Le risque géopolitique est devenu crucial pour les assureurs

AWP

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«Comme on peut s’y attendre, le risque numéro un est le risque géopolitique», a affirmé le CEO de Swiss Re Christian Mumenthaler à Zurich dans le cadre du Point Zero Forum.

Après une longue période de relative stabilité qui a suivi la reconstruction après la seconde guerre mondiale, les assureurs sont désormais confrontés à des risques inédits, complexes et toujours plus interconnectés, dont certains sont de nature à remettre en question le modèle d’affaires de la branche.

«Comme on peut s’y attendre, le risque numéro un est le risque géopolitique», a affirmé lundi le directeur général (CEO) de Swiss Re Christian Mumenthaler lors d’un colloque qui s’est tenu à Zurich dans le cadre du «Point Zero Forum», signalant également la montée du risque climatique et des préoccupations liées à l’avènement des nouvelles technologies (intelligence artificielle, cybersécurité) tous «étroitement interconnectés».

«Nous avons tendance à l’oublier, mais la création d’institutions multilatérales dans le sillage de la désolation de la seconde guerre mondiale s’est traduite par une période de prospérité inégalée dans l’histoire de l’humanité», a affirmé le dirigeant, signalant qu’on assiste depuis quelque temps à l’émergence de «forces négatives», un phénomène qu’il n’estime «pas inéluctable mais extrêmement préoccupant».

Climat politisé

Alison Martin, responsable de la région Europe, Moyen-Orient, Afrique (EMEA) et du secteur bancaire auprès de Zurich Insurance, s’est quant à elle émue de la politisation des enjeux climatiques. Selon elle, ces derniers représentent potentiellement une «menace existentielle pour notre modèle d’affaires», dans la mesure où l’ampleur et la probabilité des sinistres rendrait impossible la rémunération du risque.

Au risque physique direct en cas de catastrophes naturelles - dont la fréquence et la sévérité ont considérablement augmenté ces dernières années - est venu s’ajouter celui de poursuites juridiques. «La transition énergétique comporte également de nouveaux risques qu’il s’agit de comprendre», a poursuivi la dirigeante, signalant à titre d’exemple qu’il existe actuellement quelque 1800 types de turbines éoliennes.

«Nous pouvons réduire le risque existentiel pour la branche en assistant nos clients à atténuer l’impact des sinistres et garantir ainsi leur assurabilité», a expliqué Mme Martin. Dans ce contexte, les nouvelles technologies constituent de précieux atouts pour élaborer différentes modélisations basées sur d’énormes quantités de données, et ainsi mieux mesurer les risques.

Inégalités sous-estimées

Pour la responsable de l’assureur zurichois, la menace de la montée des inégalités sociales est un risque largement sous-estimé à l’heure actuelle. «J’ignore pour l’heure quel rôle la branche peut jouer», déplore-t-elle, signalant que «de nombreuses solutions existent» mais que la volonté politique fait défaut.

A une interpellation de l’ambassadrice ukrainienne en Suisse, Iryna Venediktova, concernant la reconstruction de son pays ravagé par la guerre, M. Mumenthaler a rappelé que selon la définition qui prévaut dans la branche depuis plus d’un siècle, un sinistre doit être le fruit du hasard pour être assuré et ne peut pas être causé par la main de l’homme, ce qui est le cas pour les conflits armés.

Le patron du numéro un mondial de la réassurance a cependant affirmé être «conscient de la situation en Ukraine» et travailler avec le gouvernement suisse et d’autres étrangers à la recherche de solutions. Et de signaler que malgré une «énorme dose de bonne volonté de la part des entreprises (...) je ne peux pas m’imaginer cela sans le soutien d’un acteur étatique».

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