La pointe de l’iceberg

Salima Barragan

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Le pic d’inflation est à venir, prévient Bastian Gries d’ODDO BHF AM.

Les marchés obligataires ont enregistré sur le mois de mars des performances décevantes, dont un recul de 8% aux Etats-Unis en raison de l’augmentation des primes de risque et de l’écartement des spreads. Ils ont intégré les attentes d’inflation et le cycle de hausse des taux, dont le rythme dépendra de la vitesse de la croissance: «De faible à modérée, celle-ci laissera place à une revalorisation des actifs», estime Bastian Gries, responsable Global Investment Grade & Monétaire chez ODDO BHF AM, qui explique comment positionner un portefeuille d’obligations dans un tel contexte.

Face aux tensions géopolitiques, les titres «refuges» – dont l’investment grade – ont délaissé leur rôle du fait des revirements des programmes monétaires des banquiers centraux devenus plus hawkish: «La fin des tensions sur les prix attendue par la BCE ne s’est pas matérialisée, car nous devons faire face à un double choc inflationniste lié à la rupture de la chaine de production avec un choc lié à la guerre en Ukraine», souligne Bastian Gries qui remarque que la normalisation dans les changements de la chaine d’approvisionnement nécessite davantage de temps qu’anticipé en raison du COVID-19 qui sévit toujours en Chine et en Asie, ainsi que la crise énergétique qui affecte le prix de la nourriture et des produits chimiques.

Les prévisions macro-économiques restent incertaines tandis que la magnitude du ralentissement conjoncturel est au cœur des débats.

L’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) de la zone euro est passée de 5,8 à 7,5%, soit un demi-point de plus qu’anticipé par les économistes. «Les dynamiques sont intactes, mais nous n’avons pas encore vu le pic lié à la hausse du prix de l’énergie qui impactera le CPI dans les deux prochains mois, à moins d’une détente dans le conflit ukrainien», estime Bastian Gries qui s’attend à des chiffres supérieurs durant l’été.

A l’ouverture de la saison des résultats trimestriels de sociétés, les prévisions macro-économiques restent incertaines tandis que la magnitude du ralentissement conjoncturel est au cœur des débats. «Les récentes publications des PMI étaient encore plus fortes que pressenti. Cependant, la composante allemande des attentes de l'IFO a chuté à 85, ce qui est très bas et similaire aux COVID-19 ou à la crise financière de 2008. Du côté des entreprises, nous anticipons des profits warnings», souligne Bastian Gries qui compte avec davantage de volatilité. «On ne sera pas surpris de voir un revers sur les actifs risqués au cours des deux ou trois prochains mois, à moins que la situation géopolitique ne se détende, ce dont nous ne sommes pas convaincus», poursuit le gérant qui favorise les titres investment grade et une attitude défensive sur les maturités de 3-5 ans, car ces dernières constituent le point idéal pour éviter les risques des taux à moyen terme, tandis que les papiers spéculatifs sont devenus trop chers compte tenu du profil de rendement  et des incertitudes.

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