Il n'est plus question d'augmenter les marges

Thomas Planell, DNCA Invest

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Tous les postes de dépense des entreprises devraient progresser cette année.

© Keystone

Au menu ce trimestre, nous aurons un chiffre d'affaires attendu en hausse de plus de 7% pour les sociétés européennes cotées. Chez Nestlé par exemple, la flambée des prix en rayon dope la croissance organique. Pour son PDG, Mark Schneider, l'heure est à la prudence: «il n'est plus question d'augmenter les marges, mais de les défendre, et de passer au consommateur la hausse des prix la plus raisonnable possible». Flambée des matières premières, emballement des coûts logistiques, premiers signes de sursaut des salaires: tous les postes de dépenses des entreprises devraient progresser cette année. Plus que le dynamisme des recettes, c'est donc la résilience de la marge opérationnelle qui permettra, au gré des publications, de distinguer le bon grain de l'ivraie. Combiné à la hausse des rendements obligataires (la plus rapide de ces vingt dernières années) ce critère de profitabilité invite les investisseurs à rester à l'écart des valorisations trop élevées. A la quête de la croissance à tout prix des années 2020 et 2021 pourrait donc succéder un âge de raison. Difficile de dire s’il n’est que le prélude d’une adaptation des marchés au risque de récession ou le début d’une ère de la grande modération des valorisations boursières. Mais, en attendant, la baisse de 40% de Netflix atteste de la violence que revêtissent ces ajustements à la réalité. Le géant de la vidéo à la demande, qui table désormais sur une décroissance de son parc d’abonnés, évoque le caractère de plus en plus compétitif de son industrie. Ce qu’il oublie d’admettre, c’est qu’au Royaume-Uni, où l’inflation bat son plein, 1,5 million d’abonnements VOD viennent d’être résiliés: un record.

Les ménages britanniques qui sentent l’inflation mordre sur leur pouvoir d’achat commencent ainsi à réduire leurs dépenses, en coupant dans le nombre de leurs abonnements. Tel un virus, l’inflation se propage, ainsi que ses effets secondaires inattendus. Avec en moyenne 15 abonnements par foyer aux Etats-Unis, un grand nombre de sociétés digitales, en apparence immunes à l’inflation, pourraient elles aussi faire les frais de ce syndrome qui porte déjà un nom:  la subscription fatigue…

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