Les entreprises devront investir à long terme pour maintenir leur profitabilité record

Thomas Planell, DNCA Invest

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Les gains de productivité seront la clef de la préservation de la profitabilité.

© Keystone

Panique de 1907, krach de 1929, lundi noir de 1987… le mois d'octobre, temps mélancolique de l'adieu définitif à l'été est aussi, en bourse, celui de tous les tourments. «La mélancolie est une maladie qui consiste à voir les choses comme elles sont» écrivait Gérard de Nerval. Et en effet, voir les choses comme elles sont n'invitait guère les investisseurs à l'optimisme.

Entre l'onde de choc Evergrande, le ralentissement en Chine, puis en Allemagne (où la croissance au troisième trimestre progresse moins que prévu à 1,8% contre 2,2% attendu), les premiers grains de sable de l'inflation dans les rouages de l’économie et des comptes de résultats et le repli des banques centrales, il y avait de quoi céder au fatalisme d’une correction boursière en octobre.

Et pourtant, dès lors qu'ils ont écarté le scénario de la stagflation fin septembre, les marchés actions ont su retrouver la voie de l'optimisme en se focalisant ensuite sur les premiers résultats d’entreprises rassurants.

Parmi les entreprises européennes ayant publié, les deux tiers d’entre elles ont déjà battu les attentes de croissance des ventes et des profits, confirmant que la hausse du chiffre d’affaires, meilleure qu’attendue, est au rendez-vous de l’inflation des coûts.

L’investissement, c’est aussi la mesure la plus concrète de l’optimisme économique.

Les sociétés parviennent donc à préserver leur profitabilité mieux que prévu au point de voir les révisions bénéficiaires se poursuivre à la hausse! Comparés à leur niveau de 2019, les bénéfices par actions des sociétés du Stoxx 600 Europe devraient désormais progresser de 17% en 2021 (et de 24% en 2022). Aux Etats-Unis, la marge bénéficiaire des entreprises du S&P 500 atteint même un plus haut historique: 12% après impôts.

Mais le rythme des révisions haussières ralentit. Si l’inflation des matières premières et les coûts logistiques peuvent être transitoires, les tensions déjà perceptibles sur le marché de l’emploi et le renchérissement des coûts de production liés à la relocalisation peuvent en revanche s’inscrire dans la durée et peser à long terme sur les marges.

Les gains de productivité seront la clef de la préservation de la profitabilité. C’est tout l’enjeu de l’investissement privé des entreprises américaines: les CAPEX y progressent au rythme le plus fort depuis les années 1940 et sont déployés dans la modernisation (automatisation) de l’appareil productif manufacturier et dans sa digitalisation.

Les entreprises européennes ont malheureusement pris du retard. Contrairement aux groupes américains, elles continuent de privilégier les rachats d’actions au détriment des investissements qui campent très nettement sous leur niveau pré-crise. La mise en œuvre des programmes de relance européens dans les prochains mois pourrait changer la donne. L’investissement, c’est aussi la mesure la plus concrète de l’optimisme économique.

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