Pour les investisseurs institutionnels, la récession est inévitable mais la stagflation sera la plus grande menace

Communiqué, Natixis

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Les investisseurs institutionnels du monde entier anticipent des hausses de taux d'intérêt, de l'inflation et de la volatilité en 2023, selon les résultats d'une nouvelle enquête publiée par Natixis Investment Managers.

  • La majorité des investisseurs institutionnels pense que l'inflation restera élevée et que la politique de la banque centrale ne peut à elle seule y remédier. Près de la moitié (49%) pense qu'un atterrissage en douceur n'est pas réaliste.
  • La hausse des taux rend les obligations à nouveau attrayantes, mais les liquidités suscitent des inquiétudes.
  • Les investisseurs ne s’accordent pas sur les perspectives des marchés actions, mais sont optimistes pour le capital-investissement et les actifs privés en général. En outre, ils sont pessimistes pour l'immobilier traditionnel et favorables aux investissements ESG, en particulier actions des pays développés et obligations vertes.
  • Les perspectives des marchés émergents dépendent du bras de fer géopolitique entre les États-Unis et la Chine, alors que les fluctuations monétaires et la diminution des opportunités d'investissement sur ces marchés sont envisagées sous l'angle d'un investissement ESG plus pointu.

Les investisseurs institutionnels du monde entier se dirigent vers 2023 avec une vision pessimiste de l'économie et des perspectives mitigées pour les marchés. Ils anticipent des hausses de taux d'intérêt, de l'inflation et de la volatilité en 2023, selon les résultats d'une nouvelle enquête publiée aujourd'hui par Natixis Investment Managers (Natixis IM). La grande majorité des répondants (85%) pense qu'il y a ou qu'il y aura une récession l'année prochaine, 54% estimant que cela est nécessaire pour maîtriser l'inflation.

Les investisseurs professionnels considèrent une politique inadaptée des banques centrales comme l'une des plus grandes menaces pour l'économie. Mais la plupart d'entre eux (65%) affirme que le risque de récession, résultat probable de l’action des banques centrales, n'est rien comparé au risque de stagflation, c'est-à-dire une période de croissance négative du PIB accompagnée d'une inflation persistante et d'une spirale du chômage.

Toutefois, l’inflation n’est pas perçue comme entièrement négative: compte tenu des perspectives de poursuite de la lutte contre l'inflation par les banques centrales avec des hausses de taux dans la nouvelle année, sept investisseurs institutionnels sur dix (72%) pensent que la hausse des taux entraînera une résurgence des investissements traditionnels à revenu fixe, tandis que 56% sont optimistes quant aux marchés obligataires en 2023.

«Malgré de forts vents contraires, les investisseurs institutionnels restent optimistes sur la plupart des classes d'actifs et voient une opportunité de croissance pour la gestion active dans un contexte de perturbation continue du marché. Après une décennie de flambée des cours des actions alimentée par des taux d'intérêt bas, 2023 est l'année où le marché reconnaît à nouveau que les valorisations comptent et que les arguments en faveur des titres à revenu fixe traditionnels sont plus convaincants», déclare Sophie Courmont, Managing Director et responsable pour la Suisse romande, Israël et Monaco chez Natixis IM.

«Les conditions de marché en 2023 seront très différentes de ce que les investisseurs professionnels ont connu au cours de la dernière décennie. Dès lors, nous devrions assister à des mouvements d’allocation tactiques de la part des investisseurs de manière à maintenir un niveau de risque réduit au sein des portefeuilles, tout au long du premier semestre 2023, dans une logique «attentiste». Les investisseurs favoriseront les titres de qualité supérieure, obligations souveraines et d’entreprises saines (investment grade) et actions d’entreprises de qualité, dotées d’un fort pricing power, capables de protéger leur chiffre d'affaires. L’intégration des critères de durabilité se poursuivra en 2023, avec notamment un intérêt soutenu pour les obligations vertes», ajoute Olivier Bluche, responsable des ventes institutionnelles pour la Suisse romande chez Natixis IM.

Perspectives du marché en 2023: plus haussier que baissier, plus de volatilité à coup sûr

Alors que l'inflation et les taux d'intérêt sont les deux principales préoccupations des investisseurs institutionnels en matière de risque de portefeuille, 57% d'entre eux citent la guerre comme la plus grande menace économique mondiale – un sentiment qui est le plus fort en Europe (68%). La détérioration des relations entre les États-Unis et la Chine est également considérée comme une menace majeure, comme l’affirment 47% et 53% des répondants en Asie et aux États-Unis, respectivement, après les élections de mi-mandat (contre 25% avant les élections). Enfin, 65% des investisseurs institutionnels dans le monde pensent que les ambitions géopolitiques de la Chine conduiront à une bifurcation de l'économie mondiale en un ordre à deux mondes, la Chine et les États-Unis représentant les plus grandes sphères d'influence.

