Main Street, le dernier défi des banques centrales

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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Le temps presse. Les tensions politiques sont fortes des deux côtés de l’Atlantique et la pression pour annuler les dettes publiques s’accentue.

Depuis plus de dix ans, elles sont les gardiennes de la stabilité et de la sécurité financières mondiales. La pandémie l’a rappelé avec force: dès les premiers signaux d’alerte en Europe et aux Etats-Unis, la BCE et la Fed sont intervenues rapidement et massivement pour prévenir la rupture des circuits de financement internationaux et éviter qu’une crise financière viennent démultiplier l’impact déjà considérable de la crise économique.

Le résultat a été à la hauteur des milliers de milliards de dollars et d’euros injectés: le crédit est reparti – avec même un record mondial d’émissions obligataires au premier semestre 2020 – les Etats ont pu promettre des plans de relance colossaux – plus de 10% du PIB en moyenne des deux côtés de l’Atlantique! – sans crainte de se retrouver en panne de financement… et les marchés actions ont spectaculairement rebondi depuis le bas du 19 mars, avec même des records historiques pour les indices américains, Nasdaq en tête.

Pour réussir ce nouveau tour de force, les banques centrales se sont coordonnées – avec des contrats de swaps signés par la Fed avec ses principales homologues pour garantir la liquidité mondiale en dollars et des accords de prise en pension de titre (repo) pour la BCE - et ont mis en place de nouveaux outils. C’est ainsi que les crédits consommation et les crédits étudiants ont été inclus dans le programme de rachats d’actifs de la Fed et que la BCE a largement assoupli les règles de qualité et d’origine géographique des titres éligibles à ses opérations monétaires.

Christine Lagarde a, elle aussi, intégré dans ses priorités stratégiques d’être plus
proche des citoyens de la zone euro mais les initiatives concrètes tardent à venir.

Reste néanmoins un dernier défi, majeur celui-là: se rapprocher des citoyens. Le contraste est en effet criant entre les cohortes de chômeurs, les difficultés des commerces et des petites entreprises et les prix des actifs, financiers ou immobiliers dans les grandes métropoles, qui restent très élevés, souvent inaccessibles à la classe moyenne.

L’échec du «Main Street Lending Program» de la Fed est à ce titre significatif: sur les 600 millions de dollars prévus pour soutenir les PME américaines, moins de 100 millions ont été utilisés un mois après son lancement. Christine Lagarde, lors de sa prise de fonction comme présidente de la BCE, a, elle aussi, intégré dans ses priorités stratégiques d’être plus proche des citoyens de la zone euro mais les initiatives concrètes tardent à venir.

Le temps presse désormais. Les tensions politiques sont fortes des deux côtés de l’Atlantique et les pressions se multiplient pour annuler les dettes publiques, voire verser directement de l’argent depuis les banques centrales vers les agents économiques. Pour résister et maintenir leur indépendance, le soutien des citoyens est indispensable aux institutions monétaires. La crédibilité de la monnaie est à ce prix.

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