Le coût du cacao - l'ingrédient essentiel du chocolat – a récemment atteint un niveau record, dépassant les 10'000 dollars par tonne métrique. Cela représente une augmentation stupéfiante de plus de 130% depuis le début de l'année. Il convient de noter que le chocolat est dérivé du fruit du cacaoyer, originaire d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud. Ces fruits de cacao, appelés cabosses, contiennent environ 40 fèves de cacao chacun. Ces fèves sont ensuite séchées et torréfiées pour obtenir la pâte de cacao.

Malheureusement, les conditions météorologiques défavorables et les maladies des arbres en Afrique de l'Ouest, responsable de la production d'environ deux tiers du cacao mondial, ont gravement affecté la production dans des pays comme la Côte d'Ivoire et le Ghana, les principaux producteurs de fèves de cacao au monde. Les fabricants de chocolat utilisent les fèves de cacao broyées pour produire la liqueur et le beurre de cacao nécessaires à la fabrication de leurs produits. Le phénomène El Niño a provoqué de fortes pluies en décembre, ce qui a endommagé les cultures et favorisé la propagation de la redoutable maladie des cabosses noires. En outre, des facteurs tels que la chaleur extrême, le vieillissement des cacaoyers et l'exploitation minière illégale ont contribué à réduire la production.

Simultanément, les stocks de cacao dans les ports américains sont tombés à leur niveau le plus bas depuis près de trois ans en janvier. Les chocolatiers américains ont transformé 3% de fèves de cacao en moins au quatrième trimestre par rapport à la même période de l'année précédente. Pour ne rien arranger, le sucre, l'autre ingrédient clé du chocolat, a vu son prix augmenter d'environ 25% au cours de l'année écoulée.

Toutes les entreprises chocolatières ne sont pas confrontées aux mêmes défis. En 2023, Lindt, chocolatier suisse, a enregistré une croissance impressionnante de ses ventes de 10,3% d'une année sur l'autre

Les analystes prévoient que la pénurie mondiale de cacao atteindra sa quatrième année d'ici à 2025, avec des prévisions de plus en plus nombreuses d'El Niño qui domineront les conditions météorologiques mondiales.

L'impact sur les chocolatiers du monde entier a été mitigé 

Si certains ont absorbé la hausse des coûts, d'autres en ont fait les frais. Hershey, le plus grand fabricant de chocolat des États-Unis, a récemment annoncé une baisse de 11,5% de ses bénéfices au quatrième trimestre par rapport à l'année précédente. En outre, la marge d'exploitation de l'entreprise a chuté de 240 points de base, s'établissant à 17,5%, principalement en raison de l'augmentation des coûts. Le PDG de Hershey's s'est dit préoccupé par le fait que la flambée des prix du cacao continuera à limiter la croissance des bénéfices de l'entreprise en 2024. Dans le cadre d'une stratégie de réduction des coûts, Hershey a annoncé son intention de réduire ses effectifs de 5%, afin de réduire ses dépenses annuelles de 300 millions de dollars.

Cependant, toutes les entreprises chocolatières ne sont pas confrontées aux mêmes défis. En 2023, Lindt, chocolatier suisse, a enregistré une croissance impressionnante de ses ventes de 10,3% d'une année sur l'autre, avec un bénéfice net en hausse de 17,9%. Il est intéressant de noter qu'une grande partie de la croissance de Lindt est due à des augmentations de prix: l'entreprise a augmenté ses prix de 10,1% au cours de la même période.

Nestlé, un autre acteur majeur du secteur, reconnaît la nécessité de gérer la hausse des coûts. Tout en s'efforçant de maintenir les normes de qualité les plus élevées, elle peut occasionnellement ajuster les prix ou le poids des produits.

Au-delà des barres chocolatées, d'autres produits qui dépendent du cacao comme ingrédient, tels que les cosmétiques et les produits pharmaceutiques, peuvent également subir des hausses de prix ou des perturbations dans leurs chaînes d'approvisionnement. Il ne faut pas oublier que l'impact des fluctuations du prix du cacao sur les entreprises chocolatières n'est pas immédiat. En moyenne, il faut entre 6 et 12 mois pour que les entreprises répercutent pleinement les variations des prix du cacao (de la même manière que le secteur chimique réagit aux fluctuations des prix du pétrole).

Toutefois, le pouvoir de fixation des prix a ses limites et si les prix du cacao continuent d'augmenter, cela affectera sans aucun doute les marges et les ventes de tous les producteurs de l'industrie.