SIX: croître grâce à des rachats et aux services pour la finance durable

Yves Hulmann

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Jos Dijsselhof, directeur du groupe SIX, compte poursuivre une politique active en matière de fusions et acquisitions.

©Keystone

Des volumes d’affaires en hausse mais un bénéfice en repli. Les diverses transactions liées à des opérations de fusions et acquisitions chez SIX ont entraîné de fortes variations des résultats chez l’exploitant de la bourse suisse au cours des deux derniers exercices. En 2021, le bénéfice net du groupe s’est établi à 73,5 millions de francs, en baisse de 83% sur un an.

En 2020, les résultats de SIX avaient toutefois été soutenus par un gain financier extraordinaire résultant de la vente d’un paquet d’actions dans la société française Worldline, dont le capital est encore détenu à hauteur de 10,6% par la SIX contre 27% auparavant. Sans tenir compte des effets liés à Worldline, le bénéfice net de SIX en 2021 aurait progressé de plus d’un tiers sur un an pour s’établir à 174,7 millions de francs (+37%), a précisé la société qui a publié ses chiffres mercredi.

A l’inverse, les recettes de SIX – en hausse de 8,9% à près de 1,5 milliard de francs en 2021 - ont profité de l’intégration des activités de la bourse espagnole Bolsas y Mercardos (BME), rachetée en juin 2020.

Cinq IPO en Suisse, trois en Espagne

Par secteurs d’activité, c’est l’unité Exchanges, qui inclut notamment la bourse suisse, qui a contribué le plus fortement au résultat opérationnel du groupe l’an dernier avec un bénéfice de 143 millions de francs, en repli de 14%. Après un exercice 2020 qui avait été marqué par une volatilité record sur les marchés, les transactions se sont maintenues à des niveaux historiquement élevés en 2021, a estimé la SIX. Durant l’année 2021, cinq entrées en bourse (IPO) ont eu lieu sur la SIX Swiss Exchange, complétées par trois nouvelles cotations sur la BME à Madrid.

Obtenir des économies d’échelle grâce à des volumes en hausse.

Second segment d’activité le plus rentable avec un bénéfice opérationnel de 133,9 millions de francs (+23%), l’unité Securities Services a vu ses résultats progresser l’an dernier. Une des trois sociétés rachetées l’an dernier par la SIX se rapporte aussi à cette unité, suite à la reprise de Regis-TR, spécialiste du référentiel commercial en Europe.

A cet égard, la SIX n’a pas manqué de souligner que les fusions et acquisitions continueront de revêtir une importance stratégique pour le groupe afin de pouvoir renforcer sa position concurrentielle. En ayant des volumes plus élevés, le groupe entend parvenir à réaliser des économies d’échelle supplémentaires, ce qui lui permettra de réduire ses charges. Pour la période allant de 2022 à 2024, SIX ambitionne d'augmenter ses revenus de plus de 4% par an tout en réalisant des gains d’efficacité et des réductions de coûts.

Fournisseur d’informations dans le domaine ESG

Les deux autres acquisitions réalisées par la SIX l’an dernier concernent le segment des informations financières, une unité qui a dégagé un résultat opérationnel de 54,2 millions de francs l’an dernier. Les deux sociétés rachetées sont Ultumus, une entreprise spécialisée dans les données pour les ETF ainsi que Orenda, un fournisseur de données en rapport avec les placements environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Avec cette dernière acquisition et suite au lancement de nouveaux indices durables, la SIX place la durabilité parmi ses priorités. Avec quels objectifs à terme? «Nous voulons, d’une part, faciliter la tâche aux entreprises qui cherchent lever des capitaux en apportant une clarification sur le plan de la durabilité, en fournissant une classification verte qui tienne compte des critères ESG», explique son directeur. D’autre part, SIX entend se positionner en tant que fournisseur d’informations fiables dans le domaine de la durabilité: «Notre rôle est ici de fournir des données normalisées, régulées et contrôlées qui peuvent être intégrées dans différents modèles utilisés par des banques, des agences de notation ou d’autres acteurs», a poursuivi Jos Dijsselhof, le directeur de SIX lors d’une conférence téléphonique mercredi. Pour autant, ajoute-t-il, la société qui exploite la Bourse suisse ne prévoit pas, du moins pas dans un horizon proche, d’attribuer elle-même des notations en termes de durabilité à des entreprises.

Cybersécurité: investir constamment pour faire face aux menaces
Autre sujet incontournable du moment en lien avec la guerre en Ukraine, comment l’exploitant de la bourse suisse fait-il face aux risques de cyberattaques? En matière d’attaques informatiques, la SIX a constaté une «activité plus élevée au tout début de la guerre, ou juste avant son déclenchement», a indiqué mercredi son directeur Jos Dijsselhof, lors d’une conférence téléphonique. Ensuite, les choses sont peu à peu revenues à la normale, a indiqué le directeur, supposant que les hackers sont occupés à d’autres choses. Pour autant, la SIX ne baisse pas la garde. «Nous avons accru nos activités de contrôle et augmenté notre vigilance», a-t-il souligné.
Le directeur de SIX a aussi rappelé que la société a continuellement augmenté ses investissements dans le domaine de la sécurité ces dernières années. «Une grande partie des 200 millions de francs que nous avons investis dans des projets informatiques ont été consacrés à la cybersécurité. C’est un domaine où il faut continuellement augmenter les standards appliqués car ceux qui nous attaquent s’améliorent aussi constamment. C’est une compétition permanente dans un domaine qui évolue continuellement», met-il en perspective. – (YH)

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