Une guerre commerciale riche en autobuts

Geert Noels, Econopolis

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Le conflit pourrait mener à une hausse de l’inflation aux Etats-Unis et à une baisse de l’inflation en Europe.

Si une guerre commerciale était un match de football, ce serait une rencontre riche en buts contre son camp. Le gouvernement de Donald Trump mène une stratégie destinée à réduire le déficit commercial américain en introduisant des droits d’importation sur les biens produits en Chine et en Europe. Une telle stratégie est bien sûr lourde de conséquences, mais celles-ci ne sont pas toujours aisées à prévoir. Elle pourrait ainsi provoquer une hausse de l’inflation aux Etats-Unis, puisqu’elle imposerait de remplacer des produits chinois (mexicains, européens…) à bas prix par des produits américains plus chers. Et cette augmentation de l’inflation exercerait une pression haussière sur les taux outre-Atlantique. D’un autre côté, les usines chinoises seraient contraintes d’exporter davantage vers l’Europe afin de continuer à tourner à pleine capacité. Une vague de produits chinois bon marché pourrait ainsi déferler sur le Vieux Continent. Ce scénario entraînerait une baisse des prix et peut-être un ralentissement de la croissance économique en Europe à long terme.

La guerre commerciale pourrait donc mener à une hausse de l’inflation aux Etats-Unis et à une baisse de l’inflation en Europe. La banque centrale américaine devrait alors à nouveau relever ses taux directeurs, alors que la Banque centrale européenne opterait pour une longue période de politique monétaire accommodante. Bien que les guerres commerciales puissent produire des résultats inattendus, ce ne serait pas une surprise de voir le dollar américain se renforcer si Trump poursuit ses projets.

Euro vs dollar

Mais cela ne signifie pas pour autant que les Etats-Unis remporteraient la partie. Comme on l’a dit, les guerres commerciales sont riches en autobuts. Vu la croissance actuelle du déficit budgétaire américain, une hausse des taux d’intérêt n’est pas souhaitable. De plus, un dollar plus fort pénaliserait les exportateurs américains. Enfin, les Etats-Unis restent le principal bénéficiaire de la politique de libre-échange actuelle. Des droits d’importation et des entraves au commerce impacteraient le bilan des producteurs américains de matériel technologique, puisque ces derniers tiennent compte de composants chinois à bas prix. En outre, la Chine et l’Europe riposteraient sur le terrain de la «nouvelle économie», alors que les États-Unis introduiraient des droits d’importation sur l’«ancienne économie». Facebook, Google et consorts seraient des cibles de choix pour la Chine et l’Europe dans leur quête de possibles représailles à la politique commerciale de Donald Trump.

Les guerres commerciales sont des matches qui ne peuvent qu’être perdus. Avec un terrain en ruine et des spectateurs frustrés dans les deux camps.

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