Requestionner la mondialisation?

Yvan Roduit, Raiffeisen Suisse

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C’est un fait: la mondialisation a généré une prospérité mondiale durant les dernières décennies. Le vent semble cependant tourner en raison des récents événements.

Le conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis et l’introduction de nouveaux droits de douane, la pandémie de coronavirus et la guerre en Ukraine ont clairement souligné la fragilité des chaînes mondiales de création de valeur, de même que le risque que la roue de la mondialisation tourne en sens inverse. Et les conséquences se font concrètement sentir: hausse des coûts de production, inflation plus élevée, taux d’intérêt plus élevés et croissance plus faible. Les nets progrès amenés par la mondialisation – dont l’amélioration du niveau de vie – ne parviennent cependant plus à compenser les effets négatifs que l’on connait actuellement.

Dépendance aux politiques nationales

La dépendance des entreprises à un pays pour s’approvisionner entraîne également une dépendance aux décisions politiques dans lesdits pays. A titre d’exemple récent, la stratégie zéro COVID du gouvernement chinois provoque des confinements temporaires répétés, avec à la clé des blocages dans les chaînes d’approvisionnement déjà mises à rude épreuve depuis le début de la pandémie. Les puces et composants électroniques continuent donc à faire défaut. Mais à cela s’est aussi ajouté la guerre en Ukraine, qui a poussé l’Union européenne et les Etats-Unis à revoir leur approvisionnement en combustibles fossiles. La dépendance de l’Occident vis-à-vis des pays fournisseurs de nombreux composants utilisés par les entreprises en Suisse et ailleurs continue donc à peser.

Les Etats se concentrent désormais à la réintégration des chaînes de création de valeur.
Un rapatriement en croissance

Les grandes entreprises internationales sont fortement dépendantes des chaînes d’approvisionnement mondiales. En raison du haut niveau de division de travail et de la mondialisation des échanges, les perturbations actuelles dans l’approvisionnement touchent même des petites entreprises. Les Etats se concentrent désormais à la réintégration des chaînes de création de valeur. L’Union européenne prévoit de développer ses capacités de production de semi-conducteurs pour réduire sa dépendance vis-à-vis de Taïwan, principal producteur de ces composants. De leur côté, les Etats-Unis continuent à augmenter leur production de pétrole et de gaz. La Chine cherche quant à elle à renforcer à son économie intérieure à la suite du conflit commercial avec les Etats-Unis.

Pas d’inversion de tendance en vue

Les combats restent intensifs en Ukraine et il ne semble pas que les conflits commerciaux et autres sanctions vont être levés dans un proche avenir, bien au contraire. Aussi, la pression sur les matières premières restera-t-elle élevée, tout comme les goulets d’étranglement dans l’approvisionnement en matières premières, combustibles et puces électroniques. Comme d’habitude, quand les bourses s’agitent, les titres défensifs sont au meilleur de leur forme. Et c’est le grand avantage du SMI, lequel regorge d’entreprises solidement installées dans leur domaine, dont les grandes entreprises pharmaceutiques. Les entreprises à forts dividendes peuvent également représenter un investissement intéressant pour un rendement stable et attractif. Garder un peu de liquidité pourrait également s’avérer avantageux pour profiter des fluctuations de cours – ou pour s’en protéger.

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