«Good COP or bad COP?» – Ce qu’il faut attendre de la COP26

Vicki Bakhshi, BMO Global Asset Management

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Vicki Bakhshi, directrice, stratège climatique chez BMO GAM, présente les principaux domaines d’action et leurs chances de réussite.

Alors que les dirigeants du monde entier sont réunis à Glasgow pour les négociations climatiques de la COP26, l’urgence d’agir est plus évidente que jamais. Le Royaume-Uni, qui préside la COP de cette année, a confirmé à l’Assemblée générale des Nations Unies, le mois dernier, l’objectif prioritaire consistant à plafonner la hausse des températures à 1,5 degré. Boris Johnson a identifié quatre domaines clés à cet égard: le charbon, les voitures, l’argent et les arbres.

1. limiter l’augmentation à 1,5 degré

La COP26 limitera-t-elle l’augmentation de la température? Jusqu’à présent, 113 pays ont déjà soumis leurs CDN, nouveaux ou mis à jour, avant la réunion. Certains pays sont plus ambitieux, notamment le Royaume-Uni, qui s’est engagé à réduire ses émissions de 68% par rapport aux niveaux de 1990, l’UE, qui s’est fixé un objectif de 55%, et les États-Unis, qui ont également rejoint l’accord de Paris et se sont fixé un objectif de 50 à 52% par rapport aux niveaux de 2005. D’autres plans, en revanche, déçoivent, comme celui de l’Australie, dont les objectifs restent peu ambitieux.

Mais nous devons tout de même garder un œil sur certains pays importants. Au moment de la rédaction de ce rapport, nous attendons toujours les plans actualisés des plus grands et troisièmes émetteurs mondiaux – la Chine et l’Inde.

L’«article 6» – une clause de l’accord de Paris qui permet l’échange de droits d’émission entre les pays – est également en discussion. Les échanges entre pays ayant adopté des mesures de réduction des émissions de carbone coûteuses, respectivement moins coûteuses, pourraient rendre la réalisation du «zéro net» plus efficace sur le plan économique. Dans la pratique, la mise en œuvre a été entravée par des problèmes de crédibilité et de transparence en matière d’environnement. Lors de la COP26, une nouvelle tentative sera faite pour surmonter ces obstacles.

Prédiction de BMO GAM: une certaine ambition est probable, mais les engagements seront loin de correspondre à ce qui est nécessaire pour rester à 1,5 degré.

2. Engagement à éliminer progressivement la production d’électricité à partir du charbon

En juin, les pays du G7 se sont engagés à mettre au point des technologies et des mesures visant à éliminer progressivement la production d’électricité à partir du charbon et à mettre un terme à tout financement public des centrales électriques au charbon dans le pays et à l’étranger. 41 gouvernements nationaux soutiennent désormais l’alliance «Powering Past Coal», qui appelle à l’abandon complet de la production d’électricité à partir du charbon d’ici 2030 pour les pays industrialisés et d’ici 2050 pour les économies émergentes. Toutefois, cela reste un domaine difficile pour des pays comme la Chine et l’Inde, qui sont encore fortement dépendants du charbon.

En septembre, le président Xi Jinping a annoncé que la Chine ne financerait plus de projets de centrales électriques au charbon à l’étranger. Cependant, le pays est resté muet sur ses engagements nationaux. Le charbon restera une question prioritaire et les négociateurs feront pression pour obtenir de nouveaux progrès.

Prédiction de BMO GAM: attendez-vous à de nouvelles annonces nationales, mais un accord mondial complet sur l’élimination progressive du charbon est encore loin d’être conclu.

3. Argent liquide – 100 milliards de dollars par an pour le financement du climat

La pandémie de Covid 19 s’avère être un vent contraire en termes de budgets d’aide internationale. La promesse du président Biden de doubler le financement de la lutte contre le changement climatique pour le porter à plus de 11 milliards de dollars par an d’ici 2024 a constitué une avancée significative. Au niveau diplomatique, il ne fait aucun doute qu’il est essentiel de tenir cet engagement envers des acteurs clés tels que l’Inde, ainsi qu’envers des groupements tels que les petits États insulaires en développement - un groupe de pays qui subissent les effets les plus graves du changement climatique. Dans cette optique, les pays en développement feront tout leur possible pour atteindre cet objectif.

Les négociations devraient également commencer sur ce qui suivra après que l’objectif de 100 milliards de dollars aura été atteint. Pour les pays en développement, le coût de l’adaptation au changement climatique atteindra entre 140 et 300 milliards de dollars d’ici à 20301, et l’augmentation des investissements dans les énergies propres nécessaire pour atteindre l’objectif de zéro émission nette se chiffrera en billions. Si une grande partie du coût devra être supportée par le secteur privé, certaines dépenses publiques sont inévitables et les pays en développement s’attendront à un soutien accru au fur et à mesure que les coûts augmenteront.

