USA: détente sur le front de l’inflation, avec des bémols

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Le CPI ralentit en avril, s’établissant à +2,3% sur un an, contre +2,4% en mars. Hors prix volatils de l’énergie et de l’alimentation, l'indice est resté stable sur un an, à +2,8%.

L’inflation a légèrement ralenti aux Etats-Unis en avril, tirée vers le bas par la baisse des prix à la pompe, et avant que les nouveaux droits de douane commencent à faire leur chemin jusqu’aux tickets de caisse.

Le mois d’avril correspond à la période pendant laquelle Donald Trump a érigé un mur de nouvelles taxes douanières sur les produits importés aux Etats-Unis.

Le président américain a en partie fait marche arrière, mais les experts s’attendent à voir les prix augmenter, les droits de douane restant beaucoup plus élevés qu’avant le début de son second mandat.

Pour l’heure, l’indice des prix à la consommation (CPI) a légèrement ralenti en avril, s’établissant à +2,3% sur un an, contre +2,4% en mars, selon la publication mardi du Ministère américain du travail.

Il s’agit du rythme d’inflation le plus faible depuis février 2021.

Les analystes s’attendaient à ce que cet indice reste, comme en mars, à +2,4% sur un an, selon le consensus publié par MarketWatch.

L’indice a été tiré vers le bas par la diminution des prix des carburants (-11,8% depuis avril 2024).

Le décrochage des prix du pétrole traduit en partie les craintes des opérateurs face à l’offensive protectionniste de Donald Trump. Ils s’attendent à ce que cela pèse sur la croissance et l’activité futures.

L’indice CPI sous-jacent, c’est à-dire hors prix volatils de l’énergie et de l’alimentation, est lui resté stable sur un an, à +2,8%.

Sur un laps de temps plus court, l’indice a augmenté de 0,2% en avril par rapport au mois précédent, dans la lignée des attentes. Mars avait été marqué par un recul surprise de 0,1%, entraîné là aussi par la baisse des prix des carburants.

Motif de stupéfaction des Américains depuis plusieurs mois, le prix des oeufs a commencé à reculer en avril (-12,7% par rapport à mars) mais reste en hausse de 49,3% sur un an.

Dans un communiqué, la Maison Blanche se félicite de voir le prix de «produits de base baisser» et estime que les politiques de Donald Trump offrent un «vrai répit» aux Américains.

Ruissellement

Attention à ne pas se réjouir trop vite, préviennent les analystes.

Une inflation à 2,3% «pourrait être le plus petit chiffre de 2025», relève l’économiste de Nationwide Ben Ayers dans une note.

«Nous anticipons un bond du CPI cet été, à mesure que les coûts douaniers ruissellent jusqu’aux prix payés par les consommateurs», ajoute-t-il, s’attendant à voir l’indicateur dépasser 3%.

Actuellement, les distributeurs écoulent les stocks engrangés avant l’entrée en vigueur des droits de douane, ce qui décale dans le temps l’impact sur les étiquettes, souligne Ben Ayers.

Pour Ryan Sweet, économiste chez Oxford Economics, «les forces désinflationnistes que sont les reculs des prix de l’énergie tendent à compenser les frémissements d’inflation dus aux droits de douane plus élevés».

«Cela ne sera plus le cas dans les prochains mois», poursuit-il dans une note, soulignant que «le droit de douane moyen à l’entrée aux Etats-Unis reste l’un des plus hauts depuis les années 1930, et cela sera inflationniste».

Dans le détail, un indice sensible aux droits de douane, celui de l’équipement pour la maison, a augmenté (+1% sur un mois).

A l’inverse, observent les analystes de Pantheon Macroeconomics, «l’incertitude et le plongeon de la confiance des consommateurs en raison des droits de douane a continué de peser sur les prix des services non essentiels», comme les billets d’avion, qui ont encore flanché (-2,8% en avril après -5,3% en mars).

Lundi, Washington et Pékin ont annoncé une spectaculaire détente dans leur guerre commerciale en suspendant le gros des droits de douane punitifs qu’ils avaient imposés des deux côtés.

«Les droits de douane ont été baissés, donc l’impact sera probablement moindre que ce à quoi on s’attendait il y a une ou deux semaines», observe dans une note Bill Adams, économiste de la banque texane Comerica.

Par conséquent, selon lui, «l’inflation restera gérable pour la plupart des consommateurs et entreprises» aux Etats-Unis cette année.

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