Inde: l’autre moteur de croissance

Bénédicte Kukla, Indosuez Wealth Management

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Si la reprise est moins vigoureuse en 2022, la progression de l’économie indienne devrait continuer à dépasser celle des autres marchés émergents.

Alors que le moteur de la croissance chinoise s’essouffle et que les craintes liées à la COVID-19 commencent à s’estomper en Inde, l’économie indienne offre une diversification digne d’intérêt. Même si ses performances régulières et ses moteurs de croissance structurels différenciés sont déjà intégrés dans les valorisations des actions, l’Inde constitue en effet une couverture efficace dans l’environnement stagflationniste actuel.

UNE TRAJECTOIRE DE CROISSANCE DIFFÉRENTE AU SEIN DES MARCHÉS ÉMERGENTS

Marché émergent en forte croissance axé sur les services, l’Inde bénéficie d’une forte demande intérieure et dépend donc moins des fluctuations de la demande extérieure que les autres économies asiatiques orientées vers le commerce inter- national. Après avoir énormément souffert de la pandémie, l’économie indienne a connu un rétablissement robuste et relativement ininterrompu. Le PIB, qui avait plongé de 6,7% en 2020, a progressé de 8,7% en 2021.

Au deuxième trimestre de cette année, la hausse du PIB (+13,5% en glissement annuel) s’est toute- fois avérée inférieure aux projections de la Banque centrale indienne (RBI). Dans une économie dominée à 60% par les services, la performance remarquable du PMI des services en août (57,2 points, soit un niveau bien supérieur au seuil de 50 qui sépare l’expansion de la contraction) semble néanmoins annoncer un rétablissement tiré par la demande intérieure.

Si la reprise est moins vigoureuse en 2022 (croissance du PIB estimée à 5,7%), la croissance de l’économie indienne devrait continuer à dépasser celle des autres marchés émergents (3,8% en moyenne), notamment grâce à son exposition limitée à la flambée des prix du gaz et au ralentissement du commerce mondial.

L’économie indienne n’en reste pas moins exposée à certains risques, notamment le risque climatique et la forte dépendance aux importations de pétrole, source d’énergie dont le pays est le troisième consommateur mondial. Cela étant dit, l’économie bénéficie de solides moteurs de croissance à long terme: une main-d’œuvre jeune (en 2025, la moitié de la population indienne sera âgée de moins de 30 ans) et des besoins croissants d’urbanisation à long terme (contrairement à la Chine).

LES PIÈGES DE L’INFLATION

La RBI est en avance sur la courbe de resserrement monétaire en Asie, mais les taux d’intérêt retrouvent tout juste leur niveau d’avant la crise. Considérant que le pic d’inflation était désormais dépassé, la Banque centrale s’est fixé un délai de deux ans pour ramener l’inflation à un niveau proche de son objectif de 4%. L’inflation a atteint 7% en glissement annuel en août, alors que la RBI a défini une fourchette cible comprise entre 2% et 6%. L’inflation sous-jacente devrait en effet rester stable. L’autosuffisance en matière de production de céréales a permis à l’Inde de limiter la hausse des prix des denrées alimentaires et les pénuries, même si le plafonnement des exportations de riz a exercé une pression supplémentaire sur le déficit commercial indien, déjà fortement dégradé par la hausse des prix du pétrole malgré l’accès aux livraisons russes à prix réduit.

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