Les stratégies de l’UE pour uniformiser la notion de durabilité

Yves Hulmann

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Les spécialistes s’accordent sur la nécessité de définir des labels pour les placements verts lors d’une conférence organisée par Candriam.

Les placements durables figurent désormais en bonne place parmi l’offre de produits financiers proposés par la plupart des établissements financiers. Compte tenu des multiples concepts existants en matière de durabilité, comment peut-on s’assurer que le contenu des placements présentés sous cette étiquette corresponde effectivement aux attentes des investisseurs? Pour clarifier la situation, l’Union européenne travaille sur différents projets visant à uniformiser la notion de durabilité. Parmi les deux projets les plus avancés faisant déjà l’objet d’une proposition législative dans l’UE, il y a notamment celui d’élaborer une classification (ou «taxonomy» en anglais) des activités économiques durables, comme l’a expliqué Philip Owen, responsable des activités liées au climat auprès de l’UE, lors d’une conférence consacrée à l’investissement durable organisée par Candriam à Bruxelles. Selon l’expert, définir la notion des activités économiques durables est même «certainement l’étape la plus importante» pour promouvoir l’investissement durable.

Six objectifs

Comment procéder? Selon la proposition actuelle de la Commission européenne, une activité économique serait considérée comme durable dès lors qu’elle satisfait à au moins un objectif contribuant à la protection de l’environnement parmi six: contribution à la réduction ou à l’adaptation au changement climatique, utilisation durable de l’eau et des ressources marines, prévention du gaspillage, prévention et contrôle de la pollution et protection des écosystèmes.

Eviter le «greenwashing» grâce à des critères plus standardisés

Cette classification définie par l’UE poursuit différents objectifs: il s’agit tout d’abord d’établir une base commune permettant de définir des labels pour les produits financiers «verts». Il s’agit ici de formuler des critères qui doivent être remplis par les gérants d’actifs ou les conseillers en investissement s’ils veulent prétendre qu’un produit financier est «vert», a poursuivi Philip Owen. L’objectif est évidemment aussi de prévenir le «greenwashing», à savoir des produits financiers qui prétendent être «verts», sans pour autant contribuer à la réalisation d’objectifs environnementaux. Et, finalement, l’objectif est aussi d’aider l’industrie financière à pouvoir concevoir des produits financiers «verts».

Limite ténue entre «green» et «dirty»

Une fois la notion de placement «vert» clarifiée, le travail n’est de loin pas terminé. Comme l’a souligné Wim Van Hyfte, responsable global des investissements responsables et de la recherche chez Candriam, on ne peut pas simplement séparer les activités vertes («green») de celles qui sont nuisibles pour l’environnement («dirty»). La voiture électrique constitue un exemple de cette difficulté. Certes, les voitures électriques n’émettent pas de CO2 lorsqu’elles circulent et sont entièrement propres de ce point de vue. En revanche, leur fabrication implique, elle, de nombreuses activités polluantes, au niveau des batteries notamment. Dans ce contexte, il est, d’un point de vue environnemental, nécessaire de continuer à soutenir les efforts pour améliorer l’efficacité des moteurs à combustion, en modifiant notamment les composants pour alléger le poids des véhicules. Une réduction de 10% du poids des véhicules conduit à une diminution de 7% des émissions de CO2 des voitures. 

Ainsi, plutôt que d’exclure d’emblée des activités jugées polluantes, il vaut aussi la peine, d’un point de vue durable, de trouver des solutions pour en améliorer l’efficacité. Comme le résume Wim Van Hyfte, «dans chaque secteur considéré comme sale, il existe des entreprises qui sont aussi une partie de la solution pour réduire les nuisances à l’environnement».
 

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