Les obligations d’entreprises des marchés émergents à l’épreuve des crises offrent des rendements attractifs

Thomas Fischli Rutz, Fisch Asset Management

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Le premier semestre 2022 s' est ainsi caractérisé par une réduction considérable de l’appétit pour le risque des investisseurs, donnant lieu à des sorties de capitaux sur les segments obligataires des marchés émergents.

Les marchés émergents connaissent les crises et y sont familiarisés. Cet ensemble hétérogène englobe, en effet, plus de pays que tout autre marché d'investissement : il est normal que de failles surviennent, tous les trois ou quatre ans, dans l’une ou l’autre de ces nations, par exemple, l’Argentine. De plus, depuis le lancement de la classe d’actifs, il n’est pas nouveau que l’attention des médias se polarise plus spécifiquement sur les corrections et que les investisseurs se laissent déstabiliser plus facilement que lorsque des événements négatifs se produisent sur les marchés développés. Le premier semestre 2022 s' est ainsi caractérisé par une réduction considérable de l’appétit pour le risque des investisseurs, donnant lieu à des sorties de capitaux sur les segments obligataires des marchés émergents. Ceci s’ajoutant à une situation de crise bien connue pour provoquer d’importants reculs des cours.

Du point de vue des valorisations, les marchés des obligations d’entreprises des pays émergents se situent actuellement à des niveaux avantageux. Naturellement, le marché présente encore une volatilité très forte qui dissuade les investisseurs de se repositionner sur les obligations émergentes. Mais, quand le calme reviendra, que la prudence se dissipera et que les opérateurs de marché se seront habitués à une inflation durablement plus élevée que pendant les décennies précédentes, alors l’appétit pour le risque devrait connaître un regain généralisé et diriger des flux d'investissement dans la classe d’actifs. Les fondamentaux demeurent par ailleurs relativement attractifs par rapport à ceux des pays développés. De nombreux pays émergents réduisent leur dette nette et les bilans des entreprises sont globalement solides, ce dont témoignent également des taux de défaut modérés. Ceux-ci atteignent, en effet, tout juste 0,5%, exception faite des cas exceptionnels de l’Ukraine/Russie et du secteur immobilier chinois. De plus, certains pays émergents, comme le Brésil, ont relevé leurs taux d'intérêt depuis longtemps et ces interventions sont déjà intégrées aux prix du marché.

En ce milieu d’année, les obligations d’entreprises des marchés émergents présentent un profil risque/opportunité nettement amélioré. Maintenant que certains marchés actions de pays émergents, comme la Chine, renouent avec les gains et effacent une partie de leurs replis précédents, une évolution similaire est attendue dans le domaine des obligations. Offrant un coupon élevé (entre 8% et 10% sur le segment des titres High Yield), ces actifs présentent un potentiel de performance correspondant. D’une manière générale, le contexte actuel se prête mal aux prévisions et il n’est pas encore question de lever l’alerte. Il convient néanmoins de souligner la levée progressive des restrictions sanitaires radicales imposées par la Chine et la reprise des activités économiques qui en résulte. Les Chinois possèdent d'importantes liquidités, ce dont devrait bénéficier le tourisme, en particulier dans la région asiatique. La Chine pourrait fournir une impulsion à la croissance mondiale au moment où une normalisation aura lieu du côté occidental. L’époque actuelle n’en demeure pas moins difficile. Les investisseurs sont invités à ne pas perdre de vue les pays émergents à l’épreuve des crises, à mettre plus que jamais l’accent sur la diversification et à réaliser leurs placements par étapes.

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