Gestion active ou passive?

Karine Patron, Banque Bonhôte

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Le choix va dépendre de la patience et de la structure des marchés sur lesquels l’investisseur souhaite opérer.

Une stratégie active, de la sélection de titres à l’allocation d’actifs, vise une performance supérieure à celle de l’indice de référence. Il s’agit pour l’investisseur de capturer, à l’aide de divers outils d’analyse, les potentielles inefficiences des marchés, faisant l’hypothèse que le cours de certaines catégories d’actifs ou titres ne reflète pas toute l’information disponible. Quelques sociétés seront privilégiées ou seront momentanément sous-investies dans l’attente d’un point d’entrée. Une gestion dite passive ou indicielle se limitera quant à elle à répliquer la performance de l’indice à moindre coût. Elle sera plus diversifiée, en détenant l’ensemble des composants du marché de référence. L’éternel débat entre une gestion passive et active semble aujourd’hui un peu simpliste et laisse apparaître une approche plus complexe combinant les deux modes de gestion. Le choix du panachage va dépendre de la patience et de la structure des marchés sur lesquels l’investisseur souhaite opérer.

Dans une phase de perturbations baissières durables, la possibilité d’augmenter la part de liquidités pourrait favoriser la gestion active. Il s’agit en définitive de trouver une combinaison de gestion passive et active qui s’adapte au régime de marché et aux préférences des investisseurs. La gestion active est appropriée lors d’investissements de long terme, car elle laisse le temps au gérant d’actifs de surperformer. De même, elle prend tout son sens sur des marchés moins matures ou moins efficients.

Le choix entre les solutions active et passive semble dépendre à priori de juste deux variables: les coûts et la persistance du talent (alpha) nécessaire pour battre le marché. Il faut en effet définir à l’avance si les frais de transaction plus importants encourus (recherche, frais de gestion, courtage) pour être actif pourront durablement être compensés par de meilleurs rendements. En réalité, la décision doit être nuancée car le degré d’aversion au risque et la patience de l’investisseur entrent aussi en ligne de compte. La sous-performance par rapport à l’indice d’un portefeuille actif peut en effet être substantielle sur une longue période.

Dans le cadre d’une construction de portefeuille destinée à la retraite, le long terme est de mise, dès lors une gestion active semble appropriée.

La part de marché de l’investissement passif est incontestablement en forte croissance. Une raison peut être que le palmarès de la gestion active n’est guère brillant. Les chiffres sont en effet éloquents. L’étude SPIVA compare la performance des gérants de fonds actifs contre l’indice. Pour les actions, sur les 20 dernières années, 86% des gérants actifs ont sous-performé. Les résultats sont comparables pour les actions internationales, qu’il s’agisse de marchés développés ou émergents, de petites ou grandes capitalisations. Dans le cas des obligations gouvernementales seulement 2% font mieux. Le même constat ressort de l’étude de Morningstar (baromètre Actif/Passif), sur 10 ans, seul un quart des fonds de placement actions actifs, américains ou européens, ont battu la stratégie passive.  

Il est couramment admis que le segment des petites et moyennes capitalisations, avec un moindre niveau de couverture de la part des analystes et des asymétries d’informations, soit plus adapté à une gestion active, avec plus d’opportunités de sélection de titres. Nous avons observé l’historique de performance sur les huit dernières années des fonds actifs sur le marché suisse. Sur vingt-trois fonds ciblant tout le marché, seuls 43,5% ont battu l’indice de référence SPI. Pour les vingt fonds spécialisés sur le segment des mid et small caps, le résultat est meilleur, 67% ont dépassé le benchmark. Malgré la petitesse de l’échantillon (le marché suisse ne représente que 3% de la capitalisation mondiale) ceci semble confirmer qu’une gestion active est plus adaptée à l’univers des valeurs secondaires. Durant la période affectée par la pandémie de Covid-19, pourtant très volatile, le taux de succès se situe à 55% pour les fonds ciblant tout le marché et passe à 65% pour ceux intervenant sur les small et mid caps.

Dans le cadre d’une construction de portefeuille destinée à la retraite, le long terme est de mise, dès lors une gestion active semble appropriée. Elle peut former la base des investissements et les fonds passifs constitueront l’exposition satellite conçue de manière plus tactique. En définitive, les fonds passifs ne sont pas une alternative en soit à la gestion active mais apparaissent plutôt comme un complément. Tactiquement mis en œuvre, les deux modes de gestion se complètent et permettent de générer sur le long terme un rendement supérieur au marché.

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