Le coronavirus va-t-il changer nos modes de travail (et le climat)?

Simon Webber, Schroders

2 minutes de lecture

Il se pourrait que 2020 marque un tournant dans la prise de conscience des entreprises qu’elles peuvent en faire plus en voyageant moins.

La réponse sociétale à l’épidémie de COVID-19 a causé un choc à l’économie mondiale et aux marchés financiers. L’épicentre de ce choc se fait clairement ressentir dans le secteur du voyage alors que les projets de vacances sont annulés ou renvoyés à plus tard et que les entreprises annulent leurs conférences et passent au télétravail.

Cette évolution des modes de travail est intéressante d’un point de vue environnemental. L’existence d’outils permettant la tenue de réunions et de conférences virtuelles commençait déjà à apparaître clairement il y a 10 ou 15 ans.

En théorie, ils devraient considérablement accroître la productivité - il suffit de penser à la perte de temps et au coût associés aux aéroports, aux avions, aux hôtels et aux taxis. Or, le recours à ces outils ne s’est pas développé autant qu’on aurait pu le penser et les voyages d’affaires sont un vecteur de croissance majeur pour l’aérien et l’hôtellerie haut de gamme.

Les changements de comportement auxquels le coronavirus nous contraint de façon si spectaculaire sont susceptibles d’induire une réévaluation de la nécessité des réunions en face à face dans bien des cas. De nombreuses entreprises adoptent le télétravail tandis que réunions d’affaires et conférences passent en mode virtuel.

Les nouveaux modes de travail
pourraient induire un changement permanent.

Le fait d’être contraint de travailler ainsi des semaines voire des mois durant permet de concentrer les ressources de l’entreprise sur l’efficacité des systèmes. Il permet également aux salariés et aux clients de s’y habituer progressivement.

Certains parmi eux ne l’apprécieront guère, mais il est probable que beaucoup s’y rallieront et que les équipes de direction perçoivent l’avantage qu’offre une évolution plus permanente dans cette direction.

Les émissions liées aux voyages d’affaires sont la principale source de l’empreinte carbone de nombreuses entreprises du secteur des services. Or, un nombre croissant de sociétés s’engagent à réduire leur empreinte conformément à l’Accord de Paris visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre. Si le secteur du transport aérien ne parvient pas à trouver une technologie alternative aux moteurs à réaction, les entreprises n’ont d’autres choix pour réduire les émissions liées aux voyages d’affaires que de restreindre les déplacements.

En termes d’investissement, l’impact négatif sera plus durable pour les secteurs qui dépendent du recours sans cesse croissant au voyage longue distance. L’Association internationale du transport aérien (IATA) a indiqué le 5 mars que les pertes de chiffre d’affaires pour le secteur pourraient s’établir dans une fourchette de 63 à 113 milliards de dollars. Et ce avant la dernière série de restrictions imposées aux déplacements.

S’il est tentant de penser que les voyages d’affaires reprendront une fois l’épidémie maîtrisée, il est toutefois probable que les comportements auront déjà commencé à s’adapter.

Cependant, des opportunités d’investissement vont également apparaître. La demande de logiciels de travail à distance, de technologie de vidéoconférence et d’outils personnels plus performants à l’usage des salariés est en effet appelée à augmenter. Le graphique ci-dessous montre par exemple l’envolée des téléchargements de l’application Zoom de visioconférence fin février.

La réalisation des objectifs climatiques
impose un changement de comportement.

Pour résumer, jusqu’à ce que l’industrie du transport aérien développe une technologie permettant d’éviter de brûler du carburant dans la haute atmosphère, nous ne pouvons continuer à prendre sans cesse l’avion pour nous rendre à l’autre bout du monde tout en comptant résoudre la crise climatique.

Il se pourrait que 2020 marque un tournant dans la prise de conscience des entreprises qu’elles peuvent en faire plus en voyageant moins. A cet égard, s’habituer aux réunions virtuelles et aux gains de productivité considérables qu’elles peuvent apporter sera un effet secondaire positif de la réponse à la crise.

A lire aussi...