«Vote et engagement, piliers essentiels de l’investissement durable»

Candriam

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L’investissement ne peut être véritablement durable sans pratiques de vote et d’engagement. Entretien de Wim Van Hyfte, Global Head of ESG Investments and Research.

Lors de la délégation à des gestionnaires d’actifs, les investisseurs ont intérêt à se pencher sur la qualité de leurs politiques en la matière, parallèlement à celle de l’analyse financière et extrafinancière. Interview de Wim Van Hyfte, Global Head of ESG Investments and Research.

Pourquoi le vote et l’engagement sont-ils parties prenantes de l’investissement responsable?

L’investissement durable ne peut être réduit à des choix binaires entre émetteurs durables et non durables. Il consiste également à accompagner les émetteurs dans l’amélioration de leurs pratiques environnementales et sociales. Être un investisseur actif en exerçant son influence, notamment à travers le vote et l’engagement, est essentiel pour atténuer les risques, répondre aux défis de la durabilité, contribuer à l’alignement sur la réglementation, notamment sur le principe de double matérialité du règlement SFDR, mais aussi améliorer la création de valeur à long terme. Toutefois, pour être efficaces, ces deux activités exigent beaucoup de temps et de ressources. La plupart des investisseurs choisissent donc de les déléguer à leurs gestionnaires d’actifs ou à des prestataires externes spécialisés.

Quelle est l’importance d’exercer son droit de vote?

Le vote est souvent la première et la plus élémentaire des actions qu’un actionnaire ou son gestionnaire d’actifs peut entreprendre avant de s’engager. Lors du vote d’une résolution, il s’agit d’examiner les pratiques actuelles de l’entreprise sur le sujet ainsi que ses éventuels arguments contre la résolution. La matérialité du sujet, la faisabilité et le coût de la mise en œuvre de la résolution doivent également être évalués.

Quelle est la complémentarité de l’engagement?

L’engagement, c’est-à-dire les interactions entre l’investisseur et les émetteurs investis, peut prendre la forme d’un dialogue direct ou d’une participation à des initiatives de collaboration avec d’autres investisseurs. Il permet d’influencer les pratiques des entreprises sur les questions ESG, de soutenir la prise de décision en matière d’investissement, mais également d’encourager une meilleure divulgation des données ESG. Mais pour être afin d’envoyer un message cohérent à l’émetteur et ainsi se renforcer mutuellement. Par exemple, si un émetteur a été engagé dans une controverse importante, sa réponse doit être prise en compte aux prochaines assemblées. Par ailleurs, les experts en vote et en engagement doivent collaborer avec les gestionnaires et les analystes pour optimiser les processus d’investissement. L’engagement et le vote, dans leurs différentes incarnations, peuvent permettre aux investisseurs de jouer un rôle actif dans l’accompagnement de la transition vers un monde plus durable et juste, en intervenant de manière concrète auprès des émetteurs investis sur des thématiques structurelles et d’actualité.

Comment s’assurer de bonnes pratiques lors d’une délégation?

Avant de déléguer son pouvoir de vote, l’investisseur doit s’assurer de bien comprendre la politique du gestionnaire d’actifs en la matière, mais également qu’elle reflète pleinement ses opinions et ses objectifs. L’analyse de la participation passée aux assemblées générales et des rationnels de vote du gestionnaire d’actifs, notamment lorsqu’il s’exprime contre le management, permet aussi d’évaluer si cette politique est véritablement active et engagée. L’engagement, pour être efficace, nécessite des ressources spécialisées et prend du temps. L’investisseur doit donc vérifier que le tiers a la capacité de surveiller les émetteurs sur les questions pertinentes et qu’il dispose de l’expertise ESG approfondie nécessaire pour évaluer la matérialité de ces questions. L’investisseur doit aussi examiner l’articulation de ces différentes pratiques.