Un été américain

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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Entre plan additionnel de relance, soutien massif de la Fed et tweets de Trump, tout reste ouvert.

Le monde s’est arrêté. Il est reparti. Les marchés aussi. Mais une sourde angoisse demeure chez les investisseurs à l’approche de la pause estivale: et si la Covid-19 faisait dérailler les scénarios optimistes qui «enjambent» le deuxième trimestre 2020 et se concentrent sur la reprise à venir du deuxième semestre et – surtout – de 2021? Une fois encore, les yeux se tournent vers les États-Unis car c’est bien là que tout se joue.

L’inquiétude est d’abord économique. Porté par un marché de l’emploi très dynamique, avec un taux de chômage inférieur à 4%, au plus bas depuis 50 ans, Donald Trump a vu le sol se dérober sous ses pieds avec l’irruption du virus. Depuis, plus de 40 millions d’américains se sont retrouvés sans emploi, les aéroports du pays ont vu leur activité chuter de 95% et le deuxième trimestre pourrait enregistrer une contraction globale de l’activité de 20%.

Plus du tiers des Américains sont en retard
de paiement sur leurs échéances de crédit.

Même si l’économie est repartie, l’épidémie n’est pas maitrisée, en particulier dans le sud du pays, au Texas ou en Floride. La confiance des consommateurs en souffre. Les réservations de restaurants au Texas sur le site OpenTable sont retombées mi-juin à 30% de leur niveau normal.

L’inquiétude est également financière. Plus du tiers des Américains sont en retard de paiement sur leurs échéances de crédit – sans compter les futures difficultés des étudiants actuels à rembourser leurs prêts dans un marché de l’emploi déprimé – et les dégradations de qualité de dette des entreprises sont déjà plus nombreuses que durant toute l’année 2019. Pour éviter des défaillances en cascade, la Fed a assoupli la règle Volcker afin de faciliter le crédit aux petites entreprises et aux start-up. Mais la tension est là.

Les tensions sociales et communautaires
sont exacerbées par la crise sanitaire et économique.

L’inquiétude enfin – surtout? – est politique. Les tensions sociales et communautaires sont exacerbées par la crise sanitaire et économique. Donald Trump est désormais donné perdant le 3 novembre prochain par une majorité de sondages dans quasiment tous les Etats-clés: Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie, Floride, Arizona et Caroline du Nord. Même le Texas ne parait plus aussi fermement ancré dans le camp du président sortant.

Mais là où tout se joue en novembre, c’est bien au Sénat, qui détient les clés du budget américain. La majorité, selon les projections du site américain Predictit, pourrait basculer vers les démocrates, dans un scénario «Blue Sweep» qui verrait ceux-ci détenir toutes les clés du pouvoir à Washington. Les perspectives ouvertes par un tel scénario d’une montée de la pression fiscale et de la réglementation pourrait ne pas enthousiasmer les investisseurs.

La quiétude de notre été se jouera donc aux Etats-Unis. Entre plan additionnel de relance, soutien massif de la Fed et tweets de Trump, tout reste ouvert… y compris la poursuite de la hausse des indices!

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