Aligner les obligations financières et climatiques

Iain Buckle & Rory Sandilands, Aegon Asset Management

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En général, plus la durée du prêt à une entreprise potentiellement confrontée à des risques climatiques est longue, plus l’entreprise est exposée à ces risques.

Les obligations d’entreprise à court terme, dont l’échéance est relativement proche, peuvent générer des rendements attrayants avec une exposition minimale aux taux d’intérêt, une faible volatilité du portefeuille et de bons niveaux de liquidité, tout en présentant un risque climatique relativement faible.

L’attrait envers les obligations à court terme de qualité

Les caractéristiques des obligations à court terme offrent la possibilité d’accéder à un segment à volatilité réduite, au sein du marché plus vaste des obligations de qualité «investment grade».

Les obligations «investment grade» à court terme peuvent offrir des rendements attrayants et relativement réguliers dans un contexte de rendements réels négatifs. En prenant un risque modeste en investissant dans des obligations d’entreprise à court terme de sociétés de bonne qualité, sans prendre de risque de taux d’intérêt supplémentaire (duration), on peut améliorer son rendement.

Les obligations à court terme de qualité offrent un rendement et une marge attrayants pour une faible duration

L’attrait des obligations à court terme repose sur une série de facteurs, dont notamment:

  • L’enregistrement à long terme générant des rendements intéressants ajustés aux risques
  • Des capacités de préservation du capital - une plus grande résistance aux événements négatifs liés à l’entreprise que les obligations à plus long terme.
  • Moins de sensibilité aux fluctuations des taux d’intérêt, car les rendements découlent du risque de crédit plutôt que du risque de duration.
  • Génération régulière de flux de trésorerie versés sous forme de revenus ou investis pour bénéficier d’autres opportunités.
  • Plus grande liquidité que leurs pairs à échéance plus longue, en raison de la fréquence élevée des obligations arrivant à échéance.

De plus, avec les obligations à court terme, il n’y a pas de sacrifice important en termes de rendement pour une réduction du risque climatique, ce qui est un avantage.

Évaluer le risque lié à la transition climatique

Il est essentiel de comprendre les risques potentiels liés aux flux de trésorerie des entreprises afin de préserver la nature conservatrice des obligations à court terme. La gestion active des risques ESG, y compris les risques liés au climat, devrait donc jouer un rôle important dans la prise de décision en matière d’investissement. Afin d’évaluer les risques liés au changement climatique pour les obligations, la recherche se concentre généralement sur les impacts potentiels des risques de transition et des risques physiques.

Lorsque l’on se concentre sur la transition, l’étape suivante de l’analyse des risques climatiques consiste à évaluer les ambitions, les performances et la gestion d’une entreprise en vue d’une émission nette zéro. Cela apporte une vision de l’état de préparation d’une entreprise à la transition et de son alignement sur la transition énergétique.

Une analyse plus approfondie doit être envisagée pour les émetteurs des secteurs considérés comme ayant une plus grande capacité à influencer la réalisation des objectifs climatiques mondiaux. Cette influence peut être directe, du fait de leurs émissions ou de leurs produits, par exemple le pétrole et le gaz ou les services publics, ou indirecte du fait de leur capacité à influencer les activités d’autres acteurs, par exemple les banques. Il est important de comprendre les problèmes auxquels sont confrontées les entreprises et d’adapter l’analyse climatique en conséquence.

Plutôt que d’exclure simplement les secteurs à forte influence, ce genre de recherche peut aider à identifier et à soutenir les entreprises qui ont des plans solides et crédibles de transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Par ailleurs, la conception du cadre de recherche peut être compatible avec des initiatives climatiques externes telles que la Net-Zero Asset Owner Alliance et la Paris Aligned Investment Initiative, tandis qu’un engagement actif complémentaire peut jouer un rôle important en encourageant des objectifs plus agressifs en matière de climat et en contribuant à améliorer la qualité des informations communiquées.

Maturité des obligations et risques climatiques

L’analyse et les décisions prises concernant les risques climatiques peuvent varier de manière significative en fonction de la maturité d’une obligation individuelle. Avec des obligations de courte durée, les investisseurs sont beaucoup moins exposés à une détérioration de la qualité du crédit liée au climat au cours de leur vie.

Bien que nous puissions potentiellement identifier les risques climatiques aujourd’hui, il faut beaucoup de temps pour qu’ils aient un impact significatif sur le profil de crédit d’une entreprise. En général, plus la durée du prêt à une entreprise potentiellement confrontée à des risques climatiques est longue, plus l’entreprise est exposée à ces risques. Par conséquent, pour les détenteurs d’obligations à long terme, il est essentiel d’analyser et de comprendre les risques liés au changement climatique.

Si l’on compare une obligation dans le secteur du pétrole et du gaz à une obligation dans le secteur de la consommation ayant une notation similaire, cette dernière présente généralement un risque de transition climatique plus faible. Sur le segment court du marché (moins de quatre ans), il y a peu de différence entre les rendements des deux obligations, alors que pour les obligations à plus long terme émises par les mêmes sociétés, l’écart s’accroît de manière significative.

Cela signifie que le rendement supplémentaire ou la prime que la société pétrolière et gazière doit payer augmente considérablement à mesure que l’on s’éloigne de l’échéance, ce qui indique que le risque climatique de ce secteur est susceptible d’être intégré dans les obligations à plus long terme de ces sociétés. Mais inversement, la faible différence entre ces émetteurs respectifs à court terme indique que le risque de transition n’est pas pris en compte.

Pour conclure

Il est possible de construire un portefeuille d’obligations d’entreprise à court terme axé sur la transition climatique sans sacrifier le rendement attendu. Plutôt que d’exclure simplement les entreprises dont les émissions de carbone sont plus élevées ou qui appartiennent à des secteurs plus influents, les portefeuilles peuvent être construits pour investir dans les entreprises qui ont des plans solides et crédibles de transition vers une économie à faible émission de carbone et qui sont donc mieux alignées sur les objectifs de zéro net des investisseurs. Cette approche est potentiellement intéressante pour les investisseurs, car les pressions réglementaires, sociétales et d’investissement conduisent à une plus grande prise de conscience des risques liés au climat.