«Dans notre approche quantitative, nous incluons les critères de durabilité en facteur supplémentaire», explique Machiel Zwanenburg de Robeco.
Robeco concilie les objectifs de rendement et de durabilité en optimisant simultanément les biais factoriels et les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance). Ainsi, les objectifs de durabilité peuvent être atteints sans pour autant sacrifier le rendement d’un portefeuille. Explications avec Machiel Zwanenburg, Portfolio Manager chez Robeco.
En l’espace d’une décennie, l’investissement durable a connu un essor phénoménal : l’offre mondiale de fonds ESG est passée de 338 à plus de 1400. Cette tendance répond à la demande de plus en plus forte des investisseurs. Alors que 39% des clients privés nés avant 1940 intègrent la dimension ESG dans leurs placements, chez les milléniales, cette proportion s’élève à 87%. Et chez les gestionnaires institutionnels, gérer un fonds de pension sans inclure des critères extra-financiers n’est plus envisageable.
Une pléthore d’initiatives gouvernementales, comme les accords de Paris de 2016 sur la transition énergétique, ne sont non plus pas étrangères à ce succès. «Les régulateurs ont forcé les gestionnaires d’actifs à prendre ces facteurs très au sérieux. Les caisses de pension doivent être au clair sur les risques sociaux qu’elles encourent», explique Machiel Zwanenburg lors d’un séminaire à Genève dédié à l’investissement factoriel.
Selon David Blitz, responsable de la recherche quantitative chez Robeco: «Les investisseurs peuvent être éthiques et battre le marché». Il a mené des recherches sur les fonds «non-éthiques», qui investissent uniquement dans les valeurs liées au vice (casinos, armes, pornographie, tabac…). Or, il n’a pas décelé l’existence d’une prime spécifique sur ces titres mais attribue leur performance à la position monopolistique des entreprises. Mais cette année le Vice fund (VICEX) sous-performe largement le marché… le vice ne semble plus payer.
Chaque investisseur à une approche différente et cela est nécessaire car traiter tous les critères de durabilité nuit à la performance globale. Le choix de la méthode et des objectifs de durabilité s’avère donc capital. «Pour un gérant de fonds, il sera difficile de délivrer une bonne performance en incluant trop d’objectifs bien que le portefeuille construit soit stable. Et exclure trop de critères impactera le rendement», explique Machiel Zwanenburg. Mais en excluant un maximum de sociétés, l’impact sera le plus important. Dès lors, comment concilier objectifs de durabilité sans compromettre le rendement?
consiste à optimiser simultanément les biais factoriels et les critères de durabilité.»
Les stratégies factorielles peuvent contribuer à atteindre les objectifs de durabilité, tout en améliorant le profil risque-rendement. Cependant, trouver la bonne équation entre les facteurs quantitatifs et les aspects de durabilité n’est pas une chose aisée. Selon Machiel Zwanenburg, la meilleure méthode pour atteindre les objectifs de rendement et de durabilité consiste à optimiser simultanément les biais factoriels et les critères de durabilité. «Nous y parvenons en traitant la durabilité comme un thème - au même titre qu’un facteur valeur ou qualité - au sein du modèle quantitatif ou comme un critère supplémentaire lors du processus de construction de portefeuille», explique-il. Grâce à cette approche, son portefeuille maintient un profil ESG supérieur à celui de son benchmark. «Lors de la construction de nos portefeuilles, notre approche optimisée applique les trois aspects d'intégration ESG : les exclusions, la réduction de l'empreinte carbone et une orientation sur les entreprises offrant un profil de durabilité supérieur. Puis, lors de la sélection des actions, nous évaluons les titres en fonction de leurs scores factoriels et de durabilité en même temps», ajoute-il. Il s’agit d’un processus entièrement transparent où chaque achat de titres peut être expliqué.
Les entreprises des pays émergents sont généralement moins mesurées que celles des pays développés. Pourtant, en plus de leur intensité en carbone, les problématiques sociales y sont plus élevées ce qui implique que l’éventail de titres conformes s’amenuise. Après avoir mis en place des critères d’exclusion ESG, l’univers d’investissement de Robeco a été abaissé de 1'150 à 160 actions. Mais grâce à l’approche factorielle, Machiel Zwanenburg réussit à générer de l’alpha durable: «Nous sélectionnons les facteurs de valeur, de qualité et de momentum mais nous nous intéressons également aux moteurs de performances de ces facteurs comme une bonne allocation du capital». D’après son scoring, il a récemment sous-pondéré Tencent et Weibo au profit de Yuanta Financial et Shimao Property.