Dommages économiques moins graves que redouté – Dynamiques boursières de Julius Baer

Christian Gattiker, Julius Baer

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Aux Etats-Unis, les élections sénatoriales passent devant la présidence. Sur le front de l’économie suisse, le retour à la situation d’avant-crise est prévu à partir de la mi-2021.

Il n’est pas difficile de comprendre ce qui continue d’animer les bourses. Après avoir agi à l’aveuglette au 2e trimestre au plus fort de la pandémie, les investisseurs abordent aujourd’hui une phase d’évaluation des dégâts. Le bilan pour la Suisse? Certes, cette crise est sans précédent, mais les dommages économiques sont jusqu’ici moins graves que nous ne l’avions redouté. À partir de septembre 2020 viendront s’ajouter à cela les aléas de l’élection présidentielle américaine. La bataille promet d’être bien plus indécise que ce que l’on pouvait penser en début d’année. Et la composition du Sénat américain pourrait peut-être avoir encore plus d’importance pour le climat boursier que la présidence.

La Suisse a traversée sans trop de mal

Depuis le début du confinement, les économistes se demandent quelle forme va prendre la courbe économique. Nous avons toujours pensé qu’elle serait en forme de V. Vu l’évolution attendue dans le graphique ci-dessous, le V est la seule lettre qui nous vient à l’esprit. Pour autant, la discussion semble pour nous passer à côté de l’objectif. Ce qui nous intéresse effectivement davantage, c’est de savoir quand nous retrouverons la prospérité d’avant la crise. Ce sera probablement le cas ces prochaines semaines en Chine et dans un an environ aux États-Unis, mais il ne faut sans doute pas y compter avant 2022 dans la zone euro. La situation en Suisse est un peu moins grave par rapport aux autres: alors que la zone euro devrait se contracter de plus de 7% cette année, la baisse ne serait ‘que’ de 5,7% en Suisse. Il suffirait donc d’une hausse de 5,8% pour ramener le revenu national suisse à son niveau d’avant la crise.

Le graphique du mois: l’ABC des récessions commence par un V

 
Source: Bloomberg Finance L.P., Julius Baer

 

À la fois la meilleure et la pire saison de rapports à la bourse (suisse)

Les chiffres des entreprises affichent également des extrêmes. D’une part, nous venons de vivre l’une des plus mauvaises saisons en matière de bénéfices, avec un recul de près d’un tiers dans le monde. D’autre part, nous avons connu aussi l’une des périodes les plus riches en surprises de l’histoire, 80% des entreprises au moins ayant dépassé les attentes. En Suisse, les grands perdants se situent dans l’assurance (Swiss Re, Swiss Life) et les produits de luxe (Swatch, Dufry). Dans le camp des gagnants (en termes relatifs du moins), on trouve des entreprises en lien avec les biotechnologies et les techniques médicales (Lonza, Bachem, Tecan), les fabricants de produits alimentaires, les entreprises industrielles et la plupart des rares entreprises de technologie représentées (Logitech, Swissquote, Sensirion). 

Analyse prospective: le Sénat plus important pour la bourse que la Maison Blanche

Avec la fin de l’été, nous entrons progressivement dans la phase décisive de la campagne présidentielle américaine. Si au début de l’année, en matière d’animation boursière, nous avons cru à une tempête dans un verre d’eau, la situation a changé du tout au tout durant le semestre d’été 2020 en raison principalement de la supposée course serrée aux élections sénatoriales américaines. En cas de conquête du Sénat par les démocrates, un Congrès américain sous contrôle démocrate (la Chambre des représentants est acquise aux démocrates à 85%), entraînerait un véritable basculement de la politique économique américaine en cas de victoire de Biden. Si Trump l’emporte en revanche, cela abaisserait considérablement la barre pour un impeachment. Les deux scénarios auront immanquablement un impact sur les bourses. L’automne pourrait donc être plus passionnant que d’aucuns l’avaient imaginé en début d’année.

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