L’étude «Risiko-Check-up 2018» de Complementa, dirigée par Heinz Rothacher, révèle une hausse de la propension à investir durablement.
Après une année 2017 réjouissante pour les placements (+7,9%), les caisses de pensions doivent viser moins haut en 2018. Selon les estimations de Complementa, le rendement s’élève à -0,6% fin août, ce qui fait baisser le degré de couverture pour l’année en cours à 106,2% (état fin août 2018). Cette année, les salariés doivent donc de nouveau s’attendre à une rémunération moins élevée. Les nouveaux rentiers sont également confrontés aux baisses de prestations: le taux de conversion perd un dixième de point chaque année et s’établit actuellement à 5,8%. Selon les indications fournies par les 421 caisses de pensions participantes, le taux de conversion du capital de prévoyance ne sera plus que de 5,3% en moyenne dans 5 ans. L’analyse du thème spécial de cette année révèle en outre une hausse de la propension à investir durablement.
Il y a presque 10 ans jour pour jour, la crise financière atteignait son paroxysme avec la faillite désastreuse de la banque Lehman. Depuis, beaucoup de choses ont changé, y compris dans le 2e pilier.
Le mix de placements dans le 2e pilier laisse apparaître des tendances claires: la part des placements à taux fixe atteint un plus bas historique de 35,1% (en baisse de 8,5 points par rapport à 2017) tandis que la part des liquidités est maintenue à un niveau aussi faible que possible (-2,4%). En revanche, les actions (+3,8%), l’immobilier (+3,8%) et les placements alternatifs (3,3%) augmentent. Ces réallocations de portefeuille sont la réponse des caisses de pensions à l’environnement de taux durablement bas. Durant l’année écoulée, les repositionnements ont été exceptionnellement importants. Cette tendance n’est pas arrivée à son terme.
Le taux d’intérêt technique est un excellent exemple de l’impact de l’environnement de taux bas sur les caisses de pensions. Le taux technique, que l’on peut considérer comme une valeur prédictive des rendements futurs, a diminué de 3,8 à 2,3% depuis 2007. Les caisses de pensions ont déjà prévu de nouvelles baisses. Bien que la rémunération des assurés actifs (2,2%) ait été l’une des plus élevées depuis la crise financière, la rémunération pour l’année en cours devrait redescendre au-dessous de 2,0%.
L’espérance de vie de la population suisse n’a cessé de progresser au cours des 10 dernières années. Outre la baisse des taux d'intérêt, ce facteur démographique représente également un vaste défi pour les caisses de pensions. Les taux de conversion diminuent sous l’effet de ces changements. Alors qu’en 2007, le taux de conversion moyen était encore proche du taux minimal légal du régime obligatoire de 6,8%, il s’établit à 5,8% pour l’année en cours. Et selon les caisses de pensions, il ne s’élèvera plus qu’à 5,3% en 2023.
Bien que l’on ne puisse déduire aucune obligation d’intégrer la durabilité à partir du devoir de diligence fiduciaire visé à l’art. 51b LPP, 80% des participants à l’enquête souhaitent envisager des placements durables et investir dans ce domaine à l’avenir. Les placements durables recouvrent des catégories très diverses, sont généralement très complexes et ne sont pas compris de la même manière par tous les investisseurs. Il n’existe pas de définition fixe et le concept de durabilité fluctue sans cesse. C’est précisément ce caractère aléatoire que 75% des participants à l’enquête citent comme principal obstacle à la prise en compte des placements durables. La difficulté à mesurer la durabilité (72%) et les coûts élevés des produits durables (60%) sont également critiqués.
Toutefois, la majorité des participants (83%) estiment qu’il vaut la peine d’investir dans la durabilité pour son effet positif sur la société et l’environnement. Les caisses de pensions interrogées saluent également le fait que les critères de durabilité obligent les entreprises à mieux tenir compte des problèmes environnementaux. La relation entre performance financière et durabilité reste contestée: à peine la moitié des caisses interrogées citent comme motif d’engagement une performance plus élevée sur le long terme. Les réponses sont plus optimistes concernant l’évaluation des risques: environ 60% espèrent éviter les risques en intégrant des critères ESG.
Cette année, le degré de couverture s’inscrit en baisse à 106,2% à fin août 2018.
Les rendements 2017sont aussi élevés qu’en 2009.
2018: le taux minimal LPP est déjà fixé, les autres valeurs sont estimatives.
Les valeurs à partir de 2019 reposent sur les réponses à l’enquête concernant les réductions prévues.
Les caisses de pensions réduisent les titres à taux fixe en faveur des actions et des placements alternatifs.