Démocratiser l’économie suisse

Salima Barragan

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Therese Faessler, chercheuse à l’Université de Saint-Gall, encourage chacun à posséder un morceau de l’économie suisse.

Selon le dernier Global Wealth Report publié en octobre 2019, seulement 1% de la population suisse possède près de 40% des actifs côtés en bourse. L'économie suisse est donc détenue en majorité par les Suisses les plus riches. Les frais bancaires longtemps pratiqués sont en cause. Mais de nouveaux modèles d’affaire émergent avec des frais de transaction nettement plus bas; «une belle opportunité pour une meilleure répartition de l’actionnariat suisse», estime Therese Faessler, chercheuse à Institute for Operations Research und Computational Finance HSG mais aussi fondatrice d’Invested.ch, une plateforme de trading qu’elle a créé afin de rendre les actions des fleurons suisses accessibles à tous.

DEFI SOCIETAL

«Trop de capital, tue le capital», affirmait Tomas Piketty, l’économiste français pour qui les inégalités proviennent en partie de la mauvaise répartition du capital. «Le système actuel est trop matérialiste, tout comme l’était le système féodal au Moyen-âge», constate Theresa Faessler. La chercheuse regrette que si peu d’individus aient acquis des titres d’Apple pour percevoir des dividendes bienvenus à l’heure où l’épargne ne rapporte rien: «Tout le monde achète des iPhones, mais les ventes d’iPhone ne profitent qu’à la même élite».

L’idée n’est pas de s’enrichir à court terme
en achetant des titres, mais de posséder l’économie.

Avec les banques en ligne, les nouvelles plateformes de trading et les possibilités numériques, le secteur financier est en pleine mutation et l’informations financière est facilement disponible.  «Aujourd’hui, les frais de transaction pour des achats de valeurs boursières sont tombés à 18 francs suisses et tous les individus peuvent choisir et suivre les entreprises  qu’ils désirent acquérir», souligne-t-elle.

BUY AND HOLD DE BELLES VALEURS

La finance moderne a-t-elle détourné l’économie au profit des rendements rapides?  «Je ne parle pas de finance, mais d’économie. L’idée n’est pas de s’enrichir à court terme en achetant des titres, mais de posséder l’économie», explique Therese Faessler. Regardons les millionnaires suisses qui représentent 12% de la population: «Tous les millionnaires détenaient des actions en 2000, et ils les détiennent toujours aujourd’hui. Tant que vous ne vous séparez pas de vos actions, vous ne perdez pas de richesse», poursuit-elle.

Ainsi, investir à vie dans des «coups de cœur» est une alternative au trading, car «les fleurons suisses auront toujours plus d’influence sur vous que le système politique», estime la chercheuse.  Les prix cassés sur certaines capitalisations (certaines ont perdu la moitié de leur valeur) constituent un excellent point d’entrée pour détenir des biens mobiliers. «UBS ne coûte plus rien et Apple dont le cours a reculé continuera toujours à vendre des iPhones. Chaque investisseur a sa propre histoire et ses propres valeurs qui seront reflétées dans son portefeuille», conclut-elle.