Les investisseurs sont divisés quant à l'impact de la politique sur les performances économiques: 53% prévoient un atterrissage en douceur alors que 47% prédisent un atterrissage en catastrophe. 69% s'accordent à dire que les valorisations ne reflètent toujours pas les fondamentaux, mais 72% pensent que les marchés finiront par se rendre compte que les valorisations sont importantes.

Par ailleurs, 60% pensent que les actions de grande capitalisation surpasseront les petites capitalisations, et que la surperformance proviendra probablement des secteurs de la santé, de l'énergie et de la finance. Les investisseurs institutionnels pensent que les secteurs de la consommation discrétionnaire (42%) et de l'immobilier (47%) sont les plus susceptibles de sous-performer, car 2023 verra une hausse des taux et une baisse des prix des logements.

Les investisseurs sont surtout haussiers sur le capital-investissement (62%) et les obligations (56%), et divisés sur les actions et la dette privée. Ils sont principalement pessimistes à l'égard de l'immobilier commercial (82%), 61% d'entre eux estimant que la prévalence actuelle du travail à distance entraînera une forte dépréciation des actifs immobiliers commerciaux.

Avec le regain d'intérêt pour les obligations et le retrait progressif des banques centrales de leurs programmes d'achat d'actifs, la question de la liquidité se pose avec acuité. Le nombre d'investisseurs institutionnels qui citent la liquidité comme l'un des plus grands risques pour leur portefeuille l'année prochaine a presque triplé, passant de 13% il y a un an à 36%.

Générer des rendements en 2023: les investisseurs se tournent vers l'ESG et les stratégies alternatives

Alors que les perspectives macroéconomiques ne devraient pas bouleverser les changements de stratégie d'allocation, l'enquête a révélé que 53% des investisseurs les plus importants au monde réduisent activement le risque dans leurs portefeuilles par des mouvements d'allocation tactiques qui révèlent un passage à la qualité dans les stratégies à revenu fixe et alternatives pour des rendements plus élevés, des rendements stables et une couverture contre les risques de baisse.

Dans le cadre de cette évolution, 62% pensent que l'on peut trouver de l'alpha dans l'ESG, et 59% prévoient d'augmenter les investissements ESG.

La moitié des investisseurs institutionnels qui possèdent des obligations vertes à l'échelle mondiale prévoient d'augmenter leurs investissements, tandis que presque le même nombre d'entre eux déclarent qu'ils maintiendront leur allocation actuelle. En Asie, environ sept investisseurs sur dix (68%) actuellement investis dans des obligations vertes prévoient d’augmenter leurs allocations. Il en va de même pour 54% des investisseurs de la région EMEA. Seuls 4% prévoient de réduire leurs avoirs.

Même si les taux sont en hausse, la quête de rendement, qui dure depuis une décennie, pourrait encore poursuivre les équipes d'investissement. En effet, six investisseurs sur dix (61%) déclarent que leur organisation se tourne vers des investissements alternatifs pour remplacer le rendement. Le plus grand nombre (44%) prévoit d'augmenter les allocations aux infrastructures en 2023, 43% prévoient d'augmenter les allocations au capital-investissement et 36% aux investissements en dette privée.

Les allocations alternatives sont également une tactique pour atténuer le risque, car deux tiers des institutions affirment qu'un portefeuille composé de 60% d'actions, 20% de titres à revenu fixe et 20% d'alternatifs est susceptible de surperformer les portefeuilles 60/40 traditionnels.

Mouvements de portefeuille: repositionnement tactique dans un marché qui appelle une gestion active

60% des investisseurs déclarent que leurs investissements actifs ont surperformé leur indice de référence au cours des 12 derniers mois et reconnaissent les limites des investissements indiciels en période de volatilité. Compte tenu des perspectives pour 2023, 74% pensent que les marchés favoriseront la gestion active en 2023.

Les investisseurs se tourneront probablement vers les actifs privés pour soulager la partie actions des portefeuilles, car environ la moitié (48%) pense que les marchés privés constitueront un refuge en cas de récession. La confiance dans la capacité de la classe d'actifs à remplir ce rôle n'a cessé de croître depuis les perspectives de Natixis IM en 2021, où seuls 35% étaient d'accord, et en 2022, où 45% pensaient de même.

Au sein des actions, les investisseurs institutionnels sont les plus susceptibles d'augmenter leurs allocations aux actions américaines (41%), suivies des actions de la région Asie-Pacifique (33%) et des marchés émergents (33%).

En ce qui concerne les marchés émergents, ils voient les meilleures opportunités de croissance en Asie hors Chine. Les deux tiers (66%) s’accordent sur le fait que les marchés émergents sont trop dépendants de la Chine, et 74% pensent que les ambitions géopolitiques de la Chine rendent le pays moins attractif pour les investisseurs.

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