La pandémie de COVID-19 nous a clairement démontré l’importance d’un système de santé capable d’innover. Mais le sujet était déjà à l’ordre du jour avant, car les coûts de la santé augmentent fortement en raison de l’allongement de l’espérance de vie. Pour réduire les coûts, le recours aux nouvelles technologies est essentiel, explique Thomas Amrein, gestionnaire de fonds au Credit Suisse. À l’approche de la Journée mondiale de la santé, le 7 avril 2022, il montre l’étendue des possibilités de placement potentielles dans les entreprises de santé numérique.

Le vieillissement démographique est un phénomène que l’on observe depuis un certain temps déjà. En raison de la forte augmentation de l’espérance de vie et de la réduction considérable des décès précoces, il faut s’attendre à ce que l’augmentation de la proportion de personnes très âgées soit supérieure à la moyenne¹. Cette évolution est réjouissante, mais elle constitue un défi majeur en matière de coûts de santé. Avec l’âge, les dépenses augmentent de manière progressive, notamment en raison de la fréquence accrue des maladies chroniques. Grâce à la numérisation, une révolution est en cours dans le système de santé, qui, selon nous, a le potentiel de réduire sensiblement les coûts.

Le système de santé a été touché de plein fouet par le COVID-19. Partout dans le monde, le premier confinement a particulièrement entravé l’accès aux établissements de santé: la durée importante de la pandémie et les soins intensifs coûteux prodigués aux patients ont mis encore plus à contribution le personnel médical, déjà surchargé auparavant. Mais le COVID-19 a également apporté de nombreuses informations précieuses pour le système de santé². Les essais cliniques sont menés plus efficacement et les chercheurs se sont davantage mis en réseau. De nouvelles procédures telles que la technologie à ARN messager ont démontré la rapidité avec laquelle des vaccins efficaces pouvaient être développés. En outre, la télémédecine et les pharmacies en ligne poursuivent leur développement. Il faut maintenant s’appuyer sur ces progrès pour freiner la hausse des coûts du système de santé.

Nous pensons que la révolution technologique dans le système de santé offre de nombreuses opportunités de placement aux investisseurs, car le champ des entreprises dans le domaine de la santé numérique est très vaste. Citons par exemple la société Guardant Health, spécialisée dans le diagnostic personnalisé du cancer basé sur le sang plutôt que sur les tissus³. L’analyse du sang permet non seulement de réduire la complexité de l’examen, mais aussi de détecter les cellules cancéreuses avant la formation d’une tumeur. Dexcom a développé un capteur pour mesurer en continu le taux de glycémie chez les diabétiques, ce qui assure une surveillance facilitée et une fonction d’alarme qui signale aux patients qu’ils doivent s’injecter de l’insuline⁴. Le moniteur d’IRhythm permet une surveillance ininterrompue des paramètres de la fonction cardiaque afin de poursuivre au mieux le traitement d’une insuffisance cardiaque⁵.

Malgré des taux de croissance élevés, nous considérons que la numérisation du domaine de la santé en est encore à un stade précoce du cycle de croissance et qu’elle semble attrayante dans une optique de placement à long terme. Selon nous, même la grande volatilité actuelle des valorisations de ces titres, due aux incertitudes actuelles du marché, n’altère pas la vision positive des technologies de santé numériques. Nous voyons les États-Unis comme le plus grand marché de croissance, et nous identifions également un grand potentiel en Chine, au Japon et en Suisse. L’univers de placement peut être réparti en trois domaines: recherche et développement, traitements innovants et améliorations de l’efficacité. Ils forment ensemble un écosystème de technologies de santé numériques. Seule la synergie de ces trois domaines aboutit à des solutions qui procurent de grands avantages aux patients et en matière de coûts. C’est pourquoi nous considérons qu’il est essentiel d’investir dans toute la chaîne de création de valeur.