Kühne+Nagel et Lindt & Sprüngli bonifient le SMI et le SLI

Philippe Rey

2 minutes de lecture

Le logisticien et le chocolatier ont énormément créé de la valeur depuis 1994. Leur accès hier à ces indices boursiers respectifs se justifie amplement.

©Keystone

Le logisticien Kühne+Nagel fait désormais partie de l’indice SMI, en remplacement de Credit Suisse, gagnant ainsi ses galons de «blue chips». C’est une excellente nouvelle pour les investisseurs adeptes de la gestion indicielle et des plus importantes sociétés de la cote. En effet, le leader mondial du fret intercontinental appartient aux plus gros créateurs de valeur de la Bourse suisse, du fait d’une rentabilité supérieurement élevée. Et se révèle même numéro un à l’aune du rendement des capitaux investis.

Il s’agit d’une des meilleures entrées en bourse (IPO) de ces trente dernières années. Sa valeur boursière atteint 30 milliards de francs. Le parcours de Kühne+Nagel se situe ainsi aux antipodes de celui de Credit Suisse dont la reprise a été finalisée lundi dernier par UBS. Et qui a justement entraîné les adaptations extraordinaires par SIX Group des indices SMI, SLI, SMIM et SPI.

Par ailleurs, Kühne+Nagel a pour objectif clairement affirmé la neutralité carbone de son fret maritime. Le secteur de la logistique se rallie à l’effort mondial de la prévention et de contrôle du changement climatique. Il convient de le souligner dès lors que les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) deviennent essentiels.

Que Kühne+Nagel appartienne au SMI ne changera toutefois pas sa valeur réelle dans la durée et n’aura pas de grande incidence pour les gérants actifs.

Un autre enrichissement pour l’indice SMI consiste dans une meilleure diversification avec l’apport d’un nouveau domaine porteur, qui réduit le poids du secteur financier. Cependant, que Kühne+Nagel appartienne au SMI ne changera pas sa valeur réelle dans la durée et n’aura pas de grande incidence pour les gérants actifs. «A court terme, le marché est une machine à voter, mais à long terme une balance», aimait à dire l’investisseur américain Benjamin Graham. Le temps est l’ami des entreprises de qualité. A moins qu’un «cataclysme» ne survienne, il est fort probable qu’il en restera ainsi pour K+N en particulier.

Cette vérité concerne également Lindt & Sprüngli, dont le bon de participation retrouvera le Swiss Leader Index (SLI). Le chocolatier zurichois n’a rien à envier à Kühne+Nagel puisque sa capitalisation boursière est passée en trente ans de quelques centaines de millions de francs à plus de 25 milliards de francs. Cette création de valeur est également impressionnante. Assurément, sa valorisation actuelle se révèle très élevée, encore davantage que celle de K+N, à l’aune du cash-flow libre rapporté à la valeur boursière.

De façon cocasse, Lindt & Sprüngli figure d’ailleurs parmi les trente plus grosses capitalisations boursières de SIX Swiss Exchange, tout en ayant toujours refusé de procéder à un split ou fractionnement de ses titres. Le cours de l’action nominative dépasse aujourd’hui 112’000 francs et celui du bon, 11’000 francs. Comme quoi, ni un split, ni l’appartenance à un indice n’influe sur la valeur à long terme d’une entreprise. Un cours boursier très lourd en valeur absolue ne signifie pas qu’une entreprise soit chère. Il recèle même l’avantage d’éloigner les spéculateurs et autres boursicoteurs, et d’atténuer ainsi la volatilité des cours boursiers.

Quoi qu’il en soit, les vingt valeurs vedettes du SMI resteront largement dominées par les mêmes entreprises: Nestlé, Roche et Novartis. Toutes les trois avec des capitalisations qui dépassent 200 milliards de francs, Nestlé ayant même déjà affiché entre-temps plus de 300 milliards. Les ténors financiers que sont UBS, Zurich Assurances et Swiss Re ont une valeur boursière bien en deçà de 100 milliards de francs.

A lire aussi...