USA: face à l’inflation, la Fed contre-attaque avec une nouvelle hausse des taux de 75 pb

AWP

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La Réserve fédérale est «fermement résolue à ramener l’inflation à 2% et le restera jusqu’à ce que le travail soit fait», martèle le président Powell.

La banque centrale américaine (Fed) a donné un nouveau fort tour de vis à sa politique monétaire mercredi, face à une inflation toujours bien trop forte, et a averti qu’il lui faudrait resserrer encore, ce qui sera douloureux pour les ménages.

La puissante Réserve fédérale américaine a relevé de trois quarts de point de pourcentage son principal taux directeur, qui s’établit désormais dans une fourchette de 3,00 à 3,25%.

C’est la troisième fois d’affilée que le comité de politique monétaire (FOMC), organe de décision de la Fed, procède à une hausse de cette ampleur. Elle avait commencé en mars par un relèvement habituel d’un quart de point, avant une hausse d’un demi-point en mai.

Et le mouvement devrait continuer en 2022, jusqu’à faire monter le taux directeur d’encore un point de pourcentage.

Car la Fed est «fermement résolue à ramener l’inflation à 2% et le restera jusqu’à ce que le travail soit fait», a martelé son président, Jerome Powell, mercredi lors d’une conférence de presse. Il a même alerté sur les risques qui pourraient être posés par «un assouplissement prématuré de la politique» monétaire.

Relever le taux directeur fait augmenter les taux d’intérêts des divers prêts aux particuliers et professionnels, afin de faire ralentir l’activité économique, et donc de desserrer la pression sur les prix.

«Nous devons réaligner l’offre et la demande. Et notre moyen pour le faire est de ralentir l’économie», a ainsi expliqué Jerome Powell.

Les taux des prêts immobiliers, par exemple, ont ainsi grimpé depuis le début de l’année, et viennent de dépasser les 6% pour un prêt sur 30 ans, pour la première fois depuis 2008. Cela fait baisser les ventes dans ce secteur qui avait affiché une bonne santé insolente depuis le début de la pandémie.

Pas de moyen «indolore» face à l’inflation

Mais ramener l’inflation dans les clous ne sera pas indolore, a encore prévenu le président de l’institution.

«Si nous voulons retrouver une période de marché du travail très solide, nous devons laisser l’inflation derrière nous. J’aimerais qu’il existe un moyen indolore de le faire mais ce n’est pas le cas», a expliqué M. Powell.

Ainsi, la Fed, qui a également actualisé ses prévisions pour l’économie américaine, prévoit désormais une croissance du PIB quasi-nulle en 2022 (+0,2%), quand elle tablait, en juin, sur +1,7%. Elle la voit rebondir ensuite à 1,2% en 2023, moins fort cependant que la croissance de 1,7% qu’elle attendait en juin pour l’année prochaine.

Les prévisions d’inflation, en revanche, restent proches de ce qui était attendu en juin : 5,4% en 2022 (contre 5,2%) pour l’inflation PCE, avant de fortement ralentir en 2023, à 2,8% (contre 2,6% précédemment).

La Fed privilégie cet indice d’inflation, qui s’est établi à 6,3% sur un an en juillet, selon le plus récent chiffre disponible, à l’indice CPI, qui fait référence pour l’indexation des retraites notamment. Celui-ci a, certes, ralenti en août aux États-Unis, grâce à la baisse des prix de l’essence, mais, à 8,3% sur un an en août, a montré une pression toujours très forte sur les prix, avec une inflation généralisée.

Hausse du chômage

Ce ralentissement volontaire de l’économie est très délicat, car un trop grand coup de frein peut faire basculer les États-Unis dans la récession qui, d’ores et déjà, plane sur l’ensemble de l’économie mondiale.

L’excellente santé du marché du travail offre toutefois à la Fed des marges pour agir de façon agressive.

Le taux de chômage actuel, de 3,7%, est l’un des plus bas des 50 dernières années, et il n’y a pas assez de travailleurs pour occuper tous les postes vacants. La Fed s’attend à ce qu’il augmente, à 3,8% en moyenne en 2022 (3,7% précédemment anticipés), puis à 4,4% en 2023 (contre 3,9% anticipés en juin).

Laisser l’inflation s’ancrer impliquerait cependant des mesures encore plus douloureuses pour les ménages et entreprises, comme ce fut le cas il y a 40 ans, après des années de flambée des prix frôlant parfois les 15%.

La banque centrale américaine, comme ses homologues partout dans le monde, tente de juguler une inflation provoquée par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement liées au Covid-19, et exacerbée par la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation avec la guerre en Ukraine.

Elles sont nombreuses à se réunir cette semaine, notamment, jeudi, la banque d’Angleterre (BoE) et celle du Japon (BoJ). Mardi, la banque de Suède, la Riksbank, avait créé la surprise avec une hausse inédite d’un point.

Début septembre, la Banque centrale européenne (BCE) avait relevé ses taux de trois quarts de point de pourcentage, du jamais-vu.

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