La Banque centrale européenne s’est inquiétée en juin de l’appréciation de l’euro pouvant constituer un frein aux exportations et contribuer à faire descendre l’inflation sous la cible de 2%, selon le compte rendu de sa réunion publié jeudi.
Lors de cette réunion, la BCE a estimé que «la hausse des tarifs douaniers et l’appréciation récente de l’euro devraient peser sur les exportations», selon le document.
De même, les «tensions commerciales» couplées à l’»incertitude élevée» ont «assombri les perspectives pour l’économie de la zone euro», en particulier celle sur l’investissement, est-il ajouté dans les minutes de la réunion.
L’euro s’est sensiblement apprécié entre avril, lorsque Donald Trump a lancé la guerre commerciale contre ses partenaires, et fin juin, passant de 1,08 à 1,18 dollar pour un euro.
Le vice-président de la BCE Luis de Guindos a déclaré mardi qu’un passage à 1,20 dollar serait «compliqué» pour la BCE, dans une interview à Bloomberg Television.
Pour les exportations, un euro fort fait que les produits européens deviennent plus chers à l’étranger, donc moins compétitifs à l’exportation.
A l’inverse, cela fait baisser le coût des importations, notamment d’énergie, ce qui peut freiner l’inflation en zone euro.
Cette perspective a alimenté en juin le débat au sein du conseil des gouverneurs de la BCE, qui a décidé finalement une nouvelle baisse des taux, la huitième depuis juin 2024, afin de soutenir la croissance et éviter un prolongement de l’inflation en dessous de l’objectif fixé à 2%.
«L’appréciation de l’euro pourrait constituer un argument favorable à la poursuite des baisses de taux», commente Carsten Brzeski, chez ING.
Les observateurs parient cependant sur une pause lors de la prochaine réunion de juillet, avant un nouvel assouplissement monétaire qui interviendrait en septembre.
En juin, certains membres du conseil de la BCE ont plaidé pour laisser les taux inchangés, estimant que l’inflation basse (1,9% en mai sur un an pour la zone euro) serait temporaire, avant que la politique fiscale allemande notamment ne relance la hausse des prix.
Dans ses dernières projections, la BCE table sur un recul de l’inflation à 1,6% en 2026, avant un retour à 2% en 2027.