La baisse des menaces profite à l’ensemble des actifs risqués

Florian Roger, Exane Derivatives

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Les risques qui ont pesés sur l’économie mondiale durant l’année faiblissent au 4e trimestre. Un apaisement qui implique une plus grande sélectivité.

Le Brexit et la guerre commerciale ont porté un coup d’arrêt au processus de globalisation à l’œuvre depuis 40 ans. Ils ont entraîné un effondrement du commerce international et un ralentissement de l’investissement des entreprises dans la plupart des pays. 

Depuis le début du quatrième trimestre 2019, l’organisation d’élections générales au Royaume-Uni, la conclusion d’un nouvel accord de sortie entre les autorités britanniques et l’Union Européenne et l’avancée des négociations entre Chinois et Américains diminuent la probabilité d’un événement extrême. Cette réduction des risques systémiques entraîne une forte compression des primes de risque. 

La poursuite de la hausse généralisée des actifs risqués
est plus compliquée pour la fin de l’année.

Une poursuite du mouvement de hausse généralisée des actifs risqués devient plus compliquée pour plusieurs raisons: 1/la croissance du PIB mondial vient d’être fortement révisée à la baisse et ne dépassera pas 3% en 2020 selon le FMI. 2/Avec un tel rythme d’expansion économique mondial, les bénéfices peinent historiquement à croître dans la plupart des zones géographiques 3/Après le rebond des dernières semaines, les actions n’offrent plus de décote de valorisation à l’échelle mondiale 4/Le rebond des taux longs risque de s’accentuer en fin d’année du fait de l’accélération de l’inflation et de la pause que souhaite marquer la Fed dans son action d’assouplissement monétaire. 

Vers davantage de différenciation dans les performances.

Dans ce contexte, nous recommandons aux investisseurs de se concentrer sur des primes de risque plus spécifiques, combinant deux principaux moteurs de performance.

D’une part, les actifs britanniques recèlent encore de potentiel de hausse. Le taux de change de la Livre Sterling contre les principaux partenaires commerciaux du Royaume-Uni (taux de change nominal effectif) demeure sous-évalué de 5 à 10%. Sur le marché des actions, les valeurs domestiques affichent toujours une décote significative (sous-performance du Footsie Local d’environ 30% depuis le referendum). Enfin, sur le marché du crédit, en combinant des obligations hybrides corporates, des banques, des groupes d’assurance et des acteurs high yield, il est possible de construire une liste d’investissement, composée d’entreprises présentant des fondamentaux financiers sains, offrant un portage de près de 5%. En devise locale, le rendement peut devenir in fine très attractif pour un investisseur d’Europe continentale (à deux chiffres). Le marché du crédit britannique devrait, de plus, profiter de la reprise du QE de la BCE. Selon nous, cette dernière va augmenter la proportion d’obligations d’entreprises dans son programme d’achats d’actifs, ce qui est de nature à favoriser une compression des primes de risque obligataires pour l’ensemble de l’Europe par contagion.

Les actions émergentes pourraient s’inscrire
dans un mouvement de rattrapage.

D’autre part, les actions émergentes, qui sous-performent largement les actions des pays développés depuis le début de l’année, pourraient également s’inscrire dans un mouvement de rattrapage. La désescalade des tensions commerciales qui s’amorce entre les Etats-Unis et la Chine devrait favoriser une stabilisation des PMI manufacturiers mondiaux sur la fin d’année. Une telle dynamique se révèlerait rassurante pour les échanges commerciaux mondiaux et devrait réduire les pressions à l’appréciation du billet vert. Les actions émergentes, très sensibles à ces deux facteurs, devraient en profiter.  

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