Non Farm Payrolls, du bon et du moins bon
La question brûle les lèvres: les derniers chiffres de l’emploi de vendredi sont-ils susceptibles de remettre en cause les 25bp de baisse de taux de la Fed la semaine prochaine? C’est en effet la seule question qui vaille et la réponse est non. Ces chiffres étaient tout d’abord difficiles à interpréter puis que les grèves et les ouragans ont perturbé grandement les données des deux derniers mois. Après un chiffre quasi nul le mois dernier, nous avons eu droit à 227'000 créations d’emplois en novembre. Ce qu’il faut surtout retenir, c’est le chiffre de 132'000 créations mensuelles sur les deux derniers mois et 56'000 de révisions positives pour septembre et octobre. Tout cela ne remet donc pas du tout en cause le rate cut du 18 décembre. La household survey, qui fait état de 355'000 destructions d’emplois (ce qui explique un taux de chômage en légère hausse à 4,2%) se révèle même une incitation à poursuivre la politique d’assouplissement monétaire.
Scott Bessent sera le prochain secrétaire d’Etat au Trésor et les marchés de taux ont accueilli la nouvelle favorablement, un peu comme un ouf de soulagement.
Si nous devions trouver le petit caillou dans la chaussure de Jerome Powell, nous mettrions en avant un Average Hourly Earnings de +0,4% sur le mois et +4% YoY. Il n’y a toujours pas de stabilisation de la révision des salaires mais les marchés n’ont visiblement pas tenu compte de cela. La Fed baissera donc ses taux mercredi prochain, à moins que les chiffres d’inflation CPI et PPI publiés demain et après-demain nous révèlent des poussées de fièvre sur les prix d’une ampleur que personne n’aurait anticipé.
Kevin Warsh, grand oublié du casting… pour l’instant?
Les taux longs US se détendent un peu. Le 10 ans s’échangeait vers 4,15% hier contre 4,45% au moment du triomphe électoral de Donald Trump. Les marchés obligataires se rassurent un peu. Les droits de douanes anti-Chinois ne seront peut-être pas aussi élevés, la politique anti-migrants ne sera sans doute pas appliquée à la lettre…etc… tous les volets du programme Trump a priori défavorables en termes de lutte contre l’inflation seront probablement atténués. Ce sera peut-être le cas. Ce qui est sûr en revanche, en tout cas dans notre esprit, c’est que Trump a concrètement 18 mois devant lui ou guère plus pour appliquer son programme car les mid-terms approcheront à grand pas et il y aura de grandes chances qu’il les perde. Pour conclure sur les taux longs, nous estimions qu’il fallait shorter le 10 ans à 4,30%, nous pensons que c’est toujours une bonne idée à 4,15%. Nous maintenons également notre conviction pour ce début d’année 2025: tant que le 10 ans n’avoisine pas le niveau-clé de 5%, nous ne touchons plus à la duration.
Scott Bessent sera le prochain secrétaire d’Etat au Trésor et les marchés de taux ont accueilli la nouvelle favorablement, un peu comme un ouf de soulagement. Il y aura au moins quelqu’un de compétent aux commandes qui saura nous parler en plus d’agir. Nous avons été un peu déçus car nous avions avancé le nom de Kevin Warsh que nous estimions parfait pour le poste. Cet ex-Morgan Stanley proche de Donald Trump a été nommé à la Fed par George W Bush en 2006 (il n’avait que 35 ans) et a démissionné en février 2011 sur fond de désaccord profond avec Ben Bernanke sur le sujet du QE2 (Quantitative Easing phase 2). Warsh a la réputation d’être un «hard money hawk» proche des milieux d’affaires, pas uniquement le microcosme de Wall St. Cet homme (époux de Jane Lauder, petite-fille et héritière d’Estée Lauder) qui a semble-t-il toutes les qualités pour occuper un poste majeur dans la galaxie Trump est le grand oublié, pour l’instant, du casting. Si Bessent a été nommé au Trésor «à sa place» c’est que le président élu envisage pour Warsh un autre poste. Celui de Jerome Powell par exemple. En attendant c’est bien Jay Powell, dit «Mr No» depuis le dernier FOMC, qui dirigera les débats la semaine prochaine. La messe semble dite: lorsque WIRP avoisine les 85%, la Fed se refuse à contredire les marchés. A quelques jours de la trêve des confiseurs, mieux vaut ne pas faire de vagues, quitte à ce qu’elles réapparaissent plus fortes en janvier.