La revanche du politique

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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Le débat sur un taux d’imposition minimal illustre un changement majeur: le politique prend le pas sur l’économie, et le social sur le financier.

Les discussions avancent, le prochain G20 de juillet s’annonce décisif: l’impôt mondial minimal sur les sociétés est bel et bien en route. Bien sûr, de nombreuses incertitudes subsistent: niveau (12,5%, 15%?) modalités de perception, calendrier d’application… Mais l’élan est certain et les obstacles ne semblent pas de nature à faire échouer le dossier.

Au-delà des objections réelles sur l’atteinte à la maitrise de la fiscalité par les Etats et par les parlements des pays démocratiques, l’avancée indéniable des discussions montre que le retour du politique dans l’économie ne s’arrêtera pas avec la pandémie.

L’irruption du COVID-19 a été un accélérateur de tendances déjà bien établies. Dès 2016, le référendum autour du Brexit et l’élection de Donald Trump ont démontré la montée en puissance des problématiques de souveraineté et de retour de mécanismes de contrôle nationaux sur les flux économiques. Le changement de slogan des Brexiters en cours de campagne, de «Get Change» à «Get back Control» est éclairant: l’enjeu n’était plus de s’insérer dans le flux permanent du changement mais de permettre le retour du contrôle des individus et de la collectivité nationale.

L’endettement public a explosé et les démocraties occidentales
ont massivement nationalisé les salaires de pans entiers de l’activité.

La pandémie, et son cortège de mesures de soutiens gigantesques à l’économie, est venu accélérer les choses: l’endettement public a explosé et les démocraties occidentales ont massivement nationalisé les salaires – et certains loyers et frais fixes - de pans entiers de l’activité.

La fin annoncée de l’épidémie n’a pas arrêté les demandes de revalorisation de nombreuses professions, tout spécialement dans les secteurs publics dits «essentiels». Le retour de la pression fiscale devenait alors irrésistible.

Elle se manifeste par la remontée des droits de douane, par l’impôt mondial sur les sociétés, mais aussi par les débats de plus en plus vifs, des deux côtés de l’Atlantique, sur la taxation des hauts revenus, des patrimoines et des successions et sur la nécessité de laisser filer l’inflation et les salaires du bas de l’échelle. Le duo «Powell-Yellen» en particulier opère à ce titre un véritable renversement de l’approche «Reagan-Volcker» du début des années 1980 visant à comprimer à toutes forces la hausse des prix et à baisser les impôts.

Le retour de l’Etat se manifeste enfin par l’accélération de la pression des autorités concurrentielles sur les géants de la technologie, et par celle – tant au niveau national qu’européen - de la réglementation climatique et environnementale d’autre part. Autant s’y faire, le politique prime désormais. Les règles du jeu changent, les entreprises comme les particuliers devront s’y adapter, et rapidement! 

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