Incitation à la durabilité

Nicolette de Joncaire

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Stimuler l’investissement responsable nécessite «une démarche pédagogique» selon Claire Douchy de Société Générale Banque Privée.

 

Comment aborder les clients privés encore peu familiers avec l’investissement socialement responsable? «Nous souhaitons nous inscrire dans une démarche pédagogique» explique Claire Douchy, Responsable offre philanthropique et ISR chez Société Générale Banque Privée,  rencontrée à l’occasion de la 9e édition du Geneva Forum for Sustainable Investment. Les investisseurs privés sont moins familiers avec la finance responsable que les investisseurs institutionnels.

En premier lieu, il convient de décrypter les différentes approches avec par exemple, l’exclusion de certaines activités (armement, jeux ou tabac…), ou bien la sélection des meilleurs acteurs sur les critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance), ou encore ceux dont l’objectif est l’amélioration directe de certaines situations (impact investing). Il appartient aussi au gestionnaire de comprendre quelles valeurs sont particulièrement importantes pour  chaque client: Il peut s’agir d’environnement, d’équité sociale, d’éducation ou de santé etc…

Les choix d’investissement sont parfois complexes et peuvent être vécus
très différemment en fonction de la sensibilité de l’investisseur.

Les choix d’investissement sont parfois complexes et peuvent être vécus très différemment en fonction de la sensibilité de l’investisseur. Certains peuvent vouloir exclure de leur portefeuille des activités perçue comme non durables. C’est le cas, par exemple, de l’industrie pétrolière. D’autres investisseurs vont par contre accepter d’investir sur les entreprises de ce secteur car ce sont ces mêmes acteurs qui développent en parallèle une activité de production d’énergies vertes à grande échelle. «Ce n’est pas à la banque d’imposer ses vues. Elle doit informer l’investisseur et tenir compte de sa vision personnelle».

Le Groupe Société Générale a développé l’activité de Financement à Impact Positif pour favoriser l’émergence de solutions de financement innovantes répondant aux intérêts de tous les acteurs, publics et privés, émetteurs et investisseurs.

Le Financement à Impact Positif permet, tout en finançant des projets, de générer un impact positif pour l’économie, la société ou l’environnement tout en s’assurant que les potentiels impacts négatifs ont été identifiés et correctement gérés.

La réglementation peut pleinement remplir son rôle
en donnant un cadre de référence aux acteurs économiques.

Par exemple, au moment du financement d’une ligne du Métro de Milan, les effets négatifs sur l’environnement ont ainsi pu être identifiés et gérés. Plus précisément, 3.6 arbustes prendront place dans la ville pour remplacer chaque arbre enlevé durant la phase de construction.

A noter que Société Générale a pris la décision de ne plus financer de nouveaux projets dans le charbon, ou l’exploitation de pétrole en Arctique, et d’opter pour le soutien des énergies renouvelables. Une décision impactante car le charbon reste l’énergie la plus accessible dans certains pays en développement comme l’Inde. «Nous faisons ainsi le choix de contribuer à la trajectoire 2 degrés, au détriment parfois de considérations plus court terme mais c’est notre responsabilité en tant qu’acteur économique engagé dans les transformations positives; c’est dans cette même logique que nous proposons à nos clients investisseurs d’envisager des placements financiers qui prennent en compte ces dimensions sociétales.» conclut Claire Douchy. C’est là où la réglementation peut pleinement remplir son rôle en donnant un cadre de référence aux acteurs économiques, aux banques, aux gestionnaires d’actifs et aux investisseurs.

De plus, la banque fait aussi appel à des gérants externes, spécialisés dans les fonds durables. Il faut, dans ce cas, bien comprendre leur stratégie pour savoir l’expliquer clairement aux clients.

L’achat de certains produits structurés par les épargnants s’accompagne
d’une donation simultanée de la part de la banque des associations caritatives.

«Il est aussi de notre devoir d’offrir la gestion la plus rentable possible» continue Claire Douchy qui considère que l’investissement responsable n’est absolument pas synonyme de rendements amoindris. En d’autres termes, le gestionnaire doit «concilier performance, réduction des risques et utilité sociétale».

Au-delà de l’investissement responsable, la banque privée Société Générale se veut acteur d’une philanthropie incitative accompagnant l’investissement. L’achat de certains produits structurés par les épargnants s’accompagne d’une donation simultanée de la part de la banque des associations caritatives dont SOS Villages d’Enfants et l’Institut Curie. Un deuxième don peut aussi être fait si le produit réalise un gain. «Cette dimension de partage n’est pas un argument de vente du produit financier» confirme Claire Douchy qui remarque que les collaborateurs soutiennent particulièrement cette initiative.