Les provisions pour pertes bancaires sont-elles derrière nous?

Mark Holman, TwentyFour Asset Management

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Le deuxième trimestre étant terminé aux deux tiers, les banques américaines affichent de meilleures performances que prévu.

Il y a plusieurs semaines, le PDG de Bank of America Merrill Lynch, Brian Moynihan, a déclaré que les pertes sur prêts n’étaient pas aussi importantes ni aussi rapides que les prévisions habituelles en cas de récession, notamment dans le cadre d’une récession de cette ampleur.

Moynihan a ajouté qu’il tablait sur le fait que les pertes surviennent en temps voulu, et nous n’avons pas réfléchi davantage à son commentaire. Après tout, nous venions d’entendre la plupart des banques cotées en bourse déclarer leurs résultats pour le premier trimestre et tenter de prédire le reste de l’année; et il n’apparaissait pas encore clairement combien de temps dureraient les différentes fermetures économiques et de quelle manière elles se traduiraient en termes de pertes de crédit.

Les provisions pour le deuxième trimestre pourraient
ne pas être aussi conséquentes que ce nous craignions.

Nous avons néanmoins entendu cette semaine d’autres suggestions éclairées selon lesquelles les provisions pour le deuxième trimestre pourraient ne pas être aussi conséquentes que ce nous craignions, ce qui nous a contraints de réexaminer la manière dont les banques luttent contre la crise.

Des niveaux de capital élevés

En décortiquant la série de résultats des banques pour le premier trimestre, la tâche la plus ardue pour les investisseurs fut d’évaluer dans quelle mesure les différentes banques avaient anticipé en passant des provisions pour pertes, car c’est la première fois qu’elles entraient en récession avec des niveaux de capital aussi élevés. En d’autres termes, elles pouvaient se permettre d’être agressives, d’autant plus que les dividendes étaient conservés. Nous savions que les pertes seraient importantes à court et moyen terme, mais à quel moment les banques chercheraient-elles à les anticiper?

Sans citer de noms, il nous a paru évident que les approches étaient très différentes d’une région à une autre, mais aussi d’une entreprise à une autre. En fin de compte, nous dépendrions beaucoup de «l’ADN» des entreprises pour évaluer leur performance pendant la période de crise. Les banques scandinaves ne sont, par exemple, généralement pas des prêteurs à risque, tout comme les banques hypothécaires suisses ou britanniques. Certaines banques affichent beaucoup de diversité dans leurs activités, tandis que d’autres présentent un niveau de diversité plus faible, peut-être par le biais de banques d’investissement de petite taille. D’autres peuvent être des spécialistes de l’immobilier commercial ou fortement exposées aux secteurs des PME à risque. Cet «ADN» nous offre probablement le plus gros indice quant à la façon dont la crise pourrait affecter chaque établissement. L’expérience du passé contribue encore beaucoup à l’effort de surmonter cette crise.

Nous pouvons tabler sur une nette hausse
des niveaux de fonds propres des banques.

Tout compte fait, après le premier trimestre, nous étions certains qu’il y aurait beaucoup plus de pertes à venir, même si nous étions également persuadés que face à la solidité relative des bilans des banques, nous serions en mesure d’éviter une crise financière.

L’augmentation du capital des banques de nouveau attendue

Ce à quoi nous ne nous attendions absolument pas, c’était d’entendre le président-directeur général de la plus grande franchise bancaire du monde, Jamie Dimon de JP Morgan, annoncer d’après le cas de référence de son entreprise pour l’année 2020, que les banques américaines pourraient ne pas avoir à ajouter davantage aux importantes provisions pour risques de crédit constituées au premier trimestre.

Je rejetterais habituellement ce type de remarque comme étant indûment optimiste et conclurais que Jamie Dimon parlait simplement de son propre cas. Cependant, compte tenu de la taille et de la portée de ses activités, JP Morgan est exceptionnellement bien placée pour dresser ce bilan en fonction de ce qu’elle voit au jour le jour, «sur le terrain», chez ses clients, nous devons donc au moins considérer que les commentaires reflètent des pertes sur prêts moins importantes que prévu, ce qui correspond exactement aux déclarations de Brian Moynihan de BAML.

Ainsi, pour les banques américaines, le deuxième trimestre, désormais aux deux tiers, pourrait être, d’après notre lecture, étonnamment correct, surtout si l’on considère que leurs opérations de banque d’investissement auraient également dû connaître un bon trimestre. Il n’est donc pas étonnant, selon nous, que les valeurs boursières aient bondi. Pour ce qui est du crédit, nous pouvons donc tabler sur une nette hausse des niveaux de fonds propres des banques, car les dividendes ne sont pas distribués et les bénéfices sont conservés.

Bien qu’il soit encore très difficile de croire que le provisionnement se trouve vraiment derrière nous, le deuxième trimestre pourrait bien s’avérer ne pas être aussi mauvais que le craignaient de nombreux participants sur les marchés obligataire et boursier.

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