Comment financer la résilience au changement climatique

Alex Bernhardt, BNP Paribas Asset Management

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Si l’on veut réduire les risques physiques liés au changement climatique, il est nécessaire d’investir davantage dans des solutions résilientes et adaptées aux évolutions climatiques.

Les exemples récents d’événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique ne manquent pas: inondations catastrophiques en Allemagne et en Belgique, incendies de forêts dans le sud de l’Europe, aux États-Unis et en Australie, ‘dôme de chaleur’ en Amérique du Nord.  Les risques physiques liés aux changements climatiques se présentent sous deux aspects:

  • Risques chroniques – des températures en hausse constante affecteront de plus en plus sévèrement la productivité des sols et les populations qui en sont tributaires pour assurer leur subsistance; une pluviosité changeante amènera un stress hydrique dans des régions plus nombreuses; l’élévation du niveau des mers aura des répercussions sur les installations industrielles et les habitations situées dans des zones de faible altitude.
  • Risques aigus – probabilité accrue d’épisodes caniculaires extrêmes, d’incendies de forêts, de sécheresse et de tempêtes violentes.

Comment le secteur financier peut-il faire face à ces risques?

Élargir le marché de l’adaptation climatique

Il est essentiel d’avoir un marché plus important en matière de financement résilient et adapté au changement climatique, notamment parce que l’atmosphère terrestre fait déjà face à un réchauffement accru. Les flux financiers alloués aux efforts d’adaptation ont certes des effets bénéfiques bien documentés, avec un retour sur investissement estimé à USD 7,1 billions pour un investissement théorique global de USD 1.8 billions sur une période de 10 ans. Et pourtant, ils sont insuffisants – notamment de la part du secteur privé.

Il est prévu que les coûts liés à l’adaptation climatique pourraient atteindre jusqu’à USD 300 billions par an d’ici 2030, alors que durant la période 2017-2018, seuls USD 30 billions ont été investis dans ce domaine, dont seulement 1,6% provenant du secteur privé.

Parmi les solutions innovantes pour financer l’adaptation climatique figurent:

  • les obligations pour risque de catastrophe
  • les obligations pour impact environnemental
  • les obligations résilientes

Ces types d’investissements sont nécessaires pour compléter la gamme existante d’obligations vertes et/ou axées sur le climat, aujourd’hui principalement destinées à financer la réduction des effets du changement climatique.

Les obstacles à l’action

Investir par exemple dans la consolidation des bâtiments pour les rendre plus résistants aux événements météorologiques extrêmes apporte plusieurs bienfaits, y compris le fait de profiter d’une efficience énergétique accrue et de l’accès à des sources d’énergie alternative. Toutefois, des frais élevés, ainsi que la difficulté d’évaluer les rendements, peuvent conduire à ce que d’autres projets – bénéficiant de périodes de remboursement plus courtes ou mieux définies – soient privilégiés par rapport à ceux qui visent l’amélioration de la résilience climatique.

Une autre difficulté réside dans le fait que la majorité des infrastructures exposées aux risques liés au changement climatique sont des installations de propriété publique. En outre, les institutions publiques chargées de gérer ces infrastructures peuvent être surendettées ou ne pas posséder les capacités techniques requises pour planifier efficacement la résilience climatique.

Finalement, il est difficile de procéder à une évaluation des risques climatiques et d’intégrer les aspects climatiques aux analyses coûts-bénéfices conventionnelles en raison des nombreuses incertitudes relatives à l’impact du changement climatique.

Quelles sont les solutions?

Il est nécessaire d’améliorer, dans l’ensemble de la sphère financière, la qualité des communications se rapportant aux questions climatiques. Alors que de plus en plus d’organisations adhèrent aux principes de la «Taskforce on Climate-related Financial Disclosures (TCFD)», des efforts sont entrepris pour élaborer des directives et des normes, sur la base d’un éventail commun d’indicateurs, permettant de faire état des risques physiques et des opportunités découlant du changement climatique. Mais cela prendra encore un certain temps. Par ailleurs, un renforcement des compétences est nécessaire, notamment en raison des nombreux acteurs intervenant dans la mise en œuvre d’infrastructures pouvant résister au changement climatique.

La coopération, les interconnexions et l’élargissement du savoir, par exemple en matière d’urbanisme peuvent contribuer à créer un système financier résilient au changement climatique capable de soutenir ces communautés. Des écosystèmes pertinents pour la mission en question pourraient représenter une approche permettant de réunir les divers acteurs, et des partenariats publics-privés, ainsi qu’un financement mixte, sont susceptibles de jouer un rôle déterminant, en particulier dans les pays en voie de développement.

En associant ces approches à des techniques de financement innovantes, il est possible d’atteindre un niveau d’investissement permettant de générer des moyens suffisants pour limiter l’ampleur du changement climatique à venir ainsi que ses répercussions.