Actualité de la stratégie «acheter la faiblesse»

Christian Gattiker-Ericsson, Julius Baer

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«Acheter la faiblesse» est prometteur, encore faut-il avoir les nerfs de le faire. Se lancer progressivement est une solution.

L’année 2021 illustre bien les inconvénients de la stratégie d’achat de la faiblesse. Durant les huit premiers mois, les marchés d’actions n’ont pas vraiment accusé de faiblesse de laquelle profiter, si bien que les investisseurs sont passés à côté du meilleur de la hausse jusqu’à la fin de l’été. Et quand la faiblesse était là, c’était pour une bonne raison. À la première vague d’achats enthousiastes a succédé l’affolement: et si cette faiblesse correspondait plutôt à une vraie correction (de 10% et plus)? Voire à une baisse cyclique (-20%)? Pire, à une baisse durable (aucun bénéfice pendant dix ans et plus)?

Le simple fait d’évoquer cette éventualité donne des sueurs froides. Mais faisons abstraction de l’univers émotionnel et concentrons-nous sur les données disponibles. On voit alors clairement que maintenir ses investissements fait ses preuves. La règle? Investir dès que l’on dispose d’un excès de liquidités – tout ou par échelonnement. Et lorsque les cours d’actifs à risque s’enflamment, on revend jusqu’à retrouver l’équilibre souhaité. D’ailleurs, c’est peut-être mieux de confier à autrui la mise en œuvre de cette stratégie.

Revenons-en à la situation actuelle: nous sommes bien évidemment conscients que la période est moins sûre. Nous rétrogradons nos prévisions de croissance pour la Chine et revoyons à la baisse les taux d’intérêt attendus du côté des emprunts d’État américains. Malgré tout, nous tablons sur la robustesse de l’économie chinoise en 2022 et sur l’ajustement des taux d’intérêt américains à la conjoncture, c.-à-d. sur leur hausse, mais moins forte qu’escomptée en début d’année. «Acheter la faiblesse» peut être une bonne stratégie en temps normal, mais l’heure est venue de tout placer. Les investisseurs font une fixation sur les mauvaises nouvelles: sur la distorsion des chaînes d’approvisionnement, sur les interventions de la politique, sur les pénuries énergétiques... Dans ce contexte de pandémie, les bonnes nouvelles se perdent. Pour nous, c’est une occasion propice à l’achat d’actifs risqués.