Comprendre l’envolée des bons du Trésor

Mark Holman, TwentyFour Asset Management

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La hausse brutale des bons du Trésor exige une action des autorités, mais il faut se montrer patient.

© Keystone

Il y a quelques semaines, les bons du Trésor ont connu une envolée spectaculaire et semblaient prêts à battre de nouveaux records à mesure que les attentes inflationnistes augmentaient. La grande crainte était que ce phénomène se produise brutalement et se répercute sur les actifs risqués. Malheureusement, c’est exactement ce qui s’est passé: après avoir cassé le seuil technique de 1,20, les bons du Trésor à 10 ans ont ensuite franchi les caps de 1,30, 1,40, 1,50 et ont même brièvement touché 1,60 jeudi dernier avant de se stabiliser dans le haut de la fourchette des 1,40 vendredi matin. Comme mentionné auparavant, cette évolution nous paraît justifiée compte tenu des perspectives économiques très optimistes et de l’éventualité d’une hausse de l'inflation en 2022 et au-delà.

Les ruptures nuisent aux valorisations

Lorsque le risque de marché vient des taux obligataires, nous assistons souvent à une rupture dans les corrélations habituelles du marché et à une forte correction des actifs risqués, ce qui est difficile à comprendre puisque ce sont des perspectives optimistes qui sont à l’origine du problème. Des corrections de ce type dans les actifs à risque peuvent être extrêmement préoccupantes, et c’est ce qui nous arrive actuellement. Certains pourraient qualifier ce repli de salutaire car il est temps de réfléchir aux valorisations, mais la rupture de corrélation n’est pas saine. Et plus elle se prolonge, plus elle est inquiétante. La bonne nouvelle est que ces ruptures ne durent pas longtemps, mais elles peuvent porter préjudice aux valorisations tant qu’elles persistent.

La réunion du FOMC cette semaine offrira à Jerome Powell
une nouvelle occasion de se montrer plus ferme.

Alors combien de temps celle-ci durera-t-elle? C’est évidemment difficile à dire, mais l’envolée des taux a été très brutale et, comme tout le reste dans le cycle actuel, extrêmement rapide. De plus, elle n’est pas souhaitée par les banques centrales car une fois que les fluctuations de taux s’étendent aux actifs risqués, les conditions financières se resserrent de façon indésirable. En conséquence, nous pouvons nous attendre à ce que les banques centrales durcissent le ton dans les jours à venir. Du point de vue de la valeur du marché, nous voyons aujourd’hui des rendements qui ont quasiment atteint nos objectifs de fin d’année à respectivement 1,50 et 2,30 pour les bons du Trésor à 10 et 30 ans, mais nous savons que les marchés tendent à surréagir lorsque nous traversons des périodes comme celle-ci. Nous ne serions donc pas surpris de voir la situation empirer, mais cela pourrait être temporaire.  

Attendre ou saisir les opportunités

Parmi les événements susceptibles de faire revenir le calme sur les marchés, et plus précisément sur les marchés obligataires qui sont la source de ces perturbations, la réunion du FOMC cette semaine offrira au président de la Fed Jerome Powell une nouvelle occasion de se montrer plus ferme et de ramener les rendements à la baisse. La publication des données sur les créations d’emplois hors secteur agricole ce vendredi devrait ensuite étayer les commentaires probables de Jerome Powell sur la situation de l’emploi, mais les chiffres de février seront sans doute impactés par des facteurs météorologiques.  

Il est donc probable que la situation empire, mais les autorités devraient faire de leur mieux pour l’éviter et nous pouvons espérer dès maintenant une action de leur part. Du point de vue du positionnement et compte tenu des fondamentaux actuels, la meilleure solution consiste souvent à attendre patiemment que ces périodes prennent fin – à moins de se montrer très agile – ou à les utiliser comme une opportunité pour ceux qui ont des liquidités disponibles. 

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