Création de valeur à long terme

Salima Barragan

2 minutes de lecture

Candriam éduque les investisseurs pour changer leur façon d’évaluer les entreprises.

 

Les stratégies ISR – Investissement Social et Responsable – connaissent déjà un franc succès auprès des investisseurs institutionnels dont la philosophie d’investissement est axée sur le long terme. En opposition, une autre classe de gérants de portefeuille, qui cherchent à battre un benchmark et à générer de l’alpha immédiat, réfléchissent en termes de performances financières à court terme. Mais ces derniers commencent aussi à s’intéresser à la thématique ISR. Dès lors, comment concilier leurs objectifs financiers avec l’ investissement social et responsable?

«Les opportunités d’investissement ne peuvent être entièrement
évaluées en utilisant les ratios financiers traditionnels.»

«Les ratios financiers ne sont pas incompatibles avec les critères ESG mais il faut repenser les méthodes d’évaluation des entreprises» répond Wim Van Hyfte, responsable des investissements ESG chez Candriam. Cet ancien gestionnaire quantitatif a constaté, à travers sa pratique, que les opportunités d’investissement ne peuvent être entièrement évaluées en utilisant les ratios financiers traditionnels. Ce sont ces lacunes qu’il a souhaité combler en se tournant vers la recherche et l’analyse ESG.

L’analyse financière traditionnelle n’est plus pertinente dans le cadre d’une évaluation durable car elle ne capture pas tous les risques. «Les risques financiers les plus importants sont ceux liés à la rareté de l’eau, au changement climatique et à l’évolution sociétale. Ces expositions aux risques financiers sont sous-estimées par le secteur financier.» explique Wim Van Hyfte. L’externalisation des coûts des entreprises est devenue un enjeu important car il n’est plus possible de polluer sans frais.  D’ailleurs, ces coûts pourraient, à terme, se répercuter sur les émissions de Co2.

Traduire les objectifs ISR dans un cadre financier

Comment calculer ces données de manière quantifiable et en faire un reporting de durabilité? Un forward P/E sur 5 ou 10 ans est difficilement mesurable. Un ROE aujourd’hui élevé peut cacher un ROE futur pénalisé par des problématiques ISR. De même, un faible ROCE peut être impacté par des coûts de durabilité qui offriront demain un ROCE élevé.

«Il manque actuellement des outils liant
les impacts ISR avec les ratios financiers.»

Wim Van Hyfte admet qu’il manque actuellement des outils liant les impacts ISR avec les ratios financiers mais il dispose de moyens lui permettant de décomposer l’alpha des fonds Candriam ISR entre les facteurs financiers et les facteurs extra-financiers. «Certains facteurs génèrent une contribution à l’alpha et améliorent le profil risque/rendement. D’autres facteurs génèrent uniquement de l’alpha et d’autres contribuent uniquement à l’amélioration du profil de risque» précise-t-il. De plus, les analyses normatives ont clairement fait ressortir que sur le long terme, le profil risque/rendement des sociétés ESG est meilleur que celles non-ESG pour les entreprises des marchés émergents. En termes de performance, le fonds Candriam Emerging Market ISR surperforme en moyenne de 2% le fonds non-ISR.

Dans la cadre de la transparence pour les entreprises, Wim Van Hyfte est convaincu, que d’ici quelques années, on arrivera à publier des mesures uniformes sur la durabilité financière afin de permettre aux investisseurs de juger de la rentabilité globale des entreprises. Dans ce sens, l’Union Européenne réfléchi déjà sur la mise en place du «High Valuation Report».

Les approches best-in-class et best-in-universe

Candriam a débuté dans l’investissement ISR en 1996 par des filtres d’exclusion de facteurs sociaux. Depuis, l’approche best-in-class a été rajouté au processus en 2005. Il s’agit d’intégrer systématiquement des facteurs ESG selon un type d’activité où les sociétés les mieux positionnées sont sélectionnées. De cette façon, un secteur souvent délaissé comme le secteur minier, va être examiné.

«Le changement de mentalité des investisseurs
passera par l’éducation.»

Pour chaque entreprises, l’équipe ISR de Candriam calcule l’exposition aux grandes tendances ainsi qu’aux parties prenantes via un KPI (Key Performance Indice). Les résultats de cette notation ne sont pas équipondérés mais agrégés car leur prépondérance dépend des secteurs analysés. Les entreprises affichant un score de plus de 50% sont sélectionnées. Par exemple, est-ce que l’entreprise intègre le bien-être de la population locale? A cette question, Facebook, qui n’est pas détenu dans les portefeuilles ISR, est éliminé. «Après l’IPO, nous avions déjà une perception très négative sur ce titre concernant les problèmes d’évasion fiscale mais aussi de la sécurité des données privées. Ensuite, il y a eu le scandale lié aux données des utilisateurs» commente Wim Van Hyfte.

Cette approche est aussi transposable dans l’univers obligataire. «Nous analysons les émetteurs privés selon une approche best-in-class mais dans le cas des émetteurs souverains nous adoptons une approche best-in-universe où nous effectuons un classement de notes univers ISR» explique Win Van Hyfte.

Un dernier point essentiel pour Wim Van Hyfte, c’est que le changement de mentalité des investisseurs passera par l’éducation. A cet effet, Candriam a lancé en 2017 la Candriam Academy. Il s’agit d’un outil en ligne qui permet de comprendre la modélisation des risques et de se former à la gestion des investissements ISR.