Les cours du pétrole ont lourdement trébuché vendredi en Asie, tandis que les Bourses hésitaient. Les marchés font preuve d’attentisme après la décision de Donald Trump de temporiser sur l’implication américaine dans la guerre Israël-Iran, semblant laisser une chance à la diplomatie.
Repli du pétrole, prudent soulagement sur l’Iran
Vers 08h30, le cours du baril de Brent de la mer du Nord chutait de 2,68% à 76,74 dollars, après avoir momentanément lâché plus de 3%. Le baril de WTI américain cédait 0,19% à 75 dollars.
Le président Donald Trump a indiqué qu’il décidera d’une éventuelle participation américaine aux frappes d’Israël contre l’Iran «au cours des deux prochaines semaines», semblant laisser une chance à une réunion entre des ministres européens et l’Iran vendredi en Suisse pour chercher une solution diplomatique.
Pour le marché pétrolier, qui avait flambé depuis une semaine avec l’escalade de l’affrontement entre les deux pays, ce délai suscitait un soulagement perceptible, donnant lieu à des prises de bénéfices.
«Les répercussions futures sur les prix semblent limitées, du moins pour l’instant (...). Les marchés ont tendance à ne pas intégrer les risques géopolitiques avant une conflagration, et ils ne semblent pas très enclins à anticiper le pire», observe Kieran Calder, d’Union Bancaire Privée, cité par Bloomberg.
Pour autant, selon Bloomberg, les contrats à terme sur le Brent intègrent une prime de risque géopolitique d’environ 8 dollars le baril depuis le début des attaques entre Israël et l’Iran.
Le répit actuel pourrait donc s’avérer fragile. «L’implication possible des États-Unis est une incertitude-clé pour l’avenir», abonde Michael Wan, analyste de la banque japonaise MUFG.
En revanche, «la bonne nouvelle est qu’il n’y a pas eu jusqu’à présent de signes de perturbations physiques sur les approvisionnements pétroliers et dans le détroit d’Ormuz», par où transite un tiers du trafic pétrolier maritime du globe, reconnaît-il.
Incertitude des Bourses
A la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a clôturé en recul de 0,22% à 38’403,23 points et l’indice élargi Topix de 0,75% à 2771,26 points.
La Bourse de Sydney a cédé 0,21%, Taipei a en revanche effacé ses pertes et gagné 0,19%. Vers 08h30, l’indice hongkongais Hang Seng progressait de 0,72% à 23’405 points, et l’indice composite shanghaïen cédait 0,04%.
A Séoul, l’indice Kospi a bondi de 1,48%, dépassant la barre des 3.000 points pour la première fois en trois ans et demi, en hausse vigoureuse depuis la fin de la longue crise politique qui minait la Corée du Sud.
Dans l’ensemble, les échanges restaient fébriles et volatiles en Asie, d’autant que la fermeture de Wall Street la veille pour cause de jour férié ne suggérait aucune direction.
«En l’absence d’incitations concrètes, l’attentisme domine (à Tokyo): fermeture du marché américain, fluctuation faible sur le yen, et concernant l’Iran, l’incertitude devrait s’accroître sur le marché, entre craintes d’attaque américaine et espoirs de négociations», commente Tokai Tokyo Intelligence.
Vers 08h30, le billet vert cédait 0,04% face à la monnaie nippone, à 145,38 yens pour un dollar, effaçant ses gains du début d’échanges asiatiques au terme d’une séance en yo-yo.
PopMart sous pression
Le fabricant de jouets chinois PopMart, créateur des populaires poupées Labubu, a chuté de jusqu’à 6% à la Bourse de Hong Kong vendredi en séance, après avoir déjà abandonné plus de 5% la veille.
Selon l’agence Bloomberg, ce reflux s’explique par un commentaire du Quotidien du Peuple, journal phare du Parti communiste chinois, qui appelle à durcir la réglementation des «boîtes cadeaux surprises» accusées de favoriser l’addiction des mineurs à l’achat de tels produits.
Dette japonaise surveillée
Le ministère japonais des Finances organise vendredi en fin de journée une réunion très attendue pour solliciter l’avis des acteurs du marché sur son projet de réduire les émissions d’obligations à très long terme émises par le pays.
L’objectif est d’ajuster les futures émissions de dette à une demande des investisseurs amoindrie, et d’apaiser ainsi les récentes turbulences: l’appétit médiocre des investisseurs lors d’émissions en mai avait entraîné une flambée des rendements des obligations souveraines nippones et affolé les marchés.
Selon la presse financière, les autorités proposeront de réduire les émissions d’obligations à échéances 20, 30 et 40 ans pour les adjudications prévues jusqu’en mars 2026, tout en augmentant les émissions de dette à 2 ans et échéances à plus court terme.