Choisir un investissement en appliquant des considérations ESG semble sans doute plus évident lorsqu’il s’agit d’entreprises dont les activités peuvent avoir un lien direct avec les enjeux de pollution, de santé, ou de sécurité. Toutefois, il est également pertinent de tenir compte de critères ESG pour les investissements sur le marché monétaire, notamment des thèmes comme le changement climatique ou la transition énergétique.

Nous pensons que dans l’univers du marché monétaire, tout comme pour les autres classes d’actifs, les investisseurs attendent des entreprises qu’elles respectent leurs obligations sur le plan des droits humains et du travail, de la protection de l’environnement ou de la prévention contre la corruption partout où elles sont engagées. Les politiques de conduite responsable des affaires se doivent également d’être alignées sur les principes du Pacte Mondial des Nations Unies et les lignes directrices de l'OCDE pour les entreprises multinationales, ainsi que sur d'autres principes reconnus dans les secteurs investissables ou dans ceux exclus des portefeuilles.

Mettre en œuvre les règles ESG peut certes restreindre le choix des possibilités d’investissement et avoir une incidence sur le rendement d’un portefeuille, mais il est essentiel d’éviter les pratiques controversées et d’intégrer ainsi les aspects ESG dans son approche si l’on tient à assurer des rendements durables sur le long terme.

Dans sa politique de conduite responsable des affaires, BNPP AM écarte les émetteurs tels que les cigarettiers ou les compagnies exploitant le charbon thermique, même si cela peut avoir un effet limitatif sur les rendements à court terme. Notre politique en matière de charbon, par exemple, exclut les sociétés qui tirent 10% ou plus de leurs revenus du charbon thermique. Dans le vaste univers des placements monétaires, qui comprend près de 3100 émetteurs, plus de 2800 d’entre eux restent ainsi éligibles après cette première sélection.

Une politique de conduite responsable des affaires doit être vue comme un instrument essentiel de gestion des risques qui permet d’éviter les risques de réputation, de réglementation et d’actifs bloqués. Écarter les émetteurs ayant des liens avec des secteurs tels que le tabac, les armes controversées ou le pétrole et le gaz d’extraction non conventionnelle relève d’une saine gestion des risques. En outre, les émetteurs impliqués dans ces secteurs peuvent avoir des notations de crédit inférieures, affectant leur éligibilité en termes de constitution de portefeuille. Leurs émissions peuvent également être moins liquides, et donc moins attrayantes, compte tenu de la réticence des investisseurs à s’engager dans de tels secteurs.

L’univers des fonds monétaires de BNPP AM suit deux voies: les fonds monétaires intégrant des critères ESG et les fonds monétaires utilisant une sélection des meilleurs émetteurs de leur catégorie (fonds labellisés «ISR»).

Ainsi, tous nos fonds monétaires sont classés dans la catégorie Article 8 du ‘Règlement sur la divulgation des informations relatives à la finance durable’ (SFDR), qui exige une couverture extra-financière d’au minimum 90% des titres du portefeuille ou des actifs sous gestion. Les fonds dotés du label ISR ne visent pas seulement un meilleur score ESG que leur univers d'investissement, mais doivent également obtenir un score supérieur à celui de l'univers en question après déduction des 20% des émissions les moins performantes en termes de critères ESG.

Qu’est-ce que cela signifie pour l’univers d’investissement? Pour les fonds monétaires ESG, nous avons identifié plus de 380 émetteurs pouvant être considérés comme ayant une «qualité de crédit élevée» et pouvant être admis dans nos fonds monétaires. Pour les fonds monétaires labellisés ISR, le processus de sélection implique d’écarter dans chaque secteur les émetteurs ayant les pires scores ESG, ce qui donne finalement 280 émetteurs éligibles. Nous estimons que le coût d'opportunité de cette sélection est négligeable, à savoir un point de base de rendement annuel. En plus de ce critère d'exclusion, les fonds dotés du label ISR visent une meilleure empreinte CO2 et une plus grande diversité de genre par rapport à leur univers d'investissement.

Cela souligne notre conviction que l'intégration des critères ESG améliore les rendements ajustés au risque, même si, comme c'est le cas pour les fonds du marché monétaire, il pourrait y avoir un compromis entre le score ESG et le rendement. Mais un score plus élevé reflète souvent un risque plus faible, ce qui signifie une cote de crédit plus élevée en moyenne. Cela permet à l'émetteur d'emprunter à moindre coût sur le marché. Même avec cette relation inverse, il est possible d’obtenir des rendements supérieurs à ceux des indices de référence, ce qui confirme que l'intégration ESG ne se fait pas nécessairement au détriment de la performance.

Au-delà de l'intégration ESG et de la politique d'exclusion, une gestion active passant par l’engagement et le dialogue avec les émetteurs crée une plus-value pour les clients de fonds du marché monétaire. Concrètement, cela contribue à plaider en faveur d'une économie inclusive à faible émission de carbone, et d’encourager les acteurs concernés à améliorer leurs pratiques.