Prédiction de BMO GAM: bonnes chances de mise en œuvre; le niveau des engagements financiers futurs pourrait être une question sensible.

4. Voitures – Toutes les nouvelles voitures devraient être exemptes d’émissions d’ici 2040

Le rapport de l’Agence internationale de l’énergie sur le respect de la limite de 1,5 degré montre que 60% des ventes de nouvelles voitures devraient être électriques d’ici à 2030 pour rester dans la course. Le Royaume-Uni a même demandé que cette proportion soit portée à 100% d’ici 2040. Toutefois, une analyse réalisée par la 2° Investing Initiative au début de l’année a révélé que, sur la base des stratégies actuelles des constructeurs automobiles, seuls 4% environ des voitures vendues dans le monde seront électriques en 2025 et 8% supplémentaires seront des véhicules hybrides2.

Pour accélérer le changement, il faudra donc des réglementations plus strictes, comme celle du Royaume-Uni qui prévoit d’éliminer progressivement la vente de nouveaux véhicules à essence et diesel d’ici à 2030, ainsi que des investissements rapides dans les infrastructures de recharge électrique.

Avec une flotte de véhicules électriques au sommet de la COP26, qui transportera les chefs d’État et de gouvernement, il s’agira d’une question très visible, mais où il est difficile de voir de la place pour des engagements mondiaux harmonisés.

Prédiction de BMO GAM: il est possible que les gouvernements individuels prennent des mesures, mais les chances d’un consensus international sont minces.

5. Arbres – Arrêter et inverser la déforestation et la perte de biodiversité d’ici à 2030

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO3), la déforestation mondiale a ralenti au cours des trois dernières décennies, mais nous perdons encore environ 10 millions d’hectares de forêt par an, contre 16 millions dans les années 1990. La principale cause de cette situation est la conversion en terres agricoles. Pour atteindre l’objectif de l’arrêt complet de la déforestation d’ici 2030, le rythme des améliorations doit s’accélérer de manière spectaculaire. Le boisement joue également un rôle potentiellement important dans la lutte contre le changement climatique, car les arbres absorbent le CO2 de l’atmosphère. Ces types d’»émissions négatives», c’est-à-dire de réductions des gaz à effet de serre, sont essentiels pour atteindre l’objectif de 1,5 degré. La COP15 de l’année prochaine – l’équivalent pour la biodiversité de la COP sur le climat – soulignera également l’importance d’éviter les impacts négatifs involontaires sur la biodiversité lors de l’adoption de mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Prédiction de BMO GAM: bonnes perspectives pour un engagement de haut niveau, mais des problèmes de mise en œuvre pratique risquent de subsister.

6. «Race to Zero» – action accélérée des villes, des régions, des entreprises et des investisseurs

Les négociations officielles progressent, mais l’action du gouvernement ne suffit pas. Comme le montre l’objectif de la COP26, à savoir «réaliser ensemble», des mesures doivent être prises dans tous les secteurs de la société et de l’économie pour assurer la transition vers un monde à faibles émissions de carbone.

Les entreprises, les investisseurs et la société civile sont attendus à Glasgow pour faire pression sur les gouvernements présents afin d’obtenir un résultat ambitieux. Et nous pouvons d’ores et déjà affirmer que la COP26 a réussi à inciter le secteur privé à agir.

La prédiction de BMO GAM: des engagements significatifs du secteur privé permettront de faire pression sur les gouvernements.

Vicki Bakhshi, directrice, stratège climatique, Investissement responsable chez BMO Global Asset Management, commente: «Il est facile d’être pessimiste à propos de la COP26 étant donné l’ampleur de l’écart entre les émissions, mais le sommet s’est déjà avéré être un catalyseur pour un niveau d’ambition plus élevé de la part des gouvernements individuels et des entreprises. La poursuite des progrès dépendra de la capacité des équipes de négociation à trouver les bons leviers pour pousser les gouvernements à prendre de nouvelles mesures, non seulement en fixant des objectifs lointains, mais aussi en mettant concrètement en œuvre des actions au niveau national, y compris la question clé du financement du climat.

«Le résultat de la COP26 ne sera pas un simple morceau de papier, mais un ensemble d’engagements. Le succès ou l’échec sera donc mesuré en fonction de leur caractère convaincant lorsqu’ils seront pris dans leur ensemble. Le succès de la COP26 dépendra également de l’ambiance qui régnera autour de la réunion, des facteurs tels que la couverture médiatique et les manifestations de la société civile jouant un rôle. Nous assisterons à la réunion de la COP26 et suivrons de près les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs.»

 

 
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