COP26: ne pas se limiter à un rôle d’observateur

Yves Hulmann

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Selon Jean-Jacques Barbéris d’Amundi, la communauté financière a aussi un rôle important à jouer pour inciter les entreprises à réduire leurs émissions de CO2.

Où faudra-il mettre les priorités en matière environnementale ces prochaines années? De multiples questions figuraient mardi à l’agenda d’une vidéoconférence intitulée «On the road to Glasgow» organisée par Amundi en vue de la COP 26, soit la 26e Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique qui se tiendra dans la ville écossaise du 1er au 12 novembre 2021. Pour Dimitrios Zevgolis, chef adjoint de la délégation de l’UE auprès de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UN Framework Climate Change Convention), il sera indispensable de se fixer des objectifs intermédiaires encore plus ambitieux sur le plan environnemental si l’on veut atteindre le fameux objectif du «Net Zero», soit une réduction à zéro des émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon de 2050. Dans cette optique, l’Union européenne ambitionne, à plus court terme, de réduire de 55% d’ici à 2030 les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux valeurs de 1990.

Seule la combinaison d’un ensemble de mesures appliquées dans divers domaines permettra d’y parvenir, estime Dimitrios Zevgolis. Parmi celles-ci, il y a par exemple la réduction du plafond d’émissions annuelles de CO2 prévues dans le cadre du mécanisme de fixation des prix du carbone. De plus, d’importants efforts devront être entrepris non seulement dans le domaine de la production d’énergie mais aussi en matière d’efficience énergétique, notamment dans l’assainissement des bâtiments. Enfin, en matière de transports, il faudra continuer de développer l’infrastructure permettant la recharge des véhicules électriques, tandis que des carburants plus durables seront nécessaires pour l’aviation.

Le changement climatique n’est plus un risque mais déjà une réalité

Pour Jean-Jacques Barbéris, responsable de la clientèle institutionnelle et d’entreprise chez Amundi, la prochaine conférence sur le climat qui se déroulera à Glasgow ne sera pas juste une COP de plus. «Aujourd’hui, le changement climatique n’est plus seulement un risque mais il s’agit d’une réalité qui se passe déjà sous nos yeux», a-t-il souligné. Que peuvent-faire les individus, les investisseurs et les autorités? Pour lui, l’action des individus ne peut pas à elle suffire à résoudre les problèmes climatiques. «Même si tous les individus dans le monde entier adoptaient, à leur niveau, toutes les bonnes mesures possibles pour réduire les émissions de CO2, cela résoudrait que 35% du problème», a-t-il mis en perspective. Selon Jean-Jacques Barbéris, la communauté financière a aussi un rôle important à jouer pour inciter les entreprises à réduire leurs émissions de CO2, tout comme c’est le cas des instances de régulation. 

Elodie Laugel, qui assure la fonction de Chief Responsible Officer chez Amundi, abonde dans le même sens: «Les investisseurs, en tant qu’actionnaires, peuvent influencer le comportement des entreprises.» Selon l’experte, les actionnaires disposent d’un levier important pour exercer une influence sur les sociétés, ils ne doivent pas se contenter d’assurer un rôle d’observateur. Pour Elodie Laugel, il sera également important se fixer des objectifs intermédiaires, mesurés régulièrement à l’aide d’indicateurs de performance clés (KPI), tout en agissant de manière transparente et en rendant compte des progrès qui ont été accomplis ou non sur le plan environnemental. De manière générale, les investisseurs devront renforcer leur engagement avec les entreprises. Sans oublier de tenir compte de la dimension sociale a rappelé Jean-Jacques Barbéris. Selon lui, seule une plus grande intégration des aspects sociaux de la transition énergétique, à l’exemple de la hausse des coûts de l’énergie sur les ménages, permettra une meilleure acceptation de ces mesures.

Les sondés restent circonspects

Et quel est l’avis des participants à la vidéoconférence sur les chances de succès des engagements qui seront pris dans le cadre de la prochaine COP 26? Lors d’un sondage réalisé en ligne à la fin du webinaire mardi, seules 7% des personnes interrogées se disaient «très confiantes» que la COP 26 parvienne à nous conduire à un monde «net zero», contre 41% des sondés qui se déclaraient «confiants» d’y parvenir et 52% d’entre eux qui se montrent «moins confiants» à ce sujet.