Au service de la première épargne des Suisses

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

La plateforme romande de prévoyance «lemania – pension hub» atteint une étape décisive. Entretien avec son fondateur, Alexandre Michellod.

 

Lancée en mai, la plateforme romande de la prévoyance née de l’initiative de la Banque Gonet & Cie change d’échelle. Aux trois fondations originelles - Fondation romande en faveur de la prévoyance individuelle (FRPI), Fondation Lemania de libre passage (FLLP) et Fondation pour cadres et dirigeants d’entreprises (FCDE)1 – et aux trois institutions de gestion de fortune, Gonet, Mirabaud et Plurigestion, se joignent désormais le Groupe Mutuel et l’Association Romande de Médecins (AROMED). La plateforme s’est aussi dotée d’une marque: lemania – pension hub. Au croisement de l’expertise des banques privées et des besoins en prévoyance d’une population grandissante, l’initiative a vu le jour au lendemain de l’échec de la réforme Prévoyance vieillesse 2020. Un moment où le rendement des marchés pose aussi un vrai défi aux institutions de prévoyance. Les explications d’Alexandre Michellod, fondateur de la plateforme.

Avant d’aborder l’actualité, c’est-à-dire l’arrivée du Groupe Mutuel et d’AROMED, pouvez-vous revenir sur la genèse de la plateforme?

Cela a déjà été dit par d’autres que moi-même: la prévoyance vieillesse est au tout premier plan des préoccupations des Suisses. Avec l’échec de la réforme proposée par Alain Berset en 2017, l’attention des autorités se concentrera désormais sur la prévoyance étatique. La prévoyance professionnelle  est dépriorisées dans le futur. Or, elle concerne près de 4 millions d’assurés qui ont besoin d’être aiguillés dans une conjoncture parfois difficile à saisir. Il est donc de la responsabilité des acteurs de la prévoyance de s’armer pour offrir à ces assurés les solutions dont ils ont besoin. L’esprit de la plateforme est de mettre à la disposition des assurés romands des solutions innovantes de prévoyance qui leur correspondent en utilisant les services de gestion développés au sein des banques privées et l’expertise de prestataire de prévoyance de premier ordre.

Notre offre, basée sur la proximité,
sera à l’écoute des exigences de la clientèle romande.
Par quel biais allez-vous vous aborder ces assurés?

Par un dialogue avec les gérants indépendants romands et avec les courtiers en assurance. Ces derniers ne sont pas habilités à placer les fonds de leurs clients mais le sont à les conseiller.  

Il existe déjà d’autres prestataires dans le domaine de la prévoyance. Comment vous différenciez-vous?

Les solutions offertes à ce jour viennent toutes de Suisse alémanique. Notre offre, basée sur la proximité, sera à l’écoute des exigences de la clientèle romande.

La conjoncture financière s’est détériorée. Le taux technique a d’ailleurs chuté de 4,5% en 2008 à 2% en 2017. Qu’en est-il?

Le taux technique est dépendant de la performance moyenne à 20 et 10 ans des emprunts de la Confédération. En 2008, le coupon des obligations à 10 ans de la Confédération était supérieur à 2%. Il est aujourd’hui négatif autour de -0,15%. Cela ne signifie en rien que le tiers cotisant, c’est-à-dire la contribution des marchés financiers aux revenus de la prévoyance, est nulle, loin s’en faut. Les rendements des marchés depuis 2008 sont largement  supérieurs du niveau du taux technique de référence et ils continuent donc à apporter une contribution appréciable. Les expectatives des actuaires de la prévoyance sont probablement plus pessimistes que nécessaire et le taux technique devrait cesser de chuter. Nous devrions en savoir plus à la fin du mois, au moment où ce taux sera publié pour 2018. Ceci dit, il est exact que naviguer dans les marchés financiers est devenu plus délicat qu’autrefois, d’où l’intérêt de mobiliser les meilleures expertises au service des assurés.

Avec huit partenaires, nous nous rapprochons
de la taille critique que nous cherchions à atteindre.
La FRPI et la FLLP ont été constituées par la Banque Gonet, la FCDE par la Banque Mirabaud. Quel degré d’indépendance ont ces fondations vis-à-vis des banques?

Elles sont libres de gérer leurs placements comme elles l’entendent, en architecture ouverte. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le gérant indépendant Pleion s’est joint à la plateforme.

Parlons maintenant de l’arrivée du Groupe Mutuel sur la plateforme. Est-ce un atout de taille?

Dire que son arrivée est un atout est un euphémisme. Le Groupe Mutuel est sans aucun doute le leader de l’assurance en Suisse Romande avec près de 1,5 million d’assurés. Il est également actif dans la prévoyance professionnelle et gère deux fondations collectives LPP.  En rejoignant lemania dont il partage la philosophie, il va pouvoir utiliser l’expertise de la plateforme pour créer des produits adaptés à sa clientèle dans le domaine du libre-passage et de la prévoyance individuelle 3a. Grâce au réseau du Groupe Mutuel, lemania pourra atteindre son objectif: être au service direct des assurés.

Que représente AROMED, autre nouveau partenaire de la plateforme?

La Fondation de prévoyance professionnelle en faveur de AROMED apporte une prévoyance innovante aux médecins, dentistes et vétérinaires romands, salariés ou indépendants. Elle représente les intérêts de près d’un millier d’assurés dont le nombre est en croissance régulière.

Vous disiez en mai vouloir fédérer une dizaine de structures. Estimez-vous être déjà proche de votre objectif?

Avec huit partenaires, nous nous rapprochons sans aucun doute de la taille critique que nous cherchions à atteindre. Le réseau du Groupe Mutuel nous ouvre un accès potentiel à plus d’un million d’affiliés, soit un quart des quatre millions d’assurés que nous cherchons à servir.

 

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1 Créée en 2004 par la Banque Mirabaud