique utilisé depuis les années 1940 pour le paludisme. Dans une étude clinique réduite menée en France, le HCQ a considérablement raccourci l'évolution de la maladie chez les patients atteints de coronavirus à qui le médicament a été administré. La Chine et la Corée du Sud ont également inclus la HCQ dans leurs directives de traitement COVID-19. Des essais cliniques sont actuellement en cours afin de déterminer si le médicament peut donner des résultats de manière constante et sûre. Si les données sont confirmées, la HCQ pourrait avoir un impact énorme en contribuant à réduire le taux de mortalité des cas graves, à éliminer le virus plus rapidement (et à réduire sa propagation) et à fonctionner potentiellement comme un agent préventif pour les populations à haut risque, comme les médecins qui sont en première ligne.

Le développement des vaccins s'accélère

Dans l’intervalle, la recherche d'un vaccin progresse à un rythme effréné. En février, la société américaine de biotechnologie Moderna a annoncé que des tests allait commencer sur un vaccin potentiel, l'ARNm-1273. Le composé a été développé en un temps record - six semaines - en utilisant la plateforme technologique de l'acide ribonucléique messager (ARNm) de la firme, qui dirige l'ARNm d'une cellule pour produire des protéines de lutte contre la maladie. La société allemande BioNTech poursuit également une stratégie similaire basée sur l'ARNm en partenariat avec Pfizer. Parallèlement, plusieurs autres sociétés font rapidement progresser la recherche sur les vaccins et/ou lancent des essais cliniques.

Il est important de se rappeler que si un médicament ou un vaccin obtient l’autorisation de mise sur le marché, l'impact sur les résultats d'une entreprise dépendra de plusieurs facteurs, y compris la persistance du COVID-19. Le virus va-t-il disparaître, comme le SRAS, ou va-t-il réapparaître chaque année comme la grippe? Le virus de la grippe possède deux protéines clés à sa surface cellulaire qui ont tendance à se réassortir chaque année, ce qui rend difficile leur reconnaissance par notre système immunitaire et entraîne des épidémies tous les ans. En revanche, le coronavirus possède une protéine de surface clé et, jusqu'à présent, n'a pas subi de mutation significative. Nous pensons donc que le coronavirus est plus susceptible d'être un événement unique.

Aussi, nous restons sceptiques quant à la hausse rapide que certaines valeurs biotechnologiques ont connue récemment suite à leurs démarches pour s’attaquer au virus. À plus long terme, cependant, la crise du COVID-19 pourrait contribuer à attirer l'attention sur les plateformes de recherches de médicaments innovants, ce qui, à notre avis, pourrait amplifier l'intérêt des investisseurs dans ces domaines.

Des obstacles demeurent

Aussi encourageantes que soient ces avancées, il est important de conserver un peu de recul. Bien que la recherche progresse rapidement, les essais cliniques sur l'homme ne peuvent être précipités. Un vaccin doit être testé sur des milliers de patients pour prouver qu'il peut être sûr et efficace pour des millions de patients potentiels. Il est donc probable que nous n'aurons pas de vaccin pour l’ensemble de la population avant au moins 12 à 18 mois.

Entre-temps, le nombre de cas confirmés de COVID-19 augmente rapidement, une stricte distanciation sociale et des tests à grande échelle restant les meilleures solutions à court terme pour ralentir sa propagation. Les États-Unis ont effectué près de 290’000 tests de diagnostic, mais nous pensons que cela reste insuffisant.2 À notre avis, il faut soumettre la population à une vaste surveillance (pas seulement les patients très symptomatiques) et accélérer les délais de réponse - la plupart des patients exposés attendent encore des jours avant d’obtenir les résultats. Un test de réponse rapide mis au point par Cepheid, une entreprise détenue par Danaher, qui peut fournir un diagnostic sur le lieu de soins en 45 minutes, a récemment été approuvé, ce qui devrait se révéler très utile.

La distanciation sociale, pour sa part, a des ramifications économiques importantes, et nous prévoyons une récession sévère dans les mois à venir. Bien qu'assez résistantes, les entreprises du secteur de la santé ne seront pas complètement épargnées. Par exemple, les processus d’éligibilité sont de plus en plus souvent annulés, ce qui pèse au bout du compte sur les résultats des hôpitaux et des entreprises de technologie médicale. Pour les sociétés biopharmaceutiques, le lancement de nouveaux médicaments sera ralenti car les voyageurs médicaux ne peuvent pas entrer en contact direct avec les médecins. Enfin, les mesures visant à freiner la propagation du virus pourraient avoir un impact à court terme sur le recrutement pour les essais cliniques et retarder l'approbation de certains médicaments.

En d'autres termes, nous pensons que les investisseurs doivent s'attendre à la persistance de la volatilité dans les mois à venir. Toutefois, nous pensons aussi que la baisse rapide du cours des actions a créé des opportunités intéressantes. À plus long terme, nous pensons que l'effort d’innovation actuelle sans précédent du secteur, qui répond à des besoins médicaux non satisfaits, conduira à une belle croissance - un point qui, selon nous, est aujourd'hui conforté par la course mondiale pour trouver un remède contre le coronavirus.

1 Source: Bloomberg, données du 19 février 2020 au 20 mars 2020. Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures.
2 Source: Projet de suivi du COVID, au 24 mars 2020
 

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