L’euro à la peine

Franck Dewarrat, Raiffeisen Suisse

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Franc fort, euro faible? La monnaie commune européenne traverse une période difficile, et il n’y a momentanément pas de lueur d’espoir pour un retournement de situation à courte échéance.

L'environnement de marché actuel est un poison pour l'euro. La parité avec le franc suisse a été suivie en juillet temporairement par celle avec le dollar américain. Un retournement de tendance n'est pas en vue.

Pourquoi s'éloigner quand les bonnes choses sont si proches? C'est ce que se sont sûrement dit de nombreux Suisses au moment de préparer leurs vacances d’été cette année. La raison n'en est pas tant le soudain regain d’amour pour le vieux continent, mais plutôt l'évolution du taux de change de l'euro. Au cours des derniers semestres, l’euro a continuellement chuté et a atteint ces semaines passées doublement la parité, c'est-à-dire successivement avec le franc suisse et le dollar américain. La monnaie unique européenne a ainsi confirmé sa tendance à la baisse depuis des années.

Des causes diverses et variées

Les raisons de la récente chute de l'euro sont multiples. D'une part, en raison de son caractère cyclique, les inquiétudes croissantes des investisseurs sur la conjoncture pèsent sur l'euro. En raison du ralentissement de l'activité économique observé depuis longtemps dans les données macroéconomiques, la probabilité d'une récession dans la zone euro est passée de 20% à 45% depuis le début de l'année. Le Fonds monétaire international (FMI) a lui aussi récemment mis en garde contre un risque accru de récession. La crise énergétique qui menace l'Europe à la suite de la guerre en Ukraine apporte également de l'eau au moulin.

Un net écart de taux d'intérêt s'est creusé, notamment par rapport aux États-Unis, ce qui explique que les capitaux quittent de plus en plus la zone euro.

D'autre part, la politique monétaire joue un rôle important dans la faiblesse de l'euro. La Réserve fédérale américaine (Fed) a rapidement pris le taureau par les cornes pour lutter contre une inflation élevée et persistante. Elle a donc augmenté les taux d'intérêt nominaux de pas moins de 225 points de base cette année. Et de nouveaux resserrements de la politique monétaire sont attendus d’ici la fin de l’année. La Banque nationale suisse (BNS) quant à elle a officiellement sonné l’heure du revirement des taux d'intérêt en juin. Pendant ce temps, la Banque centrale européenne (BCE) – qui a longtemps gardé le silence – avance timidement. En raison de la menace d'un dérapage des primes de risque de nombreux emprunts d'État du sud de l'Europe, les gardiens de la monnaie n'ont osé augmenter les taux d'intérêt que fin juillet de 50 points de base. En conséquence, un net écart de taux d'intérêt s'est creusé, notamment par rapport aux États-Unis, ce qui explique que les capitaux quittent de plus en plus la zone euro. La BCE se retrouve donc dans une situation délicate où il faut tant ménager les Etats membres que les consommateurs européens. Une danse sur le fil que les marchés continueront assurément à suivre de près!

Quel avenir?

Aucun renversement de tendance n’est à l’horizon. Beaucoup d’éléments négatifs du côté de l'euro ont certes été intégrés dans les prix, mais il manque des impulsions favorables pour une véritable reprise. Sur 12 mois, Raiffeisen voit l'euro à 0.98 franc suisse et à 1,03 dollar américain. Ainsi, dans l’immédiat, les Suisses bénéficient de vacances européennes meilleures marchés d’environ 10% par rapport à l’été dernier, ceci hors effet de l’inflation. Alors, profitez bien de vos vacances d’été!

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