Un environnement difficile pour toutes les classes d’actifs

Salima Barragan

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Janus Henderson partage ses perspectives pour 2023. Le gestionnaire d’actifs préfère le crédit aux actions.

© Keystone

Exit, le retour à la normalité qui aurait dû logiquement succéder à la pandémie: un choc énergétique et une inflation galopante sont venus composer la nouvelle norme. Du régime des taux, les banques centrales passeront l’année prochaine à celui de la croissance. Ce qui laisse penser à Paul O'Connor, le responsable de l'équipe Multi-Asset de Janus Henderson, que le marché actions pourrait encore abandonner quelques points lors du premier semestre de l’an prochain.

Des nouvelles priorités

Après avoir combattu le renchérissement avec des mesures choc, de nouveaux défis attendent les banques centrales. «Une fois que les hausses de taux auront atteint leur sommet, les banques centrales vont devoir s’attaquer au régime de croissance, tout en continuant à exercer un resserrement monétaire», estime Paul O'Connor.

Excluant une récession douloureuse, les experts de Janus Henderson tablent sur une croissance mondiale de 3% en 2023, avec une exception toutefois au Royaume-Uni, qui devrait afficher une nette contraction. «L’Europe et les États-Unis seront moins en difficulté que le consensus le prévoit, avec une contraction des revenus de l’ordre de 20%», prévient-il. Si les hausses de taux et l’inflation n’étaient qu’un mauvais souvenir, l’immobilier pourrait influencer la conjoncture. «Les valorisations ont baissé, car beaucoup d’éléments sont intégrés dans les prix des actions, mais les risques demeurent principalement dans les titres cycliques», ajoute-t-il.

Les rendements obligataires et les perspectives sur le crédit s’annoncent meilleurs que ceux de l’année passée, avec des spreads de crédit à la baisse dans le segment haut rendement.
Meilleures perspectives sur le crédit

Excepté des effets de levier difficile à maintenir avec le nouveau niveau de taux au sein de certaines entreprises, les fondamentaux sont globalement satisfaisants. «Les ratios des obligations sont dans le vert, mais les marges des sociétés vont baisser en raison des taux», précise-t-il. Pourtant, l’expert est d’avis que les prévisions pessimistes des certains observateurs sont surfaites. «Nous attendons de voir un certain cycle d’inflation, mais il faudra attendre le premier trimestre pour avoir davantage de visibilité sur les sociétés». Cependant, les rendements obligataires et les perspectives sur le crédit s’annoncent meilleurs que ceux de l’année passée, avec des spreads de crédit à la baisse dans le segment haut rendement.

Exit la technologie, bonjour l’énergie

Comment investir dans ce contexte? «Dans tous les cas, le marché américain constitue une meilleure place que l’Europe», explique-t-il. À très long terme, le gestionnaire d’actifs s’attend à une surperformance du Nasdaq sur les marchés européens et émergents, même si ce dernier affiche une économie particulièrement robuste.

Les fonds durables à fortes concentrations technologiques qui avaient engrangé passablement d’encours cette année n’étaient pas prêts à la hausse du prix de l’argent. Or, les tensions sur les prix qui pourraient perdurer après le pivot de la Fed entraineront un recul supplémentaire sur les actions de croissance ainsi que des implications sur les marges de profit. «Les rendements des modèles d’affaires disruptifs seront négatifs en raison du cycle de capitaux, car le private equity avait injecté des capitaux gratuits colossaux dans la technologie, mais avec l’augmentation du coût du capital, nous nous attendons à une pénurie de fonds bon marché», ajoute-t-il.

L’environnement demeurant difficile pour toutes les classes d’actifs, le gestionnaire sous-pondère le crédit et les actions et anticipe une pléthore de profit warning, notamment dans la branche industrielle. «Nous attendrons au moins le deuxième semestre pour étoffer les portefeuilles en prévision des valorisations plus faibles. Pour l’instant, nous nous concentrons sur des thèmes défensifs ainsi que sur les titres de qualité», résume-t-il.

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