Le groupe bancaire français BPCE débarque sur le marché portugais

AWP

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Le président du directoire de BPCE, Nicolas Namias, a mis en avant les «excellents fondamentaux» de la banque portugaise, «un fort potentiel de croissance, et d’ores et déjà un niveau de profitabilité élevé».

Le groupe bancaire BPCE, qui rassemble notamment les Banques populaires et les Caisses d’épargne, a annoncé vendredi son entrée en négociations exclusives pour acquérir la banque portugaise Novo Banco, valorisée 6,4 milliards d’euros (6,0 milliards de francs au cours du jour), auprès du fonds américain Lone Star.

«Avec l’acquisition de Novo Banco, nous ouvrons un deuxième marché domestique au Portugal», a commenté le président du directoire de BPCE Nicolas Namias, lors d’une conférence de presse.

Le dirigeant a aussi vanté une «opération majeure» pour BPCE, pour l’économie portugaise et pour le financement de l’économie européenne.

L’opération devrait être finalisée au cours du premier semestre 2026.

Novo Banco se présente comme la quatrième banque du Portugal, derrière Caixa geral de depositos, Millennium BCP et une filiale du géant espagnol Santander, Santander Totta.

Avec ses 1,7 million de clients, ses quelque 290 agences et ses 4200 salariés, elle pèse 9% du marché auprès des particuliers et 14% auprès des petites et moyennes entreprises.

La banque portugaise a par ailleurs dégagé pas loin de 750 millions d’euros de bénéfice net l’an dernier.

Novo Banco est détenue par le fonds américain Lone Star (75% du capital), l’Etat portugais (11,5%) et le Fonds de résolution des banques portugaises (13,5%).

S’il a signé un accord avec Lone Star, M. Namias compte désormais engager des discussions avec les autorités portugaises au sujet des 25% du capital restants.

«J’espère que le gouvernement verra d’un très bon oeil cette opération, qui est, une fois de plus, favorable à l’économie portugaise», a-t-il souligné.

Renaissance

Novo Banco est l’héritière de la banque Espirito Santo (BES), qui s’est effondrée en 2014 sur fond d’irrégularités comptables.

L’État portugais avait dû injecter 4,9 milliards d’euros pour éviter la faillite de la BES, dont les actifs jugés sains ont été préservés par la création de la banque Novo Banco, entretemps cédée au fonds d’investissement américain Lone Star.

La famille Espirito Santo était la dernière dynastie de banquiers portugais, fondée au 19e siècle avec la création d’un bureau de change à Lisbonne. Nationalisée dans la foulée de la Révolution des oeillets de 1974, la BES avait été de nouveau privatisée et rachetée par la famille en 1991.

Cette opération - la plus importante acquisition transfontalière en zone euro depuis plus de 10 ans, selon BPCE - est un nouvel exemple de la stratégie d’expansion du groupe bancaire mutualiste français, en lien avec son plan stratégique dévoilé l’été dernier.

BPCE - aujourd’hui 100’000 collaborateurs et 35 millions de clients - a par exemple finalisé en mars la reprise des activités de financement de biens d’équipement pour les entreprises de la Société Générale, regroupées dans SGEF, moyennant 1,1 milliard d’euros.

Il avait également annoncé le 21 janvier la création d’une coentreprise entre son gestionnaire d’actifs Natixis IM et l’assureur italien Generali, pour créer un mastodonte européen de ce métier.

Peu développé hors de France, BPCE revendique toutefois une présence au Portugal depuis plus de 30 ans.

Le groupe y compte plus de 3000 employés, notamment à Porto, et y réalisait l’an dernier 74 millions d’euros de produit net bancaire, équivalent du chiffre d’affaires pour le secteur.

Cette acquisition pourrait aussi être la première d’une vague de consolidation bancaire en Europe.

La deuxième banque italienne Unicredit cherche depuis plusieurs mois à s’emparer de sa concurrente allemande Commerzbank, mais se heurte pour le moment à des résistances.

Les opérations au sein de mêmes pays ne connaissent pas pour l’instant pas meilleure fortune: Unicredit ne parvient pas à s’emparer de sa rivale italienne Banco BPM et le rapprochement entre les banques espagnoles BBVA et Sabadell reste pour l’instant suspendu à une décision politique.

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