Pas de bulle spéculative sur les actions

Yves Hulmann

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Pour Michael Strobaek, Global CIO chez Lombard Odier, la hausse des marchés des actions s’appuie sur des bénéfices solides chez les entreprises.

Une croissance de l’économie américaine plus élevée que dans les autres pays développés, un billet vert plus fort que jamais et des marchés des actions qui restent attrayants en dépit de valorisations déjà élevées. Telles se résument dans les grandes lignes les perspectives d’investissement pour 2025 présentées mardi par Lombard Odier dans le cadre d’un webinaire. Pour Samy Chaar, économiste en chef chez Lombard Odier, la surperformance de l’économie américaine par rapport aux autres économies des pays développés devrait se poursuivre l’an prochain. «La politique de Donald Trump devrait être positive pour les Etats-Unis même si elle pose des risques pour le reste du monde», a-t-il déclaré à propos de l’année qui sera marquée par l’entrée en fonction du nouveau président américain. Côté positif, les baisses d’impôts devraient être bénéficiaires à court terme pour l'économie américaine tandis que les mesures de déréglementation devraient l'être à plus long terme. A l’inverse, l’imposition de droits de douane punitifs sur les produits importés aux Etats-Unis provenant de nombreux pays devrait être négative à court terme, tandis que c’est plutôt le creusement des déficits qui devrait avoir un impact négatif à long terme. Dans l’ensemble, l’économie américaine croîtra à un rythme supérieur à son potentiel de croissance à long terme.

Les droits de douane auront un impact limité sur l’inflation aux Etats-Unis

Quels sont les risques à considérer? Pour Samy Chaar, le risque de récession apparaît désormais limité. Pour 2025, Lombard Odier table ainsi sur un taux de croissance du PIB américain de 2,4%, davantage que ce qui est attendu par le consensus (1,9%). Et si le marché du travail montre des signes de ralentissement aux Etats-Unis, il n’y a pas de raison de s’inquiéter de son niveau de vulnérabilité.

«Les marchés des actions tendent à progresser durant l’année qui suit la première baisse des taux effectuée par la Fed, à condition qu’une récession soit évitée.»

Quant au niveau des prix, la tendance à la désinflation se poursuivra. Certes, l’inflation aux Etats-Unis, estimée à 2,4% en 2025, restera légèrement au-dessus de l’objectif visé mais elle reste sur la même trajectoire. L’imposition de droits de douane ne devrait pas changer la donne fondamentalement: «Selon notre scénario modéré, les droits de douane imposés par Donald Trump ne devraient augmenter l’inflation que modestement», anticipe l’économiste.

France: une crise de nature politique, pas économique

De ce côté de l’Atlantique, une reprise est attendue dans la zone euro en dépit des tensions politiques et géopolitiques. Selon l’économiste, il faut certes tenir compte de la situation politique actuelle en France et des difficultés en Allemagne. Pour autant, estime Samy Chaar, il s'agit d’une crise politique en France mais pas d’une crise économique. En outre, même si les écarts de taux s’est creusé entre les obligations françaises et allemandes, les rendements évoluent eux, dans leur ensemble, à la baisse.

Comment ces différentes tendances influeront-elles les choix d’investissement de la banque genevoise l’an prochain? Selon Michael Strobaek, directeur des investissements (CIO) chez Lombard Odier, les marchés des actions tendent à progresser durant l’année qui suit la première baisse des taux effectuée par la Réserve fédérale américaine, à condition qu’une récession soit évitée. Pour l’expert, les valorisations des actions sont certes déjà très élevées sur de nombreux marchés boursiers, en particulier là où les perspectives bénéficiaires sont solides. A l’inverse, là où les multiples semblent plus attractifs, les projections de bénéfices sont moins attrayantes. Le stratège de rester confiant envers le potentiel des actions américaines.

Parmi les marchés développés hors des Etats-Unis, la préférence de la banque va aux actions japonaises. Parmi les marchés émergents, l'établissement privilégie les actions coréennes et taïwanaises.

Le dollar américain sera l’un des principaux bénéficiaires de la nouvelle administration Trump

Compte tenu d’une progression de plus de 26% affichée depuis le début de l'année pour l’indice S&P 500 aux Etats-Unis, comparé à un rendement (en dollars) de 1,8% pour les valeurs helvétiques et de 1,9% pour celles de l’Euro Stoxx 50, n’y a-t-il un risque de bulle sur les marchés des actions américains? Ce n’est pas l’avis de Michael Strobaek: «Je ne suis pas dans le camp de ceux qui pensent que nous nous trouvons dans une bulle. La hausse des marchés est portée par des perspectives bénéficiaires solides et une hausse de la productivité des entreprises aux Etats-Unis. Je ne crois pas que l’on vive dans une bulle spéculative actuellement», a conclut Michael Strobaek au sujet des marchés des actions.

Les investisseurs en actions américaines devraient en outre profiter de la force du dollar américain qui sera l’un des principaux bénéficaires de la nouvelle administration Trump, comme le souligne Lombard Odier dans le cadre de la présentation de ses dix convictions d’investissement pour 2025.

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