2023: quid du crédit privé?

Barings

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Adam Wheeler, co-responsable de la plateforme Global Private Finance chez Barings.

Dans cette interview, Adam Wheeler explique comment le contexte actuel difficile impacte le crédit privé.

Quels sont les principaux défis du marché de la dette privée et quelles sont les dynamiques qui façonnent le marché intermédiaire aujourd'hui?

La capacité de résistance des portefeuilles est l’une des questions cruciales du moment. Alors que les performances des gérants se ressemblent souvent pendant les périodes fastes, je pense que cette année nous allons assister – au fur et à mesure que les défis se matérialiseront dans les portefeuilles – à une différenciation beaucoup plus grande des performances. En effet, aucun portefeuille n'est identique, chaque gestionnaire choisit des actifs différents et, de fait, les profils de risque sont également différents.

En termes de dynamique du marché, suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie et apres que les nouvelles émissions ont été entièrement stoppées, les fonds de private equity se sont tournés vers les prêts directs pour financer la dette. Alors que les coûts n'ont pas beaucoup évolué au départ, nous assistons aujourd'hui à une véritable réévaluation du risque et, parallèlement, à une modification des conditions et de l'effet de levier pour s'adapter aux conditions de marché actuelles.

La prime qui découle du risque d'illiquidité par rapport aux emprunts liquides constitue clairement un des avantages du crédit privé. Mais les récentes baisses des marchés ont désormais induit une certaine parité de rendement entre les actifs publics et les actifs privés. Pourquoi, dès lors, investir aujourd'hui dans le crédit privé plutôt que d'attendre que cette dynamique s’inverse?

Les portefeuilles de crédit privé se construisent dans le temps, avec pour objectif d'obtenir un rendement constant à travers l'ensemble du cycle économique. Le but ultime étant d'éviter les pertes. Cette classe d'actifs est déterminée par la performance fondamentale plutôt que par des facteurs techniques, contrairement aux marchés publics. Alors que les prix, l'effet de levier et les conditions s'améliorent, des clauses restrictives apparaissent dans les contrats d’octroi de prêt. Ces conditions devraient se maintenir pendant la durée de toutes les transactions dans lesquelles nous investissons en ce moment, nous nous attendons de fait à enregistrer une surperformance à un horizon de 1 à 3 ans.

Le marché du crédit privé se distingue du marché public dans la mesure où les prêts ne peuvent pas être négociés en bourse ou provenir d’un ou deux sites centralisés. En effet, la plupart des transactions dans cet espace sont obtenues par le biais d'investisseurs privés et négociées directement avec le promoteur ou la société émettrice. Il est par conséquent essentiel de disposer d'une solide plateforme d'origination ou d'approvisionnement pour avoir accès aux flux d'affaires les plus intéressants et convertir ensuite ces opportunités en investissements. Il s'agit également d'une classe d'actifs "buy-and-hold", ce qui signifie que la possibilité de vendre une position est limitée, voire inexistante. Pour ces raisons, nous nous concentrons sur l'investissement dans des sociétés qui, selon nous, sont pertinentes à tous les stades d'un cycle et nous adoptons une approche assez conservatrice en matière d’allocation du capital. Nous construisons également des portefeuilles sur la base de chaque transaction, ce qui signifie que nous pouvons également être très diversifiés.

Compte tenu de l’évolution radicale des taux depuis un an – qui a eu des conséquences importantes pour les emprunteurs, comment abordez-vous le marché?

Nous avons commencé à constater une sous-performance du private equity qui vient confirmer le transfert de rendement du private equity vers le crédit. Le crédit privé devrait bénéficier de la hausse des taux, mais la clé résidera dans la sélection des actifs et dans la capacité d’éviter les pertes. Les quatre à huit prochains mois vont être intéressants – l’environnement externe sera difficile, probablement caractérisé par un ralentissement de la demande, une érosion des marges, une diminution des flux de trésorerie et une diminution de la rentabilité. À notre avis, cela ouvre la voie à une réévaluation des multiples d'entreprises en termes de capitaux propres, ce que nous n'avons pas encore vu pour le moment.

Cela dit, nous nous attendons à ce que de nombreuses sociétés de private equity apportent un soutien financier à leurs transactions, à leurs entreprises. Les gestionnaires, dont nous faisons partie, doivent également être en mesure de choisir les bonnes entreprises - ils doivent être prêts et capables de prendre le contrôle de ces entreprises si elles sont moins performantes, de les gérer afin de les aider relever leurs défis, et finalement de les vendre pour obtenir une plus-value.

 

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