Les investisseurs doivent-ils prendre le train du rebond des valeurs technologiques?

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Il convient de se concentrer sur les entreprises leaders dans leur secteur, qui dégagent de confortables flux de trésorerie et dont les bénéfices sont résistants.

Après quatre semaines consécutives dans le vert, l’indice S&P 500 a dernièrement recédé un peu de terrain. Les valeurs technologiques ont enregistré le repli le plus marqué (-2,6% pour le Nasdaq). Néanmoins, ces deux derniers mois, les valeurs technologiques américaines ont été les fers de lance du rebond des actions. Point de situation.

Les indices Nasdaq et NYSE FANG+ sont encore en hausse de près de 20% par rapport à leurs points bas respectifs de la mi-juin. Sur la même période, les indices Euro STOXX 50 et MSCI World Value ont enregistré une progression inférieure à 10%, tandis que le MSCI China a cédé environ 7%.

Des résultats meilleurs que prévu

Cette surperformance est clairement imputable à une série de facteurs. Les géants technologiques ont publié des résultats meilleurs que prévu, les craintes d’inflation à long terme (et les rendements obligataires) sont retombées et l’aversion au risque s’atténue. Dans le même temps, la Fed poursuit le relèvement de ses taux face à la forte inflation, l’économie mondiale ralentit et le risque de récession plane toujours.

Dans ces conditions, que doivent faire les investisseurs de leur exposition aux valeurs technologiques? Voici quelques conseils.

Ne pas prendre le train du rebond et profiter de réduire une exposition excessive.

Les valeurs technologiques internationales ont rebondi après avoir touché le fond au deuxième trimestre. Désormais, par rapport aux actions mondiales, elles présentent une valorisation légèrement supérieure à la moyenne des cinq dernières années.

Les investisseurs feraient bien de mettre à profit ce rebond pour ramener leur exposition à un niveau conforme à celle des indices de référence recommandés. En outre, il serait judicieux de réduire l’exposition aux titres à fort bêta, en procédant à un rééquilibrage au profit des segments de marché préférés, notamment les valeurs décotées et les valeurs de rendement de qualité.

Concentrer l’exposition existante aux valeurs technologiques sur des segments plus résistants.

Les industries technologiques cycliques telles que les semi-conducteurs, le matériel informatique et les médias digitaux pourraient être davantage vulnérables à une érosion de leurs bénéfices si la conjoncture macroéconomique se dégrade ou en cas de nouvelle correction des valeurs technologiques.

En revanche, l’e-commerce devrait mieux résister grâce à des effets de base favorables. Il en va de même pour les entreprises de logiciels et de services informatiques grâce à leur chiffre d’affaires en bonne partie récurrent. En outre, on décèle des opportunités ciblées liées à des thématiques de long terme comme la cybersécurité, l’automatisation et la robotique.

L’importance stratégique de la cybersécurité

La cybersécurité est l’un des segments les plus défensifs du secteur des technologies de l’information et l’investissement dans ce domaine semble moins risqué en raison de son importance stratégique.

A l’échelle mondiale, le coût moyen d’une cyberattaque a augmenté de 13% ces deux dernières années, atteignant un sommet historique de 4,35 millions de dollars, selon une récente étude du Ponemon Institute et d’IBM. Le cabinet de recherche et de conseil Gartner table sur un taux de croissance annuel composé de 10% pour les dépenses de cybersécurité entre 2021 et 2025. Néanmoins, compte tenu de la vigilance accrue suscitée par des failles de sécurité qui ont défrayé la chronique, la croissance des dépenses de cybersécurité pourrait dépasser nettement ces estimations.

Des perspectives pour l’automatisation et pour la robotique

Les entreprises exposées à l’automatisation et à la robotique offrent également de belles perspectives de croissance à long terme. Les tensions entre la Chine et les Etats-Unis, la pandémie et la guerre en Ukraine ont mis en évidence la vulnérabilité aux facteurs exogènes des chaînes d’approvisionnement mondiales.

Or ces crises devraient stimuler l’investissement dans les capacités de production locales. A plus long terme, la conversion du secteur manufacturier au digital devrait engendrer une nouvelle vague d’investissements dans l’automatisation.

Profiter de la volatilité des valeurs technologiques

Plutôt que de prendre des positions longues fermes sur les valeurs technologiques, les investisseurs peuvent envisager des stratégies sur produits structurés destinées à limiter les risques baissiers, tout en générant un rendement et en se réservant la possibilité de profiter des rebonds à court terme. Si l’on est intéressé par ces stratégies, il convient de se concentrer sur les entreprises leaders dans leur secteur, qui dégagent de confortables flux de trésorerie et dont les bénéfices sont résistants.

Par conséquent, même si le récent rebond des valeurs technologiques est compréhensible, cela ne veut pas dire que les investisseurs doivent parier là-dessus. Il leur est plutôt conseillé de réduire leur surexposition, d’opérer un rééquilibrage au sein du secteur au profit de segments mieux positionnés et de recourir à des stratégies adaptées à des conditions de marché plus difficiles pour les valeurs technologiques.

Privilégier les valeurs décotées

Dans l’ensemble, eu égard à la forte inflation, la Recherche d’UBS a toujours une préférence pour les valeurs décotées, notamment les actions internationales du secteur de l’énergie et les actions britanniques.

Compte tenu des perspectives économiques incertaines, il est aussi recommandé d’ajouter des positions défensives par le biais des actions internationales du secteur de la santé et des titres de rendement de qualité. Les hedge funds peuvent aussi être un levier de diversification lorsque l’on bâtit un portefeuille défensif en raison de l’accent mis sur la gestion des risques et sur l’atténuation des pertes en cas de baisse des marchés.